EN BREF – La municipalité de Grenoble a décidé, en novembre dernier, d’interdire l’installation des vendeurs de sapins sur le boulevard Clemenceau qui borde le parc Paul Mistral. La raison ? La vente gênerait la circulation et la sécurité des cyclistes sur la contre-allée. Devant la protestation des intéressés, la mairie a reporté ce déménagement à l’année prochaine. En attendant, la discussion est ouverte…
« Le marché est délocalisé ». Voilà l’annonce que la mairie a faite aux exploitants du marché aux sapins du boulevard Clemenceau à quelques semaines de Noël. Une mesure prise suite aux nombreuses demandes de l’Association pour le développement des transports en communs, selon Lucille Lheureux, adjointe de la Ville de Grenoble déléguée aux espaces publics.
Interrogée à ce sujet, l’ADTC affirme cependant n’avoir pas demandé directement l’éviction du marché mais la création d’un espace spécifique aux vélos : « Tous les ans, nous réclamons qu’une piste cyclable soit tracée sur la voirie. Le problème est le même quand il y a des événements sportifs », souligne Nathalie Teppe, présidente de l’association.
La mesure devait être effective dès cet hiver. Mais les vendeurs, prévenus une dizaine de jours avant l’ouverture du marché, ont protesté. Impossible, selon eux, de s’adapter à un a changement aussi rapide et de réorganiser leur activité. La mairie leur a donc permis de conserver leur place pour cette année.
Ces exploitants, cultivant eux-mêmes leurs sapins, les vendent durant les semaines précédant Noël. Une période durant laquelle ils réalisent une grande part de leurs revenus.
« Dix jours avant le début du marché, nous avions une publicité qui était déjà partie, des clients que nous n’avions pas pu prévenir… Quand on change d’endroit, c’est une nouvelle clientèle à se faire », affirme Marie-Christine Coing-Belley, présidente du marché.
« Nous avons écrit une lettre au responsable du service de la voirie qui nous a accordé la place habituelle pour cet hiver. Mais l’année prochaine, il faudra changer de lieu. »
« C’est toute une tradition qui s’en va »
La mairie souhaite ainsi réfléchir avec les exploitants à un nouvel emplacement qui permettrait de libérer la piste cyclable : « Au moment du marché, les producteurs de sapins ont cet emplacement, au détriment des cyclistes. Il faut trouver une solution pour libérer la piste cyclable, explique Lucille Lheureux […] On essaie de travailler partout pour sécuriser les emplacements piétons et cyclistes afin que la circulation soit la plus sereine possible », poursuit l’élue.
Plusieurs alternatives seraient envisageables, dont deux « très proches du lieu actuel : se mettre en arrière sur le parking ou se déplacer vers l’Est, où il y a un grand emplacement. » Les vendeurs ne partagent cependant pas cet avis : les emplacements proposés sont, selon eux, des places piétonnes et des espaces plus restreints ou beaucoup moins fréquentés.
« Sur les rues piétonnes, les grands sapins ce n’est pas la peine, nous ne pourrons jamais les vendre […] C’est difficile au niveau logistique, nous avons nos engins, nos tracteurs, nos remorques… Et il y a ce problème de communication. »
En effet, au-delà des aspects techniques, se pose le problème de la clientèle, habituée à la présence du marché sur le boulevard Clemenceau : « Notre souhait est de rester ici. Il y a de la place, les gens nous connaissent et savent que le marché est là… C’est toute une tradition qui s’en va […] Le marché est ici depuis 1982, et c’est aujourd’hui qu’on se rend compte qu’on bloque la piste cyclable. Il n’y a jamais eu d’accident avec des vélos, nous faisons attention. »
Des rencontres avec des représentants de la municipalité sont prévues courant janvier-février pour trouver un nouvel emplacement adapté aux revendications des exploitants.
Corentin Libert