REPORTAGE VIDÉO – La 14e édition de Festiv’Arts s’est déroulée les 11 et 12 avril dans le centre de Grenoble. Un festival des arts de la rue gratuit, amputé cette année de trois jours de spectacles par rapport à 2014. Mais les organisateurs, aidés par près de 60 bénévoles ont fait contre mauvaise fortune bon cœur et ont relevé le défi. Retour sur ces deux jours un peu fous.
Durant tout un week-end, des saltimbanques des arts de la rue ont investi les places du centre-ville de Grenoble dans le cadre de Festiv’Arts. Baladins modernes, théâtre de l’éphémère sur quelques bouts de planches places Claveyson ou Saint-André, jongleurs place aux Herbes, concerts rap et électro sur le parvis de Notre-Dame… mais aussi trois concerts sur une vraie scène installée sur le parvis du musée.
A l’instar d’autres festivals ou événements culturels grenoblois, l’édition 2015 de Festiv’Arts a enregistré un budget en très forte baisse. D’où une programmation forcément réduite, des spectacles faits de bric et de broc, avec les moyens du bord, mais avec passion. Et toujours, l’idée revendiquée avec force par l’association Festiv’Arts de faire de la rue un espace de rencontres et de partages, l’espace de quelques heures, parce que c’est bon, parce qu’il y en a besoin.
Retour en images sur quelques temps forts de la première journée du festival.
Réalisation JK Production
3 000 euros de subventions et un budget de 15 000 euros
Pour l’organisation, ce n’était pourtant pas gagné cette année : « Pour cette 14e édition, nous avons eu en tout et pour tout 3 000 euros de subventions pour un budget de fonctionnement de 15 000 euros ! » explique Adrien Delolme, le trésorier de l’association Festiv’Arts. « Tout le reste provient des recettes de la buvette ! ».
Alors ? Une autre conséquence de la baisse des subventions de la ville de Grenoble ? Non, tout au moins pas directement puisque la Ville n’a pas baissé le montant de son aide. C’est l’arrêt du financement des facultés, à hauteur d’environ 10 000 euros qui grève le budget de l’édition 2015. L’association ayant perdu son statut d’association étudiante, elle n’a dû compter que sur les deux subventions de 1 000 euros et de 2 000 euros accordées respectivement par la Ville et par le conseil départemental. Le compte n’y était donc pas du tout.
Les arts de la rue peu reconnus à Grenoble ?
Un peu amer, le responsable associatif accuse. « Cela fait 14 ans que le festival existe et cela fait 14 ans que nous galérons. Nous n’avons pas beaucoup de reconnaissance de la part de la Ville. L’art de rue était peu soutenu jusqu’à présent. Peut-être que cela va changer ? Mais jusqu’à présent, c’est vraiment dur ! ». Comment faire évoluer la situation ? « En ayant plus de subventions, mais tout le monde en veut. Donc ça va être compliqué ! ».
Adrien Delolme pointe aussi le peu de support de la Ville et le manque de réactivité : « Nous avons obtenu les autorisations de places la veille du festival et les autorisations de débits de boisson juste une semaine avant ! C’est compliqué de mettre en place des choses quand, en face, ça ne répond pas ».
Pour le trésorier, les petits festivals ont toute leur place, il en est convaincu. « C’est important ce genre d’initiative [le festival, ndlr]. Le public est présent, les gens apprécient, ça fait vivre la ville, ça crée de la cohésion sociale… Il y a des choses qui se passent et c’est cela qu’il faut défendre ».
Et de conclure : « Cette année, beaucoup de structures ont vu leurs subventions régresser, sauf les “grosses machines” comme la MC2 ou la Belle Électrique. Elles ont, certes, besoin d’aide mais il faut aussi aider les petites ».
L’essentiel du festival s’est donc concentré cette année sur une unique journée, la deuxième étant consacrée au désormais traditionnel bal folk de clôture. Organisé dimanche au Jardin de ville, celui-ci a attiré de très nombreux danseurs, sous le soleil. Au final, une belle affluence et des spectacles très suivis par un public de tous âges.
Réalisation JK Production
Pourquoi des concerts dans un festival des arts de la rue ?
On pourrait se demander quelle est la place des concerts dans un festival dédié aux arts de la rue. Rappelant l’importance que revêt aux yeux des organisateurs la gratuité totale du festival, Mélody Berthier, régisseuse générale du festival, s’en explique. « C’est un compromis entre les arts de la rue et la musique. Les seules rentrées d’argent proviennent des buvettes et, pour vendre de la bière, il faut organiser des concerts. Pour les concerts de samedi soir, nous avons eu environ 2 000 personnes. C’est cela qui nous permet, à chaque fois, de reconduire le festival d’année en année et de tenir financièrement. »
Joël Kermabon
À voir aussi sur Place Gre’net : L’édition 2014 du festival