FOCUS – Alors que le chantier d’élargissement de l’A480 bat son plein, les acteurs du projet se sont récemment réunis pour faire le point sur les aménagements et le calendrier des opérations. Si les opposants ne désarment pas, ses partisans se félicitent de leur coopération et des dimensions environnementales de celui-ci. Coup de projecteur sur ce vaste chantier et ses enjeux.
Tout sourire et casque bleu sur la tête, élus locaux et régionaux et représentants d’Area se sont donné rendez-vous le 17 juin dernier pour visiter une partie du chantier de l’A480, sous un ciel ensoleillé.
Trois mois après le début des travaux pour l’élargissement de l’A480 en 2 x 3 voies, ses promoteurs se félicitent du bon déroulement du chantier qui devrait se terminer courant 2022.
Préfecture de l’Isère, Conseil départemental ou Métropole de Grenoble… les élus se sont mis au diapason pour « tous dire la même chose », comme l’a souligné Christophe Ferrari, président de la Métro, ce lundi 17 juin à l’occasion d’une visite du chantier. En l’occurrence, se montrer rassurants quant aux avancées matérielles, juridiques et réglementaires des travaux, suite à leur dernier rendez-vous commun en février dernier.
CALENDRIER DES TRAVAUX
- - 8 juillet – septembre 2019 : déplacement de la bretelle de Catane. Date choisie hors période scolaire, au terme d’une concertation avec les parents d’élèves de l’école Joseph-Vallier et la signature d’une convention avec la municipalité de Grenoble. Le tram C sera coupé pendant l’été entre Vallier-Catane et la rive gauche du Drac, mais les élus s’engagent sur la mise en place de solutions de remplacement.
– Novembre 2019 : début des travaux pour l’installation d’un écran acoustique végétalisé avec des gabions (gros casiers constitué de solides fils de fer tressés et remplis de pierres résistantes au gel) sur 6 km, le long de l’A480 ; et rehaussement (de 6 m à 8 m) de la protection entre le quartier Mistral et l’autoroute.- - Fin 2019 : finalisation de la partie du chantier proche du Synchrotron afin de répondre aux contraintes du projet du Synchrotron ESRF-EBS.
– 2020 : construction de la passerelle « modes doux » au-dessus de l’échangeur du Rondeau et aménagement d’une promenade sur les berges du Drac.
Les eaux de ruissellement seront traitées avant d’être rejetées
Lors de cette visite, les représentants d’Area ont évoqué avec insistance les avancées environnementales liées au projet. À commencer par la récupération des eaux de ruissellement grâce à des vannes automatisées contrôlées par les ordinateurs d’Area. De quoi gérer le stockage, le traitement et l’écoulement des eaux.
Afin de ne pas occuper d’espace supplémentaire le long de l’A480, la société traitera par ailleurs les eaux de ruissellement dans des bassins situés au-dessous de l’autoroute. Des opérations qui visent à reverser des eaux “propres” dans le Drac et ainsi à réduire la pollution de cet affluent de l’Isère.
Un mur acoustique long de 6 kilomètres
Autre chantier majeur de l’élargissement : la création d’un mur acoustique en gabion végétalisé (cf. encadré ci-dessus) afin de pallier la pollution sonore produite par le trafic routier. De fait, seuls 900 mètres sont actuellement protégés par un écran anti-bruit sur la bordure entre l’A480 et les habitations.
Afin de répondre aux inquiétudes des riverains, Area et les élus vont donc agrandir ce mur à 6 km (presque la moitié de l’A480) autour de l’échangeur des Martyrs. Sans compter l’installation d’un revêtement de chaussée phonique.
L’élargissement de l’autoroute sera en outre l’occasion de « réhabiliter » l’école Vallier » et de re-végétaliser le parc du même nom, se félicitent les intervenants. Et ce alors que l’école ne faisait pas partie du plan de réhabilitation prévu par la municipalité, rappellent-ils.
