REPORTAGE VIDÉO - Une dizaine de militants pour le climat d'ANV-Cop21 se sont emparés d'un portrait d'Emmanuel Macron à la mairie de Poisat pour le “réquisitionner”, ce mercredi 3 avril. L'objectif de cette opération coup de poing intitulée « Sortons Macron » ? Alerter le gouvernement afin qu'il prenne des mesures radicales contre le réchauffement climatique.
Une petite dizaine d'activistes de la branche Action non violente - Cop21 (ANV-Cop21) d'Alternatiba Grenoble sortent précipitamment de la mairie de Poisat, ce mercredi 3 avril vers 14 heures. L'un d'entre eux tient entre ses mains un portrait d'Emmanuel Macron, tout juste dérobé au nez et à la barbe des quelques agents présents dans les locaux.
D'autres brandissent des banderoles portant différents messages : « Climat, justice sociale : où est Macron ? » ou encore « Climat, justice sociale, sortons Macron ! » Cette action de “réquisition” nommée « Sortons Macron ! » est la trentième opération de désobéissance citoyenne pour l'urgence climatique à se dérouler en France.
Dénoncer "la passivité" d’Emmanuel Macron face à l’urgence climatique et sociale
En tout cas, de quoi faire réagir les pouvoirs publics, qui ont fermement condamné ces coups de force qu'ils considèrent comme des vols. Des militants ont été placés en garde à vue pour vol en réunion, tandis que des journalistes couvrant ces actions ont été convoqués par la gendarmerie, s'indigne le SNJ.
Il n'en fallait pas plus pour que les militants altermondialistes appellent à généraliser de telles “réquisitions” sur la France entière. L'objectif de ces opérations coup de poing ? Ni plus ni moins que « dénoncer la passivité et l'inaction du gouvernement et d’Emmanuel Macron face à l’urgence climatique et sociale ».
Une manière de « laisser dans chaque mairie ce vide illustrant si bien sa politique réelle », taclent les militants.
« C'est une réquisition, ce n'est pas un vol ! »
« C'est une réquisition, ce n'est pas un vol ! Les engagements de la Cop 21 non tenus sont beaucoup plus problématiques que le décrochage d'un tableau qui coûte huit euros », réfute l'un des militants. Qui rappelle le procès – l'Affaire du siècle – intenté à l'État pour « inaction climatique » par quatre ONG, le 18 décembre dernier. « Nous restituerons les portraits dès que le gouvernement aura pris les mesures qu'il faut », déclare-t-il, péremptoire.
« C'est un acte assez violent par rapport à la commune », juge le maire de Poisat
Autant dire que pour Ludovic Bustos, le maire de Poisat, absent lors de l'opération, la surprise a été totale. « Ce ne sont pas des pratiques ! J'aurais voulu discuter avec eux. Nous sommes dans un lieu de République, de démocratie. J'ai ma propre opinion mais il y a un minimum de respect à avoir », déclare l'élu. Ce dernier aurait bien voulu récupérer le portrait « pour le remettre dans la symbolique de la salle du conseil municipal », mais les militants étaient déjà loin.
Sur le fond, concernant la lutte contre le réchauffement climatique, l'élu dit être d'accord avec les activistes. « Oui, il y a urgence à agir », affirme-t-il. Mais pour ce qui est de la forme employée par les défenseurs du climat, le maire de Poisat est plus qu'outré. « Je trouve que c'est un acte assez violent par rapport à la commune. Ce n'est pas très fair play. Je suis assez choqué », ajoute-t-il.
Ludovic Bustos est revenu à la charge un peu plus tard via son compte Facebook. S'adressant à ses administrés mais aussi aux militants, il s'exprime longuement sur « ce "merveilleux" mercredi après midi » qu'ils lui ont fait passer. Et leur donne rendez-vous ce jeudi 4 avril à 10 heures en mairie de Poisat.
« J'y serai pour dialoguer avec vous et que vous puissiez remettre [le portrait] en place », leur-propose-t-il. S'ils venaient à décliner l'invitation ? « Avec regret, je serai dans l'obligation de déposer une plainte […] D'après les photos, certaines têtes ne me sont pas étrangères », les prévient Ludovic Bustos.
Joël Kermabon