FOCUS – Pour l’année 2017 – 2018, les villes de Seyssins et de Seyssinet-Pariset se sont associées pour proposer une saison culturelle commune. Leur défi ? Lancer une collaboration inédite qui, dans un contexte budgétaire contraint, leur permet d’offrir une programmation éclectique et diversifiée… tout en conservant des prix attractifs pour les usagers. Une première en Isère.
Communes situées à quelques kilomètres de distance, Seyssins et Seyssinet-Pariset partagent, cette année, quelque chose de plus que leur bassin de vie. Baisse de dotations oblige, les deux municipalités ont décidé de mutualiser leurs moyens à la fois matériels et humains afin de mettre en place une programmation commune, sans pour autant renoncer à la qualité des formes artistiques proposées.
« Dans un contexte budgétaire difficile, on est souvent confronté à la nécessité de devoir faire un choix dans les services culturels. Généralement, les solutions sont de deux ordres : soit on supprime certains services pour faire des économies, soit on cherche de nouvelles orientations, de nouveaux modes de fonctionnement, permettant de préserver l’offre existante. D’où l’idée de ce partenariat », explique Frédéric Battin, adjoint à la culture de Seyssinet-Pariset.
Qui précise : « L’enjeu principal était de diversifier, voire d’élargir, l’offre culturelle sur notre territoire, avec une maîtrise des coûts et des dépenses. »
Une offre culturelle délocalisée sur cinq lieux
Entre théâtre et cinéma, danse et musique, peinture et photographie, la programmation 2017 – 2018 se place en effet sous le signe de la variété. Au menu, plus de vingt spectacles, dont de nombreuses propositions en direction du jeune public, trois expositions, et même des projections de films et documentaires.
Autant d’évènements qui, s’adressant tant aux Seyssinois qu’aux Seyssinettois, ont pris leurs quartiers dans cinq lieux, repartis sur les deux communes. En l’occurrence, sur le périmètre seyssinois, l’église Saint-Martin, destinée à accueillir un concert classique, l’Espace Victor-Schoelcher, où se déroulent nombre de rencontres cinématographiques et musicales, ou encore le centre culturel Montrigaud qui, depuis le vernissage d’Arborescences des sculpteurs Stéphane Szendy et Pierre Martin, a pris des allures de salle d’exposition.
Le spectacle vivant sera, lui, présenté dans la salle polyvalente Le Prisme, à Seyssins, ainsi qu’à L’Ilyade, à Seyssinet-Pariset. Toutes deux verront se produire sur leurs plateaux des compagnies d’artistes provenant de toute la France.
« Tout le monde est gagnant »
Dans cette perspective de partage et de mise en commun des espaces culturels, « tout le monde est gagnant », affirme Délia Moroté, première adjointe en charge de la culture et du patrimoine à la ville de Seyssins.
D’après cette dernière, en effet, au fil de la saison 2017 – 2018, les habitants de Seyssinet-Pariset pourront bénéficier d’une programmation plus large en matière de cinéma, d’expositions et de musique classique. Les familles seyssinoises, en revanche, auront l’occasion de découvrir davantage le théâtre jeune public.
« Les habitants semblent avoir déjà saisi et intégré le fonctionnement de cette programmation commune », se félicite Délia Moroté.
Le principe est, d’ailleurs, simple. Deux villes, une seule saison, une seule billetterie – à savoir, celle de l’Ilyade –, mais aussi une seule grille tarifaire. Les prochains défis ? « Ouvrir ce projet à une dimension métropolitaine », explique l’élue. « En fait, notre ambition est de nous faire identifier de manière plus large sur le territoire de l’agglomération ».
Entre magie, musique et cirque
Débutée le mardi 3 octobre avec Le carnaval des somnambules, performance de théâtre musical de la Compagnie des Gentils, la saison se poursuit avec une série de propositions variées, pour se clore le 15 mai avec Quatuor Nouveaux Talents, le seul concert de musique classique à l’affiche cette année.
De nombreux temps forts rythmeront cette programmation culturelle commune, encore en phase d’expérimentation. La compagnie Le Phalène s’installera le mardi 14 et le mercredi 15 novembre au Prisme avec sa nouvelle création, Je clique donc je suis, un spectacle de théâtre et magie. À cette occasion, la salle se transformera en café et les spectateurs, assis devant de petites tables, seront invités à garder leur portable… bien allumé ! L’occasion, pour le public, de vivre une expérience interactive, jalonnée de prodiges, coïncidences et superstitions.
Autre moment incontournable : le 30 novembre, le chanteur, rappeur et musicien Gaël Faye se produira sur la scène de L’Ilyade avec Petit Pays, une performance mêlant lectures d’extraits de son roman éponyme et chansons de son répertoire.
Côté cirque, à noter notamment Tentatives d’approche d’un point de suspension, parcours déambulatoire de Yoann Bourgeois et Yurié Tsugawa, et L’effet escargot, de la compagnie Kadavresky. Côté danse, l’équipe de L’Ilyade a aussi pensé aux passionnés de hip-hop et de capoeira en leur donnant rendez-vous, le 6 février, avec La Compagnia Malka et ses Têtes d’affiche.
De la diffusion à l’accompagnement artistique
En plus de la diffusion des spectacles, cette saison 2017 – 2018 se penche sur l’accompagnement à la création artistique. « En disposant d’une multitude d’équipements, les deux communes ont choisi d’ouvrir leurs plateaux aux artistes, pour qu’ils puissent travailler sous forme de résidence », explique Noémi Duez, directrice de L’Ilyade.
Au total, huit projets professionnels seront soutenus au cours de l’année, allant de la représentation circassienne Anatomie du Néant jusqu’aux concerts de Mex et Kumpelkat.
En parallèle, les deux villes s’engagent à mettre en place des parcours d’éducation artistique et culturelle d’élèves de tous âges. Portée en collaboration avec les établissements scolaires, cette initiative ambitionne à faire découvrir aux enfants tout comme aux adolescents seyssinois et seyssinettois le monde du cinéma, de la peinture ou encore de la représentation théâtrale. Une véritable plongée dans l’univers artistique, dans toute sa richesse et diversité.
Giovanna Crippa, correspondante à Seyssins
Un partenariat inédit en Isère
Né de la volonté de Fabrice Hugelé, premier élu de Seyssins, et Marcel Repellin, maire de Seyssinet-Pariset, ce partenariat a été voté à l’unanimité par les conseils municipaux des deux communes.
« À Seyssins comme à Seyssinet-Pariset, la culture est une priorité. Il fallait alors réfléchir à comment travailler ensemble pour que cette dernière prenne toute sa place, sans être reléguée en second plan » précise Délia Moroté, première adjointe en charge de la culture et du patrimoine à la ville de Seyssins.
Et celle-ci de souligner le caractère original d’une telle synergie : « C’est la première fois en Isère que deux collectivités arrivent à collaborer pour une programmation partagée, au-delà des couleurs politiques. » Raison pour laquelle, annonce-t-elle, le conseil départemental de l’Isère a salué avec enthousiasme ce projet, en s’engageant à l’accompagner tout au long de la saison.