Pour finir, les opérateurs ont prévu la plantation de 50 000 arbres en bordure de l’autoroute, dans l’espoir de réduire la pollution atmosphérique liée au trafic routier.
Fluidité pour les usagers et qualité de vie pour les riverains
L’ampleur des problèmes de circulation sur l’A480 (100 000 voitures/jour) et la durée des bouchons pour les usagers effectuant des migrations pendulaires n’ont cessé de s’accroître ces dernières années. L’élargissement à 2 x 3 voies devrait donc permettre, selon ses partisans, une circulation fluide et apaisée autour et à l’intérieur de Grenoble.
Pour Christophe Ferrari, cette fluidité accrue pour les usagers doit impérativement aller de pair avec une meilleure qualité de vie des riverains même si ceux-ci n’ont pas été parties prenantes du projet. Et ce dernier n’a pas manqué de rappeler que la Métropole participait à l’aménagement de l’autoroute à hauteur de 3 millions d’euros. Un chiffre toutefois à mettre en rapport avec les 300 millions investis par Area.
L’élargissement de l’A480 s’accompagne aussi de l’aménagement de l’échangeur du Rondeau afin de réduire l’entrecroisement des flux entre ce dernier et celui de la Libération. Pour ce faire, une partie de la RN87 sera couverte à partir du second semestre 2020. De quoi mieux drainer les flux routiers. Cette partie souterraine servira aux « longs » déplacements, tandis que la partie extérieure drainera les trajets locaux.
Une meilleure accessibilité à la presqu’île et la rive gauche du Drac
« Ce projet [intégrant le déplacement de la bretelle d’autoroute de Catane, ndlr] c’est une bénédiction pour nous », affirme un élu à la voirie fontainois qui attend la mise en place du projet depuis des années. « Pour aller à Lyon, on est obligés de passer par Grenoble, on est enclavés ! », ajoute-t-il.
La construction d’un deuxième pont sur l’échangeur du Vercors devrait en effet désengorger le cœur de Grenoble, fluidifier la circulation et désenclaver la rive gauche du Drac.
Sans compter l’aménagement d’une passerelle « mobilité douce » destinée à faire cohabiter deux roues et piétons.
Pas de quoi convaincre les détracteurs du projet qui dénoncent une augmentation inévitable de la circulation, et donc de la pollution, en raison de la fluidification du trafic. Et pour cause, les porteurs du projet ont eux-mêmes prévu une augmentation de 8 % de la consommation de carburant (notamment diesel), suite aux travaux d’élargissement…
Nina Soudre
DES TRAVAUX TOUJOURS SUJETS À CONTROVERSES
Si l’auto-satisfaction régnait chez les promoteurs de l’élargissement de l’A480, ses détracteurs contestent toujours ce projet sur le fond et sur la forme. La Frapna a notamment porté plainte, considérant illégale une partie du défrichage déjà réalisée entre Catane et le Viaduc de l’Isère. Ce recours visant à empêcher la tenue du chantier a été rejetéa mais la justice doit désormais examiner les recours au fond de l’Association de protection de la nature.
Quant aux déviations de pistes cyclables, l’ADTC avait dénoncé les problèmes de sécurité qu’elles posaient pour les cyclistes, en avril dernier. Un sujet qui n’a pas été évoqué par Area ni les élus présents. Ces derniers se sont contentés de se féliciter de n’avoir fermé les pistes cyclables reliant Grenoble à la rive gauche de l’Isère que trois semaines, sur les neuf mois prévus pour la durée des travaux.
Enfin, de vives critiques sur l’esthétique du projet ont vu le jour depuis sa présentation au public. Mais les élus ont réponse à tout : pour améliorer la « qualité paysagère », il est prévu d’aménager une promenade le long des berges du Drac et d’installer un belvédère avec un point de vue sur Grenoble… et l’autoroute.