FOCUS – Des films patrimoniaux aux films contemporains, la programmation des Rencontres du cinéma italien (du 18 au 26 novembre) vise à nous faire découvrir les pépites cachées du 7e art de la grande botte. Une manière aussi de démontrer que le cinéma italien est loin d’être moribond, comme nous l’a expliqué Clizia Centorrino, présidente de l’association Dolce cinema, qui organise le festival.
Pour sa 11e édition, le festival Les Rencontres du cinéma italien, du 18 au 26 novembre 2017, met à l’honneur les femmes. « En amont du festival, alors que nous visionnions les films pour constituer notre programmation, nous avons remarqué que ce fil rouge se dessinait via de grands rôles féminins écrits pour ou par des femmes.
C’est vrai aussi que notre équipe est très féminine et que cette thématique des femmes dans le cinéma nous tient à cœur », explique Clizia Centorrino, présidente de l’association Dolce cinema, aux manettes du festival.
De Claudia Cardinale à Anna Magnani : l’image de la femme italienne
Le visuel du festival, d’emblée, fait discrètement écho à un énième épisode engageant l’image des femmes – et quelle femme : Claudia Cardinale. On se souvient de la cure d’amincissement forcée, via Photoshop, que la superbe actrice italienne avait subie sur l’affiche promouvant l’édition 2017 du festival de Cannes.
« Elle symbolise la femme italienne et même la femme en général. Retoucher son image, c’est porter atteinte à cette beauté qui reste pourtant inaltérée dans le temps », se désole Clizia.
L’affiche des Rencontres du cinéma italien de cette année représente la silhouette d’une autre icône du cinéma italien, toutefois moins connue du public français : Anna Magnani. « Nous avons voulu la mettre en avant car, dans ses films, cette actrice s’engageait vraiment politiquement, ce qui est rare. L’onorevole Angelina, de Luigi Zampa [projeté jeudi 30 novembre dans la salle Juliet Berto, ndlr] en est un bon exemple. On y voit la protagoniste, interprétée par Anna Magnani, remettre en cause les tickets de rationnement utilisés par les familles italiennes dans les quartiers populaires de Rome après la seconde Guerre mondiale », explique la présidente de l’association Dolce cinema.
L’âge d’or du cinéma italien : du passé ?
Si le cinéma patrimonial occupe une partie de la programmation des Rencontres du cinéma italien, il n’en constitue pas la spécificité. Ce qui anime d’abord la jeune équipe est le désir de faire découvrir le cinéma italien contemporain au public grenoblois, toutes nationalités confondues.
« Nous privilégions les petites productions, c’est-à-dire les films peu distribués en France et même en Italie », explique Clizia. C’est la vocation première de la catégorie « compétition » de la programmation qui s’ajoute aux catégories « patrimoine » et « panorama ». Cette dernière étant composée de films déjà repérés dans d’autres festivals de cinéma.
Dire du cinéma italien qu’il est en crise : est-ce une aberration ? « Les jeunes réalisateurs italiens d’aujourd’hui sont confrontés à une véritable crise du cinéma, c’est vrai. Mais cette crise est d’ordre économique. Ils ont de plus en plus de mal à produire leurs films et sont obligés de s’expatrier pour certains. Cette crise n’est en aucun cas liée au manque de talent des jeunes cinéastes », analyse la jeune femme.
Les audaces du jeune cinéma italien
« Du côté formel, le cinéma italien connaît une recherche perpétuelle, une volonté manifeste d’apporter quelque chose de nouveau au langage cinématographique, comme on le voit dans la programmation du festival », poursuit Clizia avec enthousiasme avant d’illustrer son propos.
Dans la catégorie « panorama », le film de Leonardo Di Costanzo, L’Intrusa (2017), projeté au cinéma Le Club dimanche 19 et vendredi 24 novembre, s’intéresse à la criminalité qui mine le sud de l’Italie via un point de vue original. « On ne quitte jamais un centre pour enfants défavorisés de la banlieue de Naples. Mais cette criminalité est sans cesse évoquée, sans qu’on la voie, via le point de vue de deux femmes : l’épouse d’un criminel de la Comorra venue trouver refuge dans ce centre et une autre femme, très différente, qui y travaille. »
Autre exemple d’audace cinématographique : le genre documentaire employé dans le cadre très intime du couple. Dans la catégorie « compétition », sera projeté au cinéma Le Club, jeudi 23 et vendredi 24 novembre, le documentaire See you in Texas, de Vito Palmieri. « Le film s’intéresse à un jeune couple de cultivateurs italiens dont la jeune femme doit prendre une décision importante : rester vivre en Italie, à la ferme, ou partir au Texas, assouvir sa passion pour les chevaux. D’un point de vue technique, le film pose la question de l’acceptation de la caméra dans une intimité aussi forte », développe Clizia.
Adèle Duminy
Infos pratiques
Toute la programmation du festival Les Rencontres du cinéma italien sur le site du festival
Du 18 au 26 novembre 2017