EN BREF – Alors que les affectations d’enseignants dans les collèges et lycées battent leur plein, le syndicat Snes-FSU s’alarme de la pénurie qui s’annonce (une nouvelle fois) à la prochaine rentrée scolaire. De fait, 177 postes d’enseignants resteraient vacants dans les 350 établissements que compte l’académie. Chaque année, le déficit qui touche certaines disciplines plus que d’autres s’aggrave un peu plus.
Rien qu’en technologie, ce sont 41 postes qui manquent à l’appel. La situation n’est guère plus glorieuse en sciences industrielles ou en lettres modernes. Autant de matières qui paient aujourd’hui les pots cassés de gestions antérieures. Car les besoins moindres dans certaines disciplines, liés à des réformes comme celle du lycée en 2010, se sont alors traduits par des conversions plus ou moins forcées…
« La crise de recrutement qui frappe le second degré est maintenant profonde et inquiétante », souligne le Snes-FSU. D’autant qu’à la prochaine rentrée, 55 zones de remplacement vont également être supprimées. Ces titulaires remplaçants institués au début des années quatre-vingt constituent l’armée de réserve de l’Éducation nationale. Des enseignants censés être prêts à tout moment à pallier l’absence de professeurs en exercice.
Là aussi, coup de sabre… « Vu la pénurie d’enseignants du second degré chaque année, l’administration s’en sert pour pallier les manques, explique Corinne Baffert, secrétaire générale du Snes-FSU. Et ces remplaçants sont eux-mêmes remplacés par des contractuels, précaires… L’administration en arrive ainsi à constituer un corps de contractuels remplaçants, en faisant des économies sur les salaires et les déplacements. »
Un nombre de contractuels accru de 40 % en trois ans
En 2013, l’académie de Grenoble comptait 1 098 contractuels (dont 223 en CDI). En 2015, le chiffre passait à 1 268 (232 CDI) et, en 2016, à 1 427 (291 CDI), selon le Snes. En trois ans, leur nombre a ainsi augmenté de près de 40 %.
Une précarisation rampante pour le syndicat, qui tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. « Le choix déjà fait l’an dernier d’assécher le vivier de titulaires remplaçants, que nous avions dénoncé, perdure cette année et s’amplifie, sans résoudre les difficultés importantes que nous avions pointées. »
« L’absence de toute perspective sérieuse de revalorisation de nos métiers, tout comme les conditions d’entrée dans le métier vraiment difficiles faites à nos jeunes collègues contribuent largement à cette situation. Pire, la réforme du collège, imposée contre plus de 80 % des personnels, a encore alourdi la charge de travail, sans apporter de réponses ni aux difficultés des élèves, ni à la pénibilité de nos métiers. »
Pour le Snes-FSU, il y a urgence à organiser des modalités sérieuses de pré-recrutement, et à envisager des voies de titularisation. Pas sûr que ce soit la ligne suivie par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale du gouvernement d’Édouard Philippe. L’ancien recteur d’académie et ancien directeur de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) était, du temps de Sarkozy, à la tête de l’administration centrale de l’enseignement scolaire (la Dgesco). Une période marquée par les coupes budgétaires et un discours très dur à l’encontre des fonctionnaires.
PC