FOCUS – Loran Stahl signe sa première programmation à La Source de Fontaine. Le nouveau programmateur de la salle de concert fontainoise a présenté sa copie pour les mois de janvier à avril 2019. Une « saison de transition » qui reste dans les traces de son prédécesseur.
Loran Stahl, lorsqu’il était responsable de la programmation du Cabaret frappé. © Joël Kermabon – Place Gre’net
On savait que La Source, la salle de concert fontainoise, avait un nouveau programmateur en la personne de Loran Stahl depuis septembre 2018. Mais on n’avait pas encore pu juger de son travail.
La programmation de septembre à décembre 2018 demeurait en effet l’héritage laissé par son prédécesseur. Jean-François Braun, l’ancien directeur et programmateur, était aux manettes de l’équipement depuis son ouverture en 2010.
Et c’est peu dire que l’homme était respecté dans le milieu culturel grenoblois. Sa programmation, toujours impeccable, tant du point de vue de l’éclectisme que de la qualité, y était pour beaucoup.
Prendre sa suite n’est donc pas une mince affaire. Loran Stahl, lui aussi très connu dans le paysage culturel local – il a été responsable de la programmation du Cabaret frappé, le festival estival grenoblois, pendant quatorze ans – est donc attendu.
Des choix consensuels, d’autres plus clivants
Première date annoncée ? Jules Box et son « spectacle interactif et transgénérationnel, hommage à la chanson francophone de 1950 à 2017 », jeudi 17 janvier 2019. « C’est une proposition centrée sur le rire. C’est important de prendre le contre-pied de notre époque et de se rassembler », explique le nouveau programmateur de La Source.
De fait, la proposition est légère, fondée sur un patrimoine de chansons que tous connaissent. C’est très rassembleur pour ne pas dire consensuel. Si toutes les propositions, fussent-elles aussi sympathiques, étaient de cet acabit, on pourrait regretter l’audace de l’ancien programmateur. Mais, heureusement, il n’en est rien.
La preuve ? Aux antipodes, la très punk Virginie Despentes vient lire du Pier Paolo Pasolini aux côtés de la comédienne Béatrice Dalle. Le tout sur la musique post rock du groupe Zëro. La subversion de l’auteur italien rassure d’emblée sur la capacité de la salle à accueillir une offre de spectacles toujours aussi large.
L’éclectisme toujours au rendez-vous
Musicalement, l’éclectisme et la qualité sont toujours au rendez-vous. Voici quelques-uns de nos coups de cœur. Le groupe grenoblois Mum’s i’d like to surf fait de plus en plus parler de lui grâce à sa “surf music” ultra-efficace sur scène. Musique entièrement instrumentale, elle s’appuie avant tout sur le rythme et sa capacité à faire bouger ses auditeurs.
Côté découverte, on citera Adam Naas. « On le programme pile au bon moment avant que ça n’explose », se félicite Loran Stahl. Le jeune artiste de 26 ans produit une soul très attachante et très sensuelle. Sa palette vocale lui permet une intensité qui procure assez rapidement le frisson.
Dans le cadre du festival Détours de Babel, la salle accueille par ailleurs le pianiste Christophe Chassol. Qui sait si bien rendre accessible la musique contemporaine, grâce à une démarche souvent ludique et une maîtrise impressionnante de son sujet. Il rejoue ici deux pièces : Indiamore et Six pianos.
La première a été composée à partir de voix et de sons enregistrés lors d’un voyage en Inde. La seconde est une œuvre du compositeur de musique Steeve Reich, qu’admire énormément Chassol. Dans les deux cas, la vidéo donne à ce spectacle des allures de performances audiovisuelles. C’est pointu mais c’est aussi abordable !
Adèle Duminy