REPORTAGE VIDÉO - Six syndicats de la fonction publique ont organisé, ce mercredi 27 mars, un rassemblement devant la permanence d'Émilie Chalas. Leur principale revendication ? Le retrait du projet de loi de transformation de la fonction publique dont elle est rapporteure, présenté le jour même en conseil des ministres. Avec ce texte, qui prévoit notamment la suppression de 120 000 postes, les syndicats craignent pour leurs droits et la dégradation des services publics.
Ils étaient une trentaine de syndicalistes rassemblés devant la permanence d'Émilie Chalas, députée LREM, ce mercredi 27 mars. Un rassemblement à l'appel d'une intersyndicale regroupant six syndicats* de la fonction publique, le jour même de la présentation devant le conseil des ministres du projet de loi de transformation de la fonction publique dont l'élue est la rapporteure.
Cette réforme, les syndicats n'en veulent pas. Ils accusent le gouvernement de pratiquer un double langage, en prônant la modernisation de la fonction publique et le respect des agents publics, « [ce] alors même qu’il ne revalorise pas leur rémunération, qu’il supprime des postes et veut affaiblir leurs droits et garanties », fustigent-ils.
La suppression de 120 000 postes et une « casse du statut »
Les syndicats redoutent les effets d'un texte de loi qui prévoit notamment la suppression de 120 000 postes et un recours jugé « massif » à la contractualisation. Une « casse du statut » dont ils tenaient à s'entretenir avec Émilie Chalas, la soupçonnant de vouloir « dynamiter la fonction publique ».
Dans les mémoires syndicales, demeure le souvenir d'une déclaration de l'élue. « Nous aurons le courage de percuter le mode de fonctionnement des syndicats », avait-elle affirmé.
Autant dire que la pilule n'est pas passée. L'objectif principal des organisations syndicales ? Exiger du gouvernement « qu'il retire ce projet de loi et qu'il ouvre enfin des négociations sur de nouvelles bases ».
Une permanence parlementaire verrouillée par la police
Sauf que le scénario “idéal” imaginé par l'intersyndicale iséroise n'a pas pu se dérouler comme prévu. Et pour cause, la députée était à Paris et sa permanence parlementaire, verrouillée par la police, totalement inaccessible. Au final, seuls des représentants de l'Unsa et de la CFDT ont accepté qu'un assistant parlementaire les reçoive. Quant aux autres syndicats présents, ils ont décliné poliment mais fermement son offre.
« Des créations de postes plutôt que les suppressions d’emplois envisagées »
Cette levée de boucliers des syndicats ne date pas d'hier. Depuis de nombreux mois, exposent-ils, « [nous constatons] que le pouvoir exécutif poursuit une politique néfaste pour la population, pour les missions publiques et pour les agents ». Et ce n'est pas faute d'avoir exposé, au fil du temps, leurs revendications et formulé nombre de propositions alternatives, soulignent-ils.
Que réclament, outre le retrait de la loi, les personnels et leurs organisations ? Notamment, « le dégel de la valeur du point d’indice et une augmentation des salaires et des pensions ». Ce qui permettrait, estiment les organisations syndicales, un rattrapage substantiel du pouvoir d’achat.
Ensuite, autre point clé, « des créations de postes plutôt que les suppressions d’emplois envisagées ». Sans oublier l'arrêt du recours à la précarité, la titularisation massive des agents précaires, ainsi que la suppression du jour de carence.
« Une loi dont nombre de dispositions ont une portée très grave »
Alors que se déroulait cette action devant sa permanence, Émilie Chalas intervenait à l'Assemblée nationale dans le cadre des questions aux gouvernement. Non sans avoir auparavant réagi au projet de rassemblement syndical.
Projet de loi "relatif à la transformation de la #fonctionpublique" : @EmilieCChalas demande des précisions au gouvernement sur ce texte "attendu de longue date par les employeurs publics, les agents publics et les usagers du service public". #DirectAN #QAG pic.twitter.com/QlWY5hFjtA
— LCP (@LCP) 27 mars 2019
Toujours est-il que le gouvernement compte bien faire adopter ce texte par le Parlement d’ici l’été. « Une loi dite de transformation de la fonction publique dont nombre de dispositions ont une portée très grave. Tant pour les agents et les citoyens que pour l’avenir de la fonction publique », alertent les syndicats.
Joël Kermabon
- * CFDT, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA