Dégradations et vio­lences : les per­son­nels du lycée Roger-Deschaux de Sassenage exercent leur droit de retrait

Dégradations et vio­lences : les per­son­nels du lycée Roger-Deschaux de Sassenage exercent leur droit de retrait

FOCUS – Le lycée Roger-Deschaux de Sassenage garde portes closes depuis le lundi 25 novembre. Face à des inci­vi­li­tés, des dégra­da­tions, des bagarres et des vio­lences à répé­ti­tion, les per­son­nels ont décidé de faire valoir leur droit de retrait. Et demandent au rec­to­rat de Grenoble d’ap­por­ter des solu­tions pour per­mettre aux équipes péda­go­giques d’ac­com­plir leur mis­sion auprès des jeunes dans un cli­mat plus serein.

Cinq conseils de dis­ci­pline depuis la ren­trée et une tren­taine d’ex­clu­sions tem­po­raires, des dégra­da­tions, des insultes, des bagarres, des armes blanches en cir­cu­la­tion… Les per­son­nels du lycée Roger-Deschaux de Sassenage sont à bout. Et ont décidé lundi 25 novembre d’exer­cer leur droit de retrait, face au « dan­ger grave et immi­nent aux­quels ils doivent faire face quo­ti­dien­ne­ment », indiquent-ils dans un com­mu­ni­qué de presse.

En avril 2018, le lycée Roger-Deschaux se battait déjà contre la suppression d'un poste administratif. © Giovanna Crippa - Place Gre'net

En avril 2018, le lycée Roger-Deschaux se bat­tait déjà contre la sup­pres­sion d’un poste admi­nis­tra­tif. © Giovanna Crippa – Place Gre’net

La liste des pro­blèmes est par­ti­cu­liè­re­ment longue, avec plus de 150 inci­dents signa­lés depuis sep­tembre. Et les pro­fes­sion­nels de l’é­ta­blis­se­ment sont sou­mis à rude épreuve. Exemple : le lundi 14 octobre, une bagarre entre deux élèves néces­site cinq adultes pour les sépa­rer. Avec, à la clé, un arrêt de tra­vail pour l’un des assis­tants d’é­du­ca­tion, vic­time de coups. Le len­de­main, mardi 15 octobre, nou­vel arrêt de tra­vail pour une autre AED, suite à des insultes et des menaces verbales…

Le lycée pro­fes­sion­nel Roger-Deschaux en voie de « ghettoïsation » ?

Dernier inci­dent en date, le mer­credi 20 novembre : un élève du lycée est vio­lem­ment passé à tabac devant les portes de l’é­ta­blis­se­ment. Parmi ses agres­seurs, un jeune exclu du lycée lors d’un pré­cé­dent conseil de dis­ci­pline. Trop c’est trop pour le per­son­nel. « Si nous avons exercé notre droit de retrait, c’est pour pro­té­ger nos élèves autant que nous-mêmes », explique à Place Gre’net une ensei­gnante de Roger-Deschaux.

Sortie des cours au lycée Roger-Deschaux © Giovanna Crippa - Place Gre'net

Sortie des cours au lycée Roger-Deschaux. © Giovanna Crippa – Place Gre’net

Comment en est-on arrivé à cette situa­tion ? La pro­fes­seure décrit un lycée en voie de « ghet­toï­sa­tion » depuis 2015, soit l’an­née où l’é­ta­blis­se­ment a cessé d’être lycée poly­va­lent pour deve­nir lycée pro­fes­sion­nel. « Pour beau­coup, les élèves sont ici par défaut, parce que leur dos­sier ne leur per­met pas d’être ailleurs », explique-t-elle. Résultat ? « Des élèves peu moti­vés, qui trans­portent dans le lycée ce qu’ils vivent dans les quar­tiers ».

Pas ques­tion pour autant de stig­ma­ti­ser les jeunes, insiste l’en­sei­gnante. Nombre d’entre eux sont jus­te­ment les pre­miers à souf­frir du cli­mat délé­tère qui règne dans l’é­ta­blis­se­ment. Des cas de har­cè­le­ment sco­laires sont éga­le­ment obser­vés par les équipes édu­ca­tives. La pro­fes­seure fait par ailleurs remar­quer que plu­sieurs parents d’é­lèves ont adressé aux per­son­nels des témoi­gnages de sou­tien face à l’exer­cice de leur droit de retrait.

Le rec­to­rat de Grenoble annonce la réa­li­sa­tion d’un audit

Quelles solu­tions face aux vio­lences et inci­vi­li­tés ? Les per­son­nels demandent à l’Éducation natio­nale deux postes d’AED sup­plé­men­taires, ainsi que la pré­sence d’une assis­tante sociale et d’un psy­cho­logue deux jours et demi par semaine. Une pre­mière réponse, explique la pro­fes­seure. « Évidemment, s’il y a plus de monde pour enca­drer les jeunes, il y aura cer­tai­ne­ment moins de pro­blèmes », consi­dère-t-elle.

Le Rectorat de Grenoble va réaliser un audit dans l'établissement @ Leo Graff - Place Gre'net

Le rec­to­rat de Grenoble va réa­li­ser un audit dans l’é­ta­blis­se­ment. @ Leo Graff – Place Gre’net

Reste que la confi­gu­ra­tion même de l’é­ta­blis­se­ment et son pro­ces­sus de ghet­toï­sa­tion pose un pro­blème plus pro­fond. « Nous n’a­vons pas toutes les solu­tions ! », pré­vient l’en­sei­gnante. Qui refuse de bais­ser les bras : « Nous avons déjà fait plu­sieurs expé­riences péda­go­giques. Il y a des choses qui fonc­tionnent, nous ne sommes pas du tout abat­tus face a ces pro­blèmes… mais on attend des réponses ».

Des réponses du rec­to­rat de Grenoble, en pre­mier lieu. Une délé­ga­tion a ainsi été reçue mer­credi 27 novembre, entre­tien au cours duquel les ser­vices de l’Éducation natio­nale et les per­son­nels se sont mis d’ac­cord sur la réa­li­sa­tion d’un audit. Une reprise des cours est-elle pré­vue ? Non, répond l’en­sei­gnante : « Le droit de retrait est main­tenu jus­qu’à ce que l’on nous pro­pose des solu­tions pour que l’on puisse exer­cer nos mis­sions dans un cli­mat plus serein ».

Florent Mathieu

Florent Mathieu

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