FOCUS – La Maison de la nature et de l’environnement de l’Isère (MNEI) n’échappe pas au rabotage des subventions publiques. L’association vient d’apprendre que l’aide financière qui lui était attribuée chaque année par le Conseil départemental passerait en 2016 de 120.000 à… 18.000 euros. Un coup dur pour la structure qui estime que le Département « cherche à éliminer les empêcheurs de bétonner ».
L’annonce est un coup dur pour les associations de défense et de protection de l’environnement. La Maison de la nature et de l’environnement de l’Isère (MNEI) a appris fin avril que la subvention qui lui était accordée depuis sa création en 1985 par le Conseil général de l’Isère serait prochainement revue à la baisse.
Une décision d’autant plus difficile à “avaler” pour elle que cette somme représente un quart de son budget, d’environ 450.000 euros. L’enveloppe accordée devrait ainsi passer de 120.000 à 18.000 euros en 2016.
Même si, pour l’heure, il ne s’agit que d’une annonce orale, l’établissement s’alarme déjà des conséquences que cette diminution pourrait avoir sur ses 10 salariés employés en CDI, les 39 associations qu’il représente et les nombreux projets développés (les Prix du Livre Environnement et le salon Naturissima).
Un « coup de poignard dans le dos »
« Cette annonce est un véritable coup de poignard dans le dos qui met en péril la Maison de la nature et de l’environnement », estime l’association dans un communiqué de presse en date du 28 avril. Le Département lui reprocherait notamment de compter dans ses effectifs 10 salariés en CDI et d’avoir pérennisé ces emplois.
« Le souhait du Conseil départemental est de subventionner exclusivement les associations permettant de fournir des prestations de bureaux d’études à moindre coût, grâce à des emplois précaires », précise la MNEI dans ce même communiqué.
« On avait de légères baisses régulières depuis quelques années mais pas une diminution aussi importante. On avait d’ailleurs anticipé une nouvelle baisse de 5 % dans notre budget mais cela représente aujourd’hui 85 %. Le conseil départemental a du mal à comprendre notre mission de base », précise Étienne Spanjaard, son administrateur. « Dans cette situation, on ne pourra plus payer les salaires. On doit avoir une discussion collective à ce sujet lors du conseil d’administration du 11 mai », ajoute-t-il.
Par effet de ricochet, la baisse des subventions n’est pas sans conséquence pour les 39 associations membres et les événements organisés en commun. « La solution à court terme pour payer les salaires est de ne pas poursuivre certains projets. On ne sait pas lesquels pour le moment, on doit en discuter rapidement », commente Étienne Spanjaard.
Quoi qu’il en soit, il paraît clair pour la MNEI que « le Département cherche à éliminer les empêcheurs de bétonner tranquillement et à étouffer tout débat autour des problématiques environnementales et de développement durable ». « À l’heure où le pays s’est engagé dans la Cop21 et où les enjeux environnementaux n’ont jamais été aussi importants, le département de l’Isère envoie un bien mauvais signal », précise-t-elle.
Réactions en chaîne
Face à cette annonce, les réactions et soutiens se sont multipliés. Dans un communiqué de presse en date du 29 avril, le groupe Rassemblement des Citoyens – Solidarité et Écologie du conseil départemental dénonce « une décision qui relève du torpillage pur et simple d’une structure qui devrait faire la fierté du Département » et voit dans cette décision une « volonté de faire taire certaines associations de défense de l’environnement ».
De son côté, Benjamin Trocmé, membre de la commission environnement, parle d’« une mise à bas pure et simple d’une structure qui est un modèle de mutualisation pour un service de qualité rendu à tous les Isérois ». « On a connu Jean-Pierre Barbier plus soucieux de l’emploi. Cela est d’autant plus choquant que ce vendredi, en commission permanente, l’Assemblée départementale vote une rallonge de 1,5 million d’euros de financements pour l’aéroport de Grenoble-Isère, sans aucune participation de l’exploitant Vinci-Aéroports », ajoute-t-il.
« L’heure n’est plus à faire des chèques en blanc »
Face à ce tollé, le Conseil départemental de l’Isère se défend. Dans un communiqué de presse du 28 avril, il insiste sur la nécessité pour les associations « de porter dorénavant des projets pour ne plus dépendre des seules subventions de fonctionnement pour se financer ».
« Depuis son élection, la nouvelle majorité départementale a toujours affirmé qu’elle financerait les associations œuvrant dans le domaine environnemental sur leur projet, et non plus leur fonctionnement. L’heure n’est plus à faire des chèques en blanc mais au partenariat », ajoute-t-il.
Le Département rappelle aussi que certaines structures associatives ont vu leurs subventions maintenues ou augmentées parce qu’elles mènent des actions dans le cadre des politiques environnementales qu’il définit. Et d’inviter les associations à présenter leurs dossiers dans tous les domaines : action sur les milieux naturels et les espèces, éducation et sensibilisation à l’environnement…
Maïlys Medjadj