FIL INFO – La Ville de Grenoble contribuera, a minima, au grand débat national voulu par Emmanuel Macron. Mise à disposition jusqu’au 15 mars de « cahiers de doléances et de solutions » et de salles municipales pour les organisateurs de débat… Inutile de s’impliquer davantage dans cette aventure vouée à l’échec. Telle semble être l’analyse des élus de la majorité Rassemblement citoyen solidaire écologiste (RCSE).
En réponse à la crise des gilets jaunes, le grand débat national à l’initiative de l’État vient de démarrer.
Son objectif ? Permettre aux citoyens de s’exprimer durant trois mois sur la transition écologique, la fiscalité et les services publics, l’évolution du débat démocratique ou encore l’immigration. Tous les acteurs locaux, en particulier les maires des communes, sont invités à y participer.
La mairie de Grenoble a, de son côté, fait savoir dans un communiqué qu’elle entendait faciliter les débats mais qu’elle n’en organiserait pas de son propre chef. Par contre, les collectifs et associations pourront s’adresser à la Ville pour bénéficier de salles municipales prêtées gracieusement, « dans le respect de leur disponibilité ».
Les Grenoblois pourront également s’emparer des « cahiers de doléance et de solution » que la mairie met à leur disposition à l’hôtel de ville et dans les maisons des habitants. Les citoyens ont par ailleurs la possibilité de déposer leurs contributions en ligne, sur la plateforme numérique dédiée, à compter du 21 janvier.
La neutralité du débat en question
Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale, et Eric Piolle, maire de Grenoble. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
Destiné à renouer la confiance avec une large part de la population, notamment constituée des gilets jaunes, très à cran et remontée contre les injustices sociales et fiscales, ce grand débat va-t-il seulement faire bouger les lignes ?
Rien n’est moins sûr, redoute Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale. L’élu dénonce en effet l’organisation bancale de ce grand débat, dont la neutralité est sujette à caution.
« Le retrait de la CNDP [commission nationale du débat public, ndlr] n’est pas un bon signe : il interroge la neutralité du débat », commente l’adjoint, qui plus est membre du CNDP.
Leçon de démocratie participative de Pascal Clouaire… à Emmanuel Macron
Par ailleurs, alors que la grande concertation est lancée, les « principes fondamentaux » auxquels doit se conformer tout débat public ne sont pas réunis, pointe l’adjoint. Manquent ainsi à l’appel les garanties de « transparence » d’ « accès aux informations », d’ « égalité de traitement » et d’ « égalité d’accès au débat ».
Le gouvernement n’a, selon Pascal Clouaire, même pas pris soin de clarifier, dès le lancement du débat, comment seront traitées les contributions et ce qu’il fera des conclusions. Grossière erreur, juge-t-il.
La Ville de Grenoble en sait quelque chose pour s’en être mordu les doigts, déclare, entre les lignes, Pascal Clouaire.
« C’est d’ailleurs dans le respect de ces valeurs que la Ville a construit son guide de la participation citoyenne », lance l’adjoint, donnant ainsi au passage une leçon de démocratie participative à Emmanuel Macron.
« L’acte 1 d’un processus constituant » ?
En revanche, les élus de la majorité de la Ville de Grenoble sont persuadés d’une chose. Ce grand débat national très mal engagé ne pourrait être au mieux que « l’acte 1 d’un processus constituant ». Mais pas sûr que le gouvernement l’ait, lui, envisagé de la sorte… Car l’adjoint à la démocratie locale prévient : « Au-delà de la crise sociale en cours, notre pays fait face à une vraie crise de régime. »
SC