FOCUS – Le renouveau du quartier de l’Esplanade à Grenoble va bon train. Au nord du quartier en requalification, sur l’îlot Peugeot, deux nouveaux immeubles, route de Lyon sont fraîchement sortis de terre. Les habitants ont pris leurs marques. Les principaux acteurs politiques et économiques du projet sont satisfaits des premiers résultats. Seule ombre au tableau : les ateliers municipaux voués à la démolition grèvent quelque peu la commercialisation d’une partie du programme.
Au pied de la Bastille, deux cents nouveaux habitants ont emménagé, il y a peu, sur le quartier de l’Esplanade, en cours de requalification.
Un site d’exception, où « chaque logement dispose d’une vue sur les montagnes », se félicite le maître d’œuvre.
« On peut quasiment toucher du doigt la Chartreuse », renchérit Vincent Fristot, adjoint à l’urbanisme et à la transition énergétique de la commune de Grenoble.
Un projet urbain revu et corrigé par le maire écologiste
« C’est un nouvel élan pour ce quartier qui n’avait pas connu de constructions depuis longtemps », fait pour sa part remarquer Maryvonne Boileau, présidente de Grenoble Habitat, maître d’ouvrage de l’un des deux immeubles inaugurés.
« Ce projet représente ce que nous voulons faire dans le Plan local d’urbanisme intercommunal, où il s’agit d’économiser le foncier […] et de faire de la mixité sociale […] », se félicite à son tour Christine Garnier, vice-présidente déléguée à l’habitat, au logement et à la politique foncière à Grenoble-Alpes Métropole.
Quant à Eric Piolle, le maire de Grenoble, il tient à rappeler le rôle qu’a joué sa majorité dans les choix des nouvelles orientations de ce quartier. « En 2014, à notre arrivée [aux commandes de la Ville, ndlr], nous avons revu ce projet. Nous avons mis fin au projet d’une tour de 100 mètres de haut. Nous avons changé de philosophie […] La grande Esplanade sera préservée, les berges seront reconquises d’ici dix à quinze ans… Nous travaillons sur les îlots urbains de chaleur, la qualité de l’air […] On espère que la RN481 deviendra un boulevard urbain qu’il sera possible de traverser. »
Géothermie, bois, isolation « ultra renforcée »…
Situé sur l’un des angles de l’îlot Peugeot, l’immeuble numéro 59 géré par Grenoble Habitat compte trente logements en locatif social. Tandis que son voisin en dénombre 39 en locatif privé. Ces derniers ont très vite trouvé preneurs. « C’est un succès auquel nous ne nous attendions pas », reconnaît Jean-Louis Féry, l’un des investisseurs de la foncière lyonnaise.
La foncière Bellecour Participation est, du reste, associée à Grenoble Habitat dans la société civile immobilière (SCI) qui pilote tout le projet « îlot Peugeot ». Un type de montage auquel est coutumier le bailleur, a indiqué Maryvonne Boileau lors de l’inauguration des bâtiments.
Les deux premiers immeubles de l’îlot Peugeot présentent par ailleurs de nombreux points communs. Tous deux font sept étages et disposent de volets et loggia en bois (non local) et de locaux d’activité au rez-de-chaussée.
Sur le plan énergétique, les charges devraient être limitées, grâce à un « système d’isolation ultra renforcé », souligne le maître d’œuvre.
Le chauffage et la climatisation seront par ailleurs approvisionnés par géothermie. Tout comme l’ensemble du quartier de l’Esplanade, à l’instar de l’écocité Presqu’île.
Les investisseurs privés inquiets pour la commercialisation en cours
Au demeurant, les loyers modérés participent pour une bonne part à l’attractivité du secteur. C’est en particulier vrai pour l’immeuble de locatif privé du 59, où les loyers dits intermédiaires sont plafonnés de 15 à 20 % en-dessous des prix du marché. Il faut ainsi compter 640 euros environ pour un T3.
Le même logement dans l’immeuble voisin d’habitat social se loue à 490 euros. D’ici 2020, devraient encore être livrés huit immeubles, soit 238 logements, ainsi que 770 m2 d’activités commerciales, 192 places de stationnement… Le tout sur un tènement dont la forme triangulaire a visiblement donné du fil à retordre aux architectes.
Globalement satisfaits de la mise en œuvre du chantier et des constructions réalisées, les investisseurs de la foncière lyonnaise montrent néanmoins quelques signes d’impatience. Il leur tarde que la Ville se décide à démolir les ateliers municipaux jouxtant l’îlot Peugeot, situés à environ 3 mètres d’appartements en construction.
Ces logements doivent être livrés cette année mais, en l’état, les particuliers se montrent frileux pour acheter. « La commercialisation n’est pas possible avec un tel voisinage ! », s’indigne Jean-Louis Féry. Quoi qu’il en soit, le calendrier communal n’est pas calé sur celui des investisseurs. La Ville n’a pas prévu le départ des ateliers municipaux… avant 2021.
Séverine Cattiaux