FOCUS – Qui savait que le quartier Malherbe, voisin de la Maison de la culture, a été construit pour les Jeux olympiques de 1968 à Grenoble ? Après les commémorations du cinquantenaire des JO, et les festivités de ce samedi 10 mars dans le quartier Malherbe et au Centre œcuménique Saint-Marc, nul ne pourra plus l’ignorer. Par la même occasion,
les organisateurs espèrent raviver la flamme du vivre-ensemble.
« Il y a plus de cinquante ans, ici, il y avait des champs », rappelle Jean-Marc Roselli, président de l’Union des habitants du quartier Malherbe.
C’est l’organisation des Jeux olympiques de l’hiver 1968 qui a précipité la construction de cet ensemble d’immeubles homogènes formant le quartier Malherbe.
À l’origine, il héberge les quelque 1 500 journalistes qui couvrent l’événement sportif planétaire. Jean-Marc Roselli rapporte une anecdote : « Les photographes développaient leurs photos dans les baignoires : les premiers habitants ont dû toutes les changer ! » En 1968, est également inauguré, dans le quartier Malherbe même, le nouveau centre œcuménique Saint-Marc. « C’est sous l’impulsion de l’événement des Jeux olympiques que l’église catholique et le temple protestant décident de se regrouper », relate le prêtre Philippe Mouy.
« Entretenir la passion du plus haut et le goût de l’ouverture à l’autre »
Pour fêter ce double anniversaire, ce samedi 10 mars, le quartier Malherbe va mettre les petits plats dans les grands. Dès 11 heures, ce samedi, les temps forts vont s’enchaîner : expositions, buffet, animations, « courseton »…
Au cœur de l’après-midi, la montagne, le goût de l’effort et l’entraide seront abordés dans le même temps, avec l’intervention d’associations – La Joëlette, Point d’eau, etc. – qui emmènent des personnes handicapées ou démunis en montagne.
Enfin, sur les coups de 17 heures, une table ronde démarrera sur ce thème, énoncé sous forme de question : « La Montagne : un lieu qui nous élève et nous unit ? », avec la participation de nombreux intervenants tels que Pierre Frappat, ancien professeur d’économie, journaliste et ancien élu de l’équipe Dubedout, et l’ex-maire PS de Grenoble Michel Destot, le plus célèbre des habitants du quartier Malherbe, par ailleurs passionné d’alpinisme.
À l’initiative de cette journée ? L’Union des habitants du quartier Malherbe et le centre œcuménique Saint-Marc, qui accueille la plus grande partie de la manifestation, et notamment à 14 heures, son « forum » intitulé « La vie du centre et l’œcuménisme hier et aujourd’hui à Saint-Marc ».
Dans leur communiqué de presse, les organisateurs formulent le vœu de faire de cette journée, un « choc optimiste » capable d’entretenir la passion du plus haut et le goût de l’ouverture à l’autre ».
La création un « parcours olympique » durable
Les festivités ne durent toutefois qu’un temps, et l’Union des habitants prépare déjà l’après… Capitalisant sur cet événement hors du commun, elle caresse ainsi l’espoir de créer durablement « un parcours olympique » dans le quartier, en faisant poser une série de plaques commémoratives indiquant, ici, l’ancien « centre de l’ORTF », là, le « restaurant gastronomique des journalistes », etc.
Et tant qu’à faire, l’Union voudrait aussi que l’avenue Malherbe soit renommée en « Malherbe olympique ». « Nous sommes fiers de l’origine de ce quartier. Nous souhaiterions que cette histoire porte également les jeunes », tient à dire Jean-Marc Roselli.
« Un quartier où il fait bon vivre […], ce qui n’empêche pas les incivilités »
« On veut profiter de cet événement pour intégrer tous les gens du quartier dans cette histoire », renchérit Michel Hugonin, autre pilier de l’union de quartier. Environ 2 500 familles vivent aujourd’hui à Malherbe, soit environ 10 000 habitants. Une sociologie qui tend à évoluer, avec de nouveaux arrivants issus de plus en plus souvent de milieux populaires. Depuis 2016, le quartier Malherbe a d’ailleurs rejoint les quartiers « prioritaires » de Grenoble*.
« C’est un quartier où il fait bon vivre. Il y a un peu plus de 30 % de logements sociaux, une bonne mixité culturelle, dépeignent les membres de l’Union de quartier Malherbe… Ce qui n’empêche pas les incivilités, des problèmes de voisinage, des voitures qui brûlent, du trafic… », nuancent-ils.
À les entendre, il faut donc veiller au vivre-ensemble comme le lait sur le feu. Ils ne sont pas les seuls à s’en soucier. Il y a un an, une nouvelle association est née, Convivialité Malherbe, qui s’adresse aux plus jeunes…
Séverine Cattiaux
* Les quartiers prioritaires ont été identifiés selon un critère unique, celui du revenu par habitants (1 000 personnes ayant des ressources inférieures à 60 % du revenu médian).
UNE FRESQUE GÉANTE SUR LE THÈME DES JEUX OLYMPIQUES
Le bailleur Grenoble Habitat gère 314 logements sociaux sur le quartier Malherbe. Et lui aussi a voulu marquer l’anniversaire des Jeux olympiques de 1968.
Il a ainsi fait réaliser une fresque murale artistique reconnaissable et emblématique, en collaboration avec les habitants du quartier. L’objectif ? « Créer une synergie entre les habitants et les différents acteurs du projet, afin que chacun se sente impliqué et se reconnaisse dans cette fresque », déclare les responsables de Grenoble Habitat.
Cette œuvre murale d’environ 300 m² sera réalisée au 2 place Charles Dullin, sur le pignon Nord du bâtiment (face à la MC2) et fera 11,30 m de large sur 26,50m de haut. L’artiste A.Fresco dessinera cette fresque durant le premier semestre 2018, à partir des idées et souvenirs recueillis auprès des habitants.