FOCUS – Deux mois sans voiture pour tester les modes de déplacement alternatifs, tel est le défi relevé par 100 Grenoblois à l’initiative de l’entreprise Koolicar, en partenariat avec la Maif, la Métro et le SMTC. Une expérience qui vise à rendre les automobilistes moins accro aux quatre roues.
Jamais sans ma voiture ? C’est pourtant le pari de la société Koolicar, basée à Versaille : proposer à des automobilistes de renoncer durant deux mois à leur voiture au profit du vélo, des transports en commun, voire des voitures en autopartage, dans le cadre de l’opération « sans ma voiture », qui se déroule du 1er octobre au 3 décembre 2016 à Grenoble.
L’autopartage, c’est justement le créneau de Koolicar. Si l’opération se veut pédagogique, elle n’est donc pas “anti-bagnole”, mais pose surtout la question du véhicule personnel. « On n’est pas dans l’idée de ne faire aucun trajet sans voiture, précise Élisa Desgranges, responsable de l’opération, mais d’être dans le partage de véhicules et du coup d’optimiser au maximum les usages pour qu’il y en ait le moins possible sur les routes de France. »
Des déplacements gratuits durant deux mois
L’année dernière, l’opération « sans ma voiture » avait été organisée à Bordeaux et à Niort, en partenariat avec la Maif, qui s’acquittait des frais d’assurance du véhicule durant les deux mois de leur immobilisation. Un partenariat renouvelé pour l’année 2016, cette fois à Dijon et Grenoble.
Également partenaires, la Métro et le SMTC, permettent aux volontaires de bénéficier durant les deux mois de l’opération d’un accès gratuit aux transports en commun ainsi qu’aux métrovélos. Et, ce qui n’est pas négligeable, d’une place de parking gratuite durant deux mois, les véhicules proscrits stationnant au parking-relais Vallier-Catane.
L’objectif ? S’inscrire « dans une dynamique globale de changement en matière de mobilité », pour Élisa Desgranges, et travailler également sur les retours des personnes participant à l’opération. Retour au bout des deux mois, mais aussi au cours de l’expérience proprement dite.
Super-héros du quotidien ?
Pour appuyer sa communication, Koolicar mise – non sans humour – sur la figure du super-héros : est-ce donc si héroïque de vivre sans voiture quand on habite en ville ? « On ne voulait pas du tout être dans la culpabilisation, dire que c’est mal de prendre sa voiture », explique la responsable.
« L’approche, c’est de se mettre au défi, d’être dans le jeu, le ludique. Bien sûr, c’est un peu kitsch, second degré, mais ce n’est pas en jouant sur la culpabilité qu’on donne envie aux gens ! »
Guillaume, qui habite dans le quartier Europole et travaille à Alpexpo, compte parmi les cent personnes retenues sur Grenoble pour participer à l’opération « sans ma voiture ». « Je faisais le trajet tous les jours en voiture, par la Rocade, et tous les matins je me tapais les bouchons du Rondeau… », reconnaît ce jeune Grenoblois de 26 ans, de « sensibilité écologiste ».
S’il n’a pas l’impression d’être un super-héros, il note tout de même un certain étonnement de la part de ses collègues de travail, surpris qu’il ait pu se porter volontaire pour être privé de son véhicule durant deux mois.
Des volontaires de 18 à plus de 80 ans
C’est par les réseaux sociaux qu’il a eu vent de l’opération et a décidé de postuler. Et c’est tout logiquement sur Twitter qu’il fait part de ses premières impressions. Pour le moment, il privilégie le métrovélo pour se rendre au travail, mais n’exclut pas de prendre les transports en commun lorsque la météo sera moins clémente.
« L’objectif, précise Guillaume, ce n’est absolument pas d’abandonner ma voiture. Je pense que j’en aurai toujours besoin de temps en temps, mais l’idée c’est vraiment de limiter au maximum, de maximiser les déplacements en vélo et de garder la voiture uniquement pour les déplacements où elle est indispensable. »
Mais n’est-il pas plus simple de renoncer à sa voiture à 26 ans, et sans famille à charge ? « On a essayé d’avoir tous les profils », souligne Élisa Desgranges, c’est-à-dire plusieurs familles, parfois nombreuses, et des échantillons d’âges allant de 18 à plus de 80 ans. Koolicar n’avait que l’embarras du choix, ayant reçu près de 250 candidatures pour 100 places disponibles sur Grenoble.
Revendront-ils leur voiture ?
Chaque volontaire est naturellement libre de mettre fin à l’expérience et de récupérer son véhicule quand il le désire. Le mois de novembre aura-t-il raison des bonnes volontés ? L’année précédente, seule une personne a quitté l’opération en cours de route, pour des raisons professionnelles.
Et pour ceux qui seront allés jusqu’au bout ? Ils pourront récupérer leur voiture, ou se voir proposer un accompagnement à sa revente s’ils le désirent. Guillaume ne revendra pas la sienne mais, après quelques jours de pratique à peine, songe déjà à acquérir son propre vélo de ville.