REPORTAGE VIDÉO – La Fête du travailleur alpin soufflait, cette année, ses 86 bougies. Trois jours durant, la vénérable vieille dame, toujours pleine d’énergie, a accueilli son traditionnel public de militants et de sympathisants au parc de la Poya, à Fontaine. Des débats de société, des actes de solidarité et, bien sûr, des concerts ont ponctué ces trois jours de fête pour réaffirmer haut et fort « l’humain d’abord ! ».
Le magnifique parc ombragé de la Poya, à Fontaine, s’emplit peu à peu. Militants communistes et sympathisants, amateurs de musique ou simples badauds venus là en curieux discutent autour des stands ou installés sur les tables des nombreux restaurants et buvettes. Une ambiance bon enfant règne, caractéristique des rassemblements populaires et fidèle à l’imagerie des rassemblements organisés par le Parti communiste. Et aussi la fierté d’être “coco”, de faire perdurer un état d’esprit fondé sur la camaraderie et la fraternité.
Il y a de quoi s’occuper en attendant les concerts de la soirée : débats sur des thèmes d’actualité, rencontres avec les militants des différentes sections du Parti communiste de l’Isère et conférence gesticulée, spectacle mêlant récits vécus par les conférenciers (savoir chaud) et éléments de théorie (savoir froid). Rassembler les bonnes volontés, agir pour un monde meilleur, tel est l’esprit que tente d’insuffler la Fête du travailleur alpin, organisée par la fédération de l’Isère du Parti communiste français et par le journal éponyme.
« Une fête de l’Humanité à l’échelle de l’Isère »
« C’est une fête qui existe depuis 1929, le journal existant, lui, depuis 1928. À l’époque, les dirigeants du Parti communiste ont eu l’idée de rassembler les lecteurs et lectrices du journal autour d’animations et d’un repas champêtre », retrace Gérard Frydman, directeur de la publication du Travailleur alpin.
Et de poursuivre : « Devant le succès de ce rassemblement, l’idée leur est alors venue de pérenniser cette fête, qui a pris aujourd’hui une ampleur importante ». De fait, près de 5000 personnes auront participé à la fête du travailleur alpin sur les trois jours.
« Si l’on doit faire un parallèle, c’est une fête de l’Humanité à l’échelle du département de l’Isère ! », ajoute le directeur de la publication.
Gérard Frydman nous en dit un peu plus sur l’événement. L’occasion aussi de parcourir les allées du parc pour découvrir l’ambiance de cette fête et rencontrer quelques participants.
Réalisation Joël Kermabon
Une fête populaire à dimensions sociale, environnementale et locale
« Nous tenons à ce que ça reste la Fête du travailleur alpin, tout en ayant la dimension “festival” pour l’aspect musical. Mais c’est avant tout un rassemblement populaire », souligne Gérard Frydman.
« Par ailleurs, nous tenons beaucoup à ce que cette fête reste intergénérationnelle, de manière à ce que chaque personne puisse y trouver de l’intérêt. » Et d’évoquer aussi la dimension sociale de l’événement : « Pour conserver ce caractère populaire, nous avons instauré la gratuité le dimanche ».
Mais cela ne s’arrête pas là : la Fête du travailleur alpin applique une politique tarifaire ouverte à tous, en proposant un tarif unique, très modique, pour chaque soir ou pour l’ensemble des trois jours.
Côté écologie ? Produits locaux, gobelets réutilisables, toilettes sèches, incitation à utiliser des modes de transport doux pour se rendre sur les lieux, tri des déchets… Autant d’initiatives contribuant à conférer résolument un caractère durable à l’événement.
« On trouve sur la fête des dispositifs dont l’objectif est de permettre au public qui vient de trouver un environnement respectueux de la nature », se félicite Gérard Frydman.
Pour autant, la dimension solidarité internationale et le souci de rendre visible le besoin d’humanité dans le monde ne sont pas oubliés. C’est ainsi que, cette année, l’accent a été mis sur la solidarité avec le peuple grec et Syriza. Le sujet a même fait l’objet d’un débat.
« L’humain d’abord ! »
La Fête du travailleur alpin, c’est aussi, bien sûr, un rendez-vous musical très attendu. Trois scènes installées sur le site ont ainsi permis d’offrir au public, outre les prestations de groupes confirmés, la découverte de groupes issus de la scène locale.
Pour promouvoir ces derniers, l’association Les Amis du travailleur alpin organise, tous les ans, le tremplin « Les découvertes du travailleur alpin ». L’objectif ? Permettre à des jeunes formations de se produire dans de bonnes conditions techniques, de rencontrer le public et des professionnels. Une manière de « défendre une culture militante, pour tous, pour une société plus juste et solidaire ».
« Nous travaillons avec une soixantaine de bénévoles. Nous faisons, avec eux, un travail de professionnels, dans la convivialité », expose Bernard Ferrari, directeur technique et régisseur général. « Ils ont une grande liberté dans leur travail, ce qui laisse beaucoup de place à l’imagination et à l’esprit d’initiative. » Le régisseur général l’affirme avec conviction : « C’est dans nos valeurs, il ne faut pas l’oublier et nous le revendiquons : l’humain d’abord ! ».
Retour en images sur la soirée de ce samedi 27 juin, où groupes locaux et têtes d’affiches se sont produits dans une folle ambiance.
Réalisation Joël Kermabon
Quid du financement, des partenariats ? Là, Bernard Ferrari est très pragmatique. « De partenariat, nous n’en avons pas ! Nous nous auto-finançons à hauteur de 80 % environ, principalement grâce à la billetterie et à la vente de vignettes. »
Mais, selon le directeur technique, l’auto-financement à aussi son revers. « Cela veut simplement dire que, si nous enregistrons une baisse de fréquentation, si nous sommes déficitaires, c’est tout ce qui viendra en moins dans le budget de l’édition 2016… ».
Joël Kermabon