REPORTAGE VIDÉO – Pour la troisième année consécutive, la ville de Grenoble a dit « Stop au harcèlement de rue ! » Notamment à travers l’exposition Bulles de rue proposée aux passant sur le parvis de la gare. Sans oublier, sur ce même parvis, un happening animé par la compagnie théâtrale Les fées rosses ce vendredi 19 octobre.
« Tu sais que t’es bonne, toi ? », « Tu me donnes ton 06 ? » ou encore « Hé ! Ça te tente un mec au menu ? » Voilà quelques-unes des sollicitations verbales – parmi les moins graveleuses – que peuvent entendre les femmes au cours de leurs déplacements quotidiens.
Même s’ils sont parfois tournés sous la forme de “compliments”, ces comportements répétés de harcèlement participent à faire de la ville un espace de plus en plus masculin. Et ils sont particulièrement mal vécus par les femmes qui y sont très régulièrement exposées. 87,5 % des femmes déclarent ainsi avoir subi du harcèlement sexuel ou sexiste au cours des douze derniers mois, selon l’enquête Femmes et déplacements, réalisée en 2016 à Bordeaux.
Libérer la parole sur le harcèlement de rue
C’est pour dénoncer ces « harcèlements ordinaires » que la compagnie Les fées rosses et un collectif d’associations réunissant le Planning familial, La pagaille, Antigone, Grenoble sans relou et l’antenne de Stop au harcèlement de rue de Grenoble a organisé, ce vendredi 19 octobre, un happening – entendez un événement – sur le parvis de la gare de Grenoble.
Les objectifs visés ? Libérer la parole sur le harcèlement de rue, sensibiliser la population masculine, déclencher des réactions spontanées et créatives de la part des spectateurs et, enfin, renforcer le pouvoir d’agir à travers des pratiques de défense et de résistance.
Retour en images sur ces quelques saynètes de « théâtre invisible déclencheur », comme aime à le décrire Géraldine Doat, la coordinatrice de la troupe théâtrale.
Reportage Joël Kermabon
« C’est juste insupportable pour les femmes »
Pour la troisième année consécutive, la ville de Grenoble s’est impliquée dans la lutte contre le harcèlement de rue. Notamment à travers l’exposition Bulles de rue – gracieusement prêtée à la ville par l’association Stop au harcèlement de rue –, visible sur le parvis de la gare de Grenoble. Une reprise des dessins de Thomas Mathieu, instigateur du blog projet Crocodiles, et de Diglee, illustratrice lyonnaise qui propose de résoudre deux problèmes : comment reconnaître le harcèlement de rue et comment réagir face à ce type de situation.
« Cette exposition parle de faits qui arrivent tous les jours à toutes les femmes. Tous ces gestes, toutes ces paroles ne sont pas une marque de flatterie, ce sont des agressions », rappelle quant à lui Emmanuel Carroz, adjoint à l’égalité des droits et à la vie associative. Qui se prend à espérer une prise de conscience masculine.
« Il faut que tous les hommes prennent conscience que ce n’est pas de la galanterie, c’est juste insupportable pour les femmes. Elles doivent pouvoir dire non, ne pas avoir honte ou peur de marcher dans la rue, tout autant qu’avoir le droit de s’habiller comme elles le souhaitent », ajoute l’élu.
Autant de raisons qui justifient, à son sens, que la ville de Grenoble soutienne l’opération depuis trois ans pour « permettre à tous d’être sensibilisés sur ce qui est un fléau ». Un fléau qui n’est pas spécifique à la seule rue et qui sévit également dans d’autres espaces publics sur lesquels revient Emmanuel Carroz.
Toujours est-il qu’à l’heure où Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, concocte un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles et l’onde de choc provoquée par l’affaire Weinstein, ce happening ne pouvait tomber mieux… L’occasion de participer, autant que faire se peut, à un ®éveil des consciences.
Joël Kermabon