Les États généraux de l’alimentation, qui débuteront le 10 ou le 11 juillet, laissent les associations de défense de l’environnement pour le moins perplexes. Une trentaine, dont la fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna), s’en sont émues dans une lettre ouverte adressée le 28 juin au président de la République.
« Vous avez souhaité organiser, dès votre entrée en fonction, des États généraux de l’alimentation. Nous sommes très satisfaits de ce choix : les dimensions culturelle, économique, sanitaire et environnementale de l’alimentation justifient bien un large débat public », se félicitent les associations de défense de l’environnement. Mais celles-ci s’interrogent dans le même temps sur “le flou qui entoure ces États généraux de l’alimentation” ainsi que les objectifs poursuivis.
« Les déclarations de ces dernières semaines annoncent une participation restreinte aux représentants agricoles, distributeurs et transformateurs, et sur le seul sujet du partage de la valeur. Ce sujet est certes important mais cela est bien loin de la promesse d’un Grenelle de l’alimentation faite pendant votre campagne électorale ».
Un rendez-vous à huis-clos sans associations de défense de l’environnement ?
Ce Grenelle de l’alimentation était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron, inspirée de Nicolas Hulot. Son objectif ? Dessiner l’agriculture du futur dans toutes ses composantes : économiques, écologiques et sanitaire.
Mais à quelques jours du forum, le contenu reste flou. Et beaucoup craignent que le rendez-vous tourne au huis-clos. D’autant que son initiateur, Nicolas Hulot, a été relégué en seconde position, derrière Stéphane Travert, le ministère de l’Agriculture pilotant l’évènement.
Lequel a commencé à consulter un certain nombre de parties en vue du rendez-vous. La FNSEA, la fédération du commerce et de la distribution, Système U, Leclerc, Lactalis, Auchan, Intermarché ont ouvert le bal, à peine rejoints en fin de semaine par les associations de consommateurs. Mais, pour l’heure, pas d’associations de protection de l’environnement conviées autour de la table… Va-t-on vers un dialogue à trois, réduit aux syndicats paysans, aux transformateurs et aux distributeurs, comme le craignent certains ?
Quelle place pour l’environnement ?
Derrière cette question, quelle place sera réservée à l’environnement ? Les associations signataires tirent la sonnette d’alarme. « Alimentation et environnement sont indissociables, soulignent-elles. Nos systèmes alimentaires influencent les choix des modèles agricoles, nos pratiques de pêche et d’aquaculture et sont par conséquent intimement liés à la bonne gestion des ressources naturelles, à la lutte contre les gaspillages, au respect du bien-être animal et à la préservation de notre environnement et de notre biodiversité. » Les associations rappellent par ailleurs que notre patrimoine gastronomique dépend de la qualité de la production agricole et par là même de la préservation des ressources naturelles.
« Nous vous demandons d’avoir une place, d’être écoutés et entendus lors des États généraux de l’alimentation, et ce, dès les premières discussions. Pour rétablir le dialogue, qui vous tient à cœur, entre les responsables politiques et les citoyens, nous vous demandons de donner une place forte aux citoyens à la table des discussions sur l’alimentation. »
PC