FOCUS – La mairie de Sassenage a réuni handicap et sport le temps d’une soirée qui a permis de faire le point sur la dernière édition de la Corrida de Sassenage. Mais également de présenter l’édition 2017 – 27e du genre – qui se tiendra le 12 novembre prochain. L’occasion de remettre plusieurs chèques, d’un montant global de 5 220 euros, aux sept associations qui ont mis en place des ateliers afin de sensibiliser le public aux handicaps moteurs et plurisensoriels.
Hervé Farge, Sassenageois amputé des 2 jambes, court notamment des marathons avec des prothèses en carbone.
« Le sport c’est la vie », une phrase bateau mais qui prend tout son sens lorsque l’on parle de sport et de handicap. C’est le pari qu’a fait l’AC Sassenage et son président Jean-Patrick Bolf en organisant la 26e Corrida de Sassenage, le 20 novembre dernier, la deuxième sous le thème « Tous ensemble ».
Une course pédestre qui, avec l’aide de sept associations luttant chacune à leur façon pour l’inclusion des personnes handicapées, a permis de rapprocher deux publics sous la bannière du sport.
Sur la ligne de départ de cette édition, se trouvaient 822 adultes et 159 enfants, toutes épreuves confondues. Parmi eux, deux équipes des partenaires, la compagnie d’électricité Enedis (ex-ERDF) et Air liquide, groupe spécialisés dans les gaz industriels, qui ont donc apporté leur soutien financier mais aussi leur sueur.
Immersion dans le quotidien des personnes en situation de handicap
En marge de la manifestation, des ateliers permettant de se plonger, l’espace de quelques instants, dans le quotidien de personnes handicapées, sur le plan moteur ou sensoriel. Un bandeau, un casque anti-bruit ou encore des planches bancales, voici quelque uns des artifices utilisés pour permettre aux participants de comprendre un peu plus la dure réalité qu’affrontent au quotidien des femmes et hommes de tout âge.
Pour imaginer et animer ces expériences, plusieurs associations, dont Charge l’enfant soleil, qui regroupe parents et amis d’enfants et adultes porteurs du syndrome charge, une maladie génétique qui cause des malformations d’organes et des déficits neurologiques et sensoriels. Mais aussi l’Association de défense et d’études des personnes amputées (Adepa), l’Handisport Comité Isère, l’Eybens Sport Adapté, la Grenoble-Meylan Handibasket, l’EASI et le Leo club.
Remise de chèques aux associations suite à la Corrida de Sassenage. © Alberic Marzullo – placegrenet.fr
Bien que les municipalités et les entreprises améliorent toujours un peu plus l’accessibilité et l’intégration des personnes en situation de handicap, le chemin est encore long vers un territoire sans entraves pour ce public. Les déficiences pluri-sensorielles sont très mal gérées, par exemple. « Les maisons d’accueil sont spécialisées dans une pathologie », explique Nathalie Morand, présidente de l’association Charge.
Un ambassadeur « comme tout le monde » et un champion olympique
Présents aussi, Hervé Farge et David Smétanine, les deux parrains de cette édition.
Tous deux victimes d’accidents qui les ont obligés à s’adapter à une réalité dont on n’a que de brefs aperçus mais qui ne baissent pas les bras. « Il fallait que je me trouve un objectif […] que je me prouve que j’étais capable de faire quelque chose », raconte Hervé Farge sur son état d’esprit pendant sa rééducation.
Remise de chèques aux associations en présence de David Smétanine. © Alberic Marzullo – placegrenet.fr
Aidé par sa famille, mais surtout par sa détermination et sa volonté « de s’en sortir », il met de côté les sports à « fortes sensations » après son accident et se concentre sur les sports d’endurance, marathon puis VTT et, en bon montagnard, le ski. Des avantages dont ne peuvent profiter toutes les personnes handicapées, le coût financier, de plus de 8 000 euros la prothèse sportive, étant souvent prohibitif.
Et c’est grâce à des associations, locales et nationales, que nombre d’entre elles peuvent profiter d’aides financières ou morales. Sans ces “bienfaitrices”, les “timides” et les défavorisés ne pourraient trouver les structures ou le personnel adapté pour s’adonner pleinement à la pratique sportive.
Le mot de la fin revient à Léo, atteint du syndrome Charge, qui nous donne le vrai but de cette soirée : « demander aux médecins de chercher un peu plus ».
Albéric Marzullo, correspondant à Sassenage