FOCUS – « Yea ! », c’est le nom du nouveau service de Citiz Alpes Loire, le réseau de voitures en autopartage. Muni d’un badge, l’autopartageur va pouvoir à tout moment, sans réservation, emprunter une des vingt Smart rouge en libre accès sur Grenoble et La Tronche. En prime, le stationnement des véhicules Yea est gratuit sur ces deux communes.
Après le dispositif innovant Ma chère auto, le réseau Citiz Alpes Loire lance le service Yea ! sur Grenoble et La Tronche. Si ces deux communes font partie des pionniers du nouveau service, elles arrivent toutefois après Montpellier, Bordeaux, Lyon, Strasbourg et Toulouse, qui l’ont déjà adopté. De quoi s’agit-il ? De vingt nouvelles voitures rouges quatre places de la marque Smart stationnées sur un périmètre de 11 km2, aussi bien à Grenoble qu’à La Tronche.
Muni de son smartphone, sur lequel il a téléchargé l’application idoine, l’abonné [lire encadré] au réseau Citiz repère la smart rouge Yea la plus proche de là où il se trouve. Il peut la réserver jusqu’à une demi-heure à l’avance, ce qui lui laisse largement le temps de marcher pour rejoindre le véhicule en question. Au demeurant, il suffira à un abonné de Citiz de passer devant une smart Yea pour déclencher son ouverture avec son badge et sauter dedans.
« Le risque est que tout le monde utilise à présent ces voitures »
« C’est du libre service intégral, fait pour de la spontanéité, de l’impulsion, du dépannage ! », s’enthousiasme Martin Lesage, directeur général de Citiz Alpes-Loire, très confiant en l’avenir du dispositif. Il faut dire que le service Yea ! libère l’autopartageur d’un certain nombre de contraintes.
Aspect particulièrement intéressant : l’utilisateur d’une voiture Yea peut l’utiliser autant de temps qu’il en a envie et la redéposer n’importe où, dès lors qu’il la rapatrie sur son périmètre d’origine. Une application installée sur le tableau de bord le guide pour y parvenir. Cerise sur le gâteau, les utilisateurs de la Yea bénéficient d’une gratuité de stationnement complète, où qu’ils se garent, à Grenoble et à la Tronche.
« Le risque est que tout le monde utilise à présent ces voitures », plaisante Bertrand Spindler, maire de La Tronche, qui rappelle au passage que sa commune vient d’étendre sa zone de stationnement payant aux abords du CHU. Par suite, « la commune ne percevrait plus de recettes issues du stationnement », poursuit-il sur un ton amusé, exagérant un tant soit peu les effets du service.
« Un mode de mobilité adapté aux enjeux environnementaux »
À terme, Citiz Alpes Loire entend constituer une flotte de cent voitures Yea sur le périmètre de toute la métropole grenobloise. Les premières Smart mises à disposition dans le cadre de l’opération sont certes à essence, mais « extrêmement performantes en terme de qualité de l’air », tient à souligne Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole.
Les prochaines voitures pourraient rouler au GNV ou à l’électricité, annonce-t-il.
Avec ce type de service, Martin Lesage estime toucher de nouveaux utilisateurs : les 35 – 45 ans, soit un public plus jeune que celui qui utilise le service d’autopartage Citiz sur réservation.
« C’est un mode de mobilité adapté aux enjeux environnementaux », se félicite de son côté le maire de Grenoble Eric Piolle. « Il démontre aussi que la voiture n’est pas une solution à bannir et qu’elle peut se réinventer. » Le maire dit pour sa part avoir « lâché la sienne depuis trois ans ».
Séverine Cattiaux
YEA ! : COMMENT ÇA MARCHE ET COMBIEN ÇA COÛTE ?
Intéressé(e) par le service Yea ? Avant toute chose, il faut s’inscrire à Citiz. Ensuite, trois formules tarifaires au mois sont proposées selon les besoins (mini, fréquence, classique).
Ces abonnements sont valables pour l’ensemble des voitures Citiz, Ma chère auto et Yea ! à Grenoble, La Tronche et partout en France où le réseau Citiz est implanté.
Pour plus de dix heures d’utilisation, l’abonnement « fréquence » sera la plus économique. Ce dernier revient à 16 euros ou à 8 euros par mois pour les utilisateurs d’une carte de transport en commun.
Bien entendu, en supplément de son abonnement, l’utilisateur d’une voiture Yea paye chaque fois son prêt de voiture en proportion du temps de la location et des kilomètres parcourus. Pratique, le simulateur de tarifs automatiques de Citiz Alpes Loire permet d’y voir plus clair…
CITIZ ALPES LOIRE, UN BUSINESS QUI TIENT LA ROUTE
Les affaires roulent plutôt bien pour le réseau d’autopartage Citiz Alpes Loire. Il s’agit aujourd’hui d’un des deux seuls prestataires d’autopartage à avoir trouvé son équilibre économique, selon Yann Mongaburu, président du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de la Métropole grenobloise et membre du Groupement des autorités responsables de transport (Gart).
Pour la première fois, le réseau a été bénéficiaire en 2017, indique en effet Martin Lesage, directeur de Citiz Alpes Loire.
Le SMTC vient par ailleurs d’entrer dans le capital de la Société coopérative d’intérêt collectif (Scic), ce qui a permis au réseau d’acquérir vingt nouvelles voitures pour un total de 240 000 euros.
Citiz Alpes Loire compte aujourd’hui 8 000 utilisateurs pour 250 voitures en autopartage. L’objectif du Plan de déplacement urbain (PDU) voté en avril dernier par le SMTC est de doubler l’utilisation de l’autopartage d’ici 2023 sur le territoire métropolitain.