FOCUS – Miser sur la pluridisciplinarité et l’ouverture à un public large, sans toutefois déroger au principe de rigueur scientifique ? Voilà ce qu’ambitionne UGA Éditions, la nouvelle structure d’édition créée par l’Université Grenoble-Alpes en 2017. Sa principale mission ? Diffuser à l’échelle nationale et internationale les recherches menées par 80 laboratoires grenoblois dans de nombreux domaines.
De la biomédecine aux nanotechnologies, de l’économie à la sociologie, en passant par les lettres et les sciences humaines… Autant de domaines de la recherche académique qui peuvent désormais être regroupés sous une seule marque : celle d’UGA Éditions. Avec la création de ses nouvelles presses pluridisciplinaires, l’Université Grenoble-Alpes ambitionne ainsi de promouvoir des thématiques sociétales et scientifiques étroitement connectées les unes aux autres.
« L’Université Grenoble-Alpes a décidé de mettre en place une politique éditoriale pluridisciplinaire et innovante dans le but de représenter l’ensemble de disciplines proposées dans les établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche du site », souligne Lise Dumasy, présidente de l’Université Grenoble-Alpes.
Et de préciser les secteurs sur lesquels seront orientés les choix de productions. « Outre les publications de recherche, UGA Éditions proposera des ouvrages de pédagogie ainsi que des collections de médiation scientifique et culturelle. »
UGA Éditions : un « lieu d’expertise au plan national et international »
Ce projet ambitieux répond aux critères d’innovation et de « rayonnement social et culturel » imposés par le programme Initiatives d’excellence (Idex) Université Grenoble-Alpes. De fait, l’un de ses objectifs principaux est de regrouper les structures éditoriales préexistantes.
Lesquelles ? Pour le côté Lettres et sciences humaines, les Éditions littéraires et linguistiques de l’Université de Grenoble (Ellug), une structure éditoriale active depuis quarante ans. Mais aussi Grenoble Sciences, un centre de labellisation d’ouvrages portant sur des sujets variés. Dont, entre autres, les sciences de la terre, de la vie et de la matière.
Dans cette perspective de partage d’expériences et de collaboration, UGA Éditions entame également un partenariat avec les Presses universitaires de Grenoble (Pug). « En même temps que construire UGA Éditions, nous ambitionnons de former un seul pôle éditorial avec les autres structures, ce qui nous permettra non seulement de développer le rayonnement de notre marque, mais aussi d’améliorer la visibilité du site comme lieu d’expertise au plan national et international », précise Lise Dumasy.
Élargir le public sans renoncer à la qualité : une logique de compromis
Les termes du pari lancé par ces nouvelles presses pluridisciplinaires, donc ? Diffuser les savoirs scientifiques auprès d’un lectorat plus vaste et international, s’étendant au-delà du milieu universitaire, tout en conservant l’exigence de qualité d’écriture et de rigueur dans la recherche.
Avec ses quatre-vingts laboratoires et plus de trois mille enseignants-chercheurs, l’UGA disposerait en effet « [d’] un potentiel scientifique formidable », selon Daniel Lançon, directeur scientifique des Ellug et responsable de l’équipe des professionnels. Entendez par là les centaines de conférences et d’évènements que l’université organise chaque année afin de divulguer les dernières recherches sur des thématiques porteuses : nanotechnologies, biologie structurale, discours environnemental…
Autant de sources d’inspiration pour l’équipe d’UGA Éditions qui, comme l’explique Daniel Lançon, « pourrait en tirer de nombreuses idées afin de publier de nouveaux textes. Nous souhaitons vendre des livres qui intéressent un public large, en France comme à l’étranger. C’est pour cela que nous nous sommes également orientés vers le plurilinguisme. »
D’où la traduction et la publication de périodiques en anglais, espagnol, italien et allemand, pour le volet « humanités », ainsi que d’ouvrages en anglais dans le domaine des sciences et techniques.
Un avenir sous le signe du numérique
Quant aux défis liés aux mutations des éditions universitaires, les presses pluridisciplinaires de l’UGA ont choisi de miser sur le développement de l’offre numérique. Parmi les objectifs visés : le lancement de deux encyclopédies en ligne – à savoir l’encyclopédie de l’environnement et celle de l’énergie –, ainsi que la transition de plusieurs périodiques vers le libre accès, sur des plateformes telles que revues.org et OpenEdition Books. « Ce passage sera achevé au plus tard au printemps prochain », précise Lise Dumasy.
Et celle-ci de rappeler les autres échéances à respecter : « En automne, nous allons publier de nouvelles collections portées aussi bien par des chercheurs du CNRS que par des enseignants-chercheurs de Grenoble INP, de Grenoble Sciences, et bien évidemment de l’UGA. »
La collaboration avec les PUG portera alors, elle aussi, ses premiers fruits. Dans les tuyaux, en particulier, l’idée de coéditer « L’histoire de l’Université de Grenoble : de son origine à nos jours ».
Après la publication du premier ouvrage et la parution du tout premier périodique en mars dernier, il reste encore de nombreuses étapes à franchir pour les nouvelles presses de l’UGA. Une longue liste de projets que les quinze membres de l’équipe s’engagent à accomplir pendant les prochains mois, sous la houlette de leur directrice éditoriale et administrative Ilka Milanov.
Giovanna Crippa, correspondante à Saint-Martin-d’Hères