EN BREF — L’affaire ne passe pas inaperçue : une élève du collège Jacques-Prévert d’Heyrieux s’est vu reprocher de porter une tenue indécente. En cause ? Un jean et un débardeur. Après une vidéo postée par la mère de l’adolescente sur YouTube et une nouvelle convocation pour port d’un pull laissant apparaître une épaule, la jeune fille semble dans le collimateur de l’établissement qui a engagé une procédure disciplinaire à son encontre.
« On met dans la tête de nos jeunes filles que porter un débardeur, un pull où l’on voit son épaule, c’est indécent ! » Marion ne décolère pas : sa fille Lola est dans le collimateur de la direction du collège public Jacques-Prévert d’Heyrieux (Nord-Isère)… pour avoir porté un débardeur et un jean. Une tenue jugée « indécente » par deux surveillantes de l’établissement, qui en ont fait la remarque le 12 septembre à la jeune fille de 14 ans.
Pas question pour Marion de laisser passer cet incident. Dix ans pile après le choc produit par le téléfilm La Journée de la jupe, la maman monte au créneau et poste une vidéo sur Youtube pour dénoncer la situation. Avec, à l’appui, une photographie de la jeune fille dans la fameuse tenue jugée suggestive.
Au final ? Une adolescente de 14 ans en débardeur. Et une connotation ou une volonté érotiques qui semblent pour le moins difficile à établir… mais qui pourrait « déconcentrer les garçons », assure l’établissement à Marion.
Cachez cette épaule que je ne saurais voir
Après un entretien avec la proviseur de l’établissement, Marion explique avoir retiré la vidéo par souci d’apaisement. « On a eu des paroles plutôt rassurantes quant à la tenue vestimentaire », explique-t-elle. Des paroles pourtant trahies dès le lendemain, selon elle : une quarantaine de parents auraient été appelés par l’établissement dans la journée, au motif que leurs filles portaient… des débardeurs, des shorts ou des jupes.
Lola a elle-même été convoquée dans le bureau de la proviseur le 30 septembre. Encore une affaire de débardeur ? Non : un pull manche longue qui dévoile une de ses épaules. Afin de remédier à cet attentat à la pudeur caractérisé, la collégienne a dû passer la matinée… avec la veste de la conseillère principale d’éducation (CPE) sur le dos. Le 5 octobre, un nouveau cran est franchi : la direction du collège indique qu’une procédure disciplinaire est engagée contre Lola.
Une convocation à la gendarmerie
Trop c’est trop pour Marion, qui s’exprime dans une nouvelle vidéo, cette fois toujours en ligne. Dans laquelle elle n’oublie pas de rappeler que Lola a été convoquée à la gendarmerie, la première vidéo ayant fait l’objet d’une plainte. « À 14 ans, se faire convoquer par les gendarmes ça peut faire peur ! », dénonce sa mère. Pour qui la volonté de l’établissement est bien de l’intimider, « pour que cesse la prise de parole sur le problème ».
Quelle réaction côté rectorat ? « On parle d’adolescents, de leur construction, de leur rapport à l’autre et de l’importance du vêtement dans notre société. On est dans un processus éducatif, qui n’est pas mis en place pour stigmatiser ou punir mais pour faire prendre conscience », déclare-t-il à l’AFP, cité par Le Huffington Post.
Et le rectorat de conclure : « Cette histoire a pris une ampleur démesurée. L’essentiel est que cette jeune fille puisse désormais poursuivre sa scolarité sereinement ». Si possible en tenue de religieuse ?