REPORTAGE VIDÉO – La ville de Fontaine a organisé, ce samedi 22 octobre, à La Source la première édition de l’événement « Fontaine, la libérée ». Une journée de rencontres, de présentations et de démonstrations autour du logiciel libre pour le faire découvrir au public et lui en expliquer les enjeux. Mais aussi l’occasion pour la Ville de démontrer, à travers son retour d’expérience, « comment conjuguer les valeurs du logiciel libre avec celles d’un service public communal ».
Est-ce un clin d’œil qui complèterait celui de l’affiche avec son accroche « Fontaine, la libérée » que d’avoir choisi La Source comme lieu d’accueil de l’événement ? Quand il est question de la mise à disposition du code source de certains logiciels libres, une des caractéristiques de ces programmes, l’association du nom du lieu peut faire sourire.
Quoi qu’il en soit, l’événement n’était pas destiné qu’à un public de “geeks”, de codeurs boutonneux ou de passionnés, bien au contraire. Après avoir franchi l’entrée, accueilli par un énorme Tux en peluche, le manchot mascotte emblématique du système d’exploitation Linux, le public était invité à flâner entre les nombreux stands pour découvrir le monde des logiciels libres et des données ouvertes. Mais pas seulement puisque de nombreux acteurs locaux œuvrant dans l’univers du logiciel libre étaient également présents pour répondre à toutes ses interrogations.
Conjuguer logiciels libres et service public communal
« S’il y a des domaines dans lesquels il est assez aisé de donner une visibilité en matière de politique municipale – comme la culture – […], force est de constater qu’il est un peu plus difficile de donner à voir cette même politique dans le domaine de l’informatique et des nouvelles technologies », explique Brice Di Gennaro, adjoint à la culture et aux nouvelles technologies de l’information et de la communication de la ville de Fontaine.
Ce dernier, qui inaugure la première édition de « Fontaine, la libérée », voit dans cette journée – outre la découverte de l’univers des logiciels libres – un autre enjeu. « Il s’agit aussi de montrer comment peuvent se conjuguer les valeurs du libre et celles de l’open source avec celles d’un service public communal », souligne l’élu.
Créer les conditions de la rencontre entre le public et de nombreuses structures et associations qui « œuvrent pour montrer qu’un autre monde informatique est possible » est l’autre challenge auquel s’est attelée la ville de Fontaine en créant cet événement. De fait, c’est toute une palette des différents métiers du libre qui s’offre ainsi à la curiosité du public.
Au nombre de ces derniers, des prestataires de services, des développeurs de réseaux, des fournisseurs d’accès comme Grésille, ou encore des associations comme la guilde des utilisateurs d’informatique libre du Dauphiné (Guilde).
Le libre dans tous ses états
Et puis bien sûr des représentants de sites ou de logiciels phares, bien connus du public : Wikipédia l’encyclopédie libre, Openstreetmap ou encore, véritable couteau suisse, VLC le célèbre lecteur de vidéos. Certains d’entre eux ont animé l’après-midi des conférences destinées à éclairer le public dans l’auditorium de La Source. Ajoutez à cela l’ovni de la journée, des militants de l’Adri 38, lesquels œuvrent pour le développement de radios libres utilisant des logiciels ou circuits électronique libres.
Retour en images sur quelques séquences de cette journée présentant le « libre dans tous ses états. »
Reportage Joël Kermabon
« Cela fait quinze ans que nous travaillons sur le logiciel libre à Fontaine »
Autre temps fort de cette journée, le retour d’expérience de la ville de Fontaine sur la façon dont les logiciels libres se déploient dans le services de la municipalité et les écoles. Un domaine dans lequel la commune est précurseur.
C’est du moins ce qu’expose Nicolas Vivant, le directeur des systèmes d’information de la Ville, véritable cheville ouvrière d’un projet initié en 2001.
« C’est une initiative des élus qui date puisque cela fait maintenant quinze ans que nous travaillons sur le logiciel libre à Fontaine », se félicite le directeur.
Quid de la méthodologie employée ? « Nous avons commencé à travailler sur les serveurs, les logiciels un peu “invisibles” pour les utilisateurs comme les serveurs de fichiers ou de messagerie », commence par exposer l’informaticien.
Une phase qui s’est achevée en 2008 et s’est poursuivie jusqu’en 2014 par le passage sous logiciels libres de toute la bureautique des postes clients, autrement dit des ordinateurs des agents. Comprenez le remplacement de Outlook par Thunderbird, de Microsoft® Office par LibreOffice et d’Internet explorer par Firefox.
Une migration basée sur le volontariat
Depuis 2014, le service informatique a procédé au changement du système d’exploitation des machines. Entendez le passage progressif de Windows à Linux. « Pour cette migration, nous sommes partis d’un bêta test dans lequel les élus et la direction générale se sont investis, ce qui a permis la validation de la solution dans notre système d’information », détaille Nicolas Vivant.
« Nous avons ensuite enchaîné sur un banc de volontariat, c’est-à-dire que personne n’a été contraint de passer à Linux. »
Près d’un an et demi après, 20 % d’un parc d’environ 600 machines a été “migré”, soit quelque 150 ordinateurs.
De plus, dans l’intervalle, les élus ont passé une nouvelle commande concernant les écoles. La plus petite d’entre elles a déjà été installée et la deuxième – la plus grande école de Fontaine – va prochainement l’être. Là aussi, cela s’est fait en douceur puisque les directeurs d’école ont tous été sollicités pour savoir s’ils étaient volontaires pour entamer la migration. Sur les sept directeurs que compte la ville, quatre se sont prêtés au jeu.
Prêcher par l’exemple
« L’objectif c’est vraiment de prêcher par l’exemple. Les personnes qui n’étaient pas franchement intéressées par Linux, devant les constats que ça fonctionne, que c’est stable et rapide et que l’interface est belle, vont avoir la curiosité de se lancer dans l’aventure », conclut Nicolas Vivant.
Un constat qui ne manque pas de réjouir Jean-Christophe Becquet, le président de l’Association de promotion et de défense du logiciel libre (April), à laquelle adhère la ville de Grenoble. « Nous espérons pouvoir nous féliciter l’année prochaine de compter la commune de Fontaine parmi nos adhérents », se prend-il à espérer.
Qu’en est-il du passage aux logiciels libres à Grenoble ? C’était l’engagement n° 57 du candidat Éric Piolle lors des élections municipales : « Développer l’usage des logiciels libres ». Laurence Comparat, l’adjointe à l’Open data et aux logiciels libres de la ville de Grenoble, présente à cette journée, nous livre un point d’étape. Par ailleurs, l’élue sait qu’elle peut, en voisine, compter sur l’expérience de l’équipe de Jean-Paul Trovero, le maire de Fontaine, comme il s’en est également ouvert devant notre caméra.
Reportage Joël Kermabon
Joël Kermabon