3 QUESTIONS À – Grenoble accueille du 8 au 10 octobre, l’édition 2015 de la Fête de la science. Dans le cadre de cet événement national, l’Association pour la parité dans les métiers des sciences et techniques (APMST) tiendra le samedi 10 octobre un stand sur le Parvis des Sciences, à Minatec. À cette occasion, Giovanna Fragneto, chercheuse à l’Institut Laue-Langevin et présidente de l’APMST, revient sur l’évolution de la place des femmes dans les milieux scientifiques et techniques.
« Les femmes (aussi) aiment la science !… Mais aime-t-on les femmes en sciences ? » C’est la question que soulève l’Association pour la parité dans les métiers des sciences et techniques, à l’occasion de cette 24e édition de la Fête de la Science.
L’association, qui tiendra un stand le samedi 10 octobre de 10 heures à 18 heures sur le parvis des sciences, à Minatec, propose au public de découvrir les freins psychologiques et sociaux à la féminisation des milieux scientifiques et techniques.
Comment ? Aux moyens d’un “jeu de l’oie de lois” et d’une “boîte à clichés”. Au-delà du côté ludique, cet événement est aussi l’occasion pour Giovanna Fragneto de revenir sur la place des femmes dans ces milieux scientifiques et techniques. Des milieux encore trop souvent réservés aux hommes.
- Comment la place des femmes dans la science a‑t-elle évolué au cours de ces dernières années et, en particulier, dans l’agglomération grenobloise ?
Ces dernières années, les choses n’ont que peu évolué. On a avancé mais très lentement et la représentativité des femmes reste toujours faible. Dans les milieux de la biologie et de la chimie, il y a effectivement beaucoup plus de femmes, mais au niveau du management, cela reste déséquilibré. Le constat est identique dans les hôpitaux, où le personnel est très féminin. Il y a beaucoup de femmes médecins ou infirmières mais les chefs sont toujours des hommes.
- À quels clichés les femmes sont-elles confrontées ?
On dit des femmes qu’elles sont moins ambitieuses, dans le sens modeste du terme. La femme a tendance à être plus occupée par la famille, à se sentir plus responsable par la vie de la maison et aurait donc moins de temps pour voyager, diriger, participer à des colloques et occuper des fonctions à responsabilité.
- Quels sont les freins psychologiques et sociaux à la féminisation des milieux scientifiques et techniques et comment les surmonter ?
Cela commence très tôt dans l’éducation. On pense que la fille doit être belle, agréable et passive. À côté de cela, on donne aux garçons des jeux qui bougent, avec lesquels ils sont dans l’action. Il faut donc commencer très tôt à éduquer les enfants. D’après mon expérience, cette éducation doit venir de la famille.
Si l’on œuvre pour avoir plus de femmes dans des postes clés, cela peut donner l’exemple aux filles et l’envie d’être plus ambitieuses. Je pense également que la presse et les médias doivent jouer un rôle fondamental dans cette démarche de féminisation des milieux scientifiques et techniques. Si l’on explique mieux aux filles qu’elles peuvent se lancer dans ces milieux, je crois que c’est possible.
Maïlys Medjadj
L’Association pour la parité dans les métiers des sciences et techniques
Fondée en 2002 et basée à Grenoble, dans les locaux du Centre national de recherche scientifique (CNRS), l’association a pour objectif de « promouvoir la parité dans les milieux scientifiques et techniques, soit par une action auprès des plus jeunes, soit par le management », explique Giovanna Fragneto, sa présidente.
L’APMST participe ainsi chaque année à de nombreux événements, comme par exemple des colloques, séminaires, forums et interventions dans les écoles.
L’association favorise par ailleurs un égal accès aux responsabilités professionnelles et sociales. À ce titre, ses membres font du lobbying auprès des institutions et entreprises et participent à des actions de formation afin que le genre soit pris en compte dans les déroulement de carrières.
Elle compte une quarantaine de membres, dont 11 associations, entreprises et instituts de recherche (SFP, Femmes & Sciences, Xerox, Grenoble INP, ILL, Inria, LiPHY, LNCMI, LP2MC, Phelma, UJF).
Lumière sur la 24e édition de la Fête de la science
Jusqu’au 11 octobre 2015, la Fête de la science, coordonnée par le Centre de culture scientifique, la Casemate, revient en Isère. Cette 24e édition 2015, qui a pour thème la lumière et ses applications, est l’occasion pour le public d’échanger avec des chercheurs et étudiants et d’approfondir ses connaissances scientifiques et techniques.
Pendant cette semaine, pas moins de 174 activités sont proposées. Au programme notamment, des expositions, conférences, visites d’entreprises, soirées, ateliers, parvis ses sciences, spectacles et parcours scientifiques.
Vous pouvez retrouver le programme complet sur le site internet de la Fête de la Science en Rhône-Alpes.