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Lucille Lheureux Grenoble publicité © Thierry Chenu

“Nous limi­tons la pub pour mettre en valeur la vie de quartier”

“Nous limi­tons la pub pour mettre en valeur la vie de quartier”

ENTRETIEN – La muni­ci­pa­lité de Grenoble ne renou­velle pas son contrat avec l’af­fi­cheur JCDecaux. Alors que se sont expri­més oppo­sants et sym­pa­thi­sants sur le nou­veau pro­jet de la ville, Lucille Lheureux, élue en charge du dos­sier “pub”, répond aux ques­tions sou­le­vées par cette déci­sion de non-ali­gne­ment par rap­port à une seule logique éco­no­mique. Retour sur une annonce très médiatisée.

Contre la pub mais à fond la com” ! L’annonce du 23 novembre 2014 devait faire date. Pourquoi aurait-il fallu pré­ve­nir tous les médias en même temps ? Le JDD et le Dauphiné Libéré ont été choi­sis entre tous par la muni­ci­pa­lité gre­no­bloise pour lan­cer l’an­nonce. La nou­velle s’est ensuite répan­due comme une trai­née de poudre de Castelmoron-d’Albret jus­qu’à Paris et au delà.

 © JCDecaux

© JCDecaux

Le maire de Grenoble ne renou­vel­lera donc pas le contrat d’af­fi­chage lucra­tif liant depuis 1976, la Ville et le lea­der mon­dial JCDecaux. Il four­nis­sait pour­tant gra­tui­te­ment du mobi­lier urbain pour l’af­fi­chage muni­ci­pal et ce, sur près de 300 faces, ainsi qu’une rede­vance – en moyenne pas moins de 600 000 euros par an à la Ville –, en échange de sur­faces dans l’es­pace public pour les publi­ci­tés de ses clients.

Un coup poli­tique déton­nant. Même le maire de Forcalquier qui, pour­tant, a pris la même déci­sion pour sa com­mune en 2009, s’en est étonné. L’échelle n’est tou­te­fois pas la même. Forcalquier est une petite ville des Alpes-de-Haute-Provence, de moins de 5 000 habi­tants. Le contrat avec l’af­fi­cheur Clear Channel concer­nait en tout et pour tout, trois abris-voya­geurs et sept sucettes. Par ailleurs, l’en­tre­prise ne ver­sait aucune rede­vance à la ville.

Davantage peut-être encore qu’à Forcalquier, Grenoble remet en cause le modèle actuel des affi­cheurs car, en dépit de sa grande force géné­rale, il n’est pas pour autant sans fai­blesses. L’affichage publi­ci­taire a un prix élevé à la seule por­tée des plus riches annon­ceurs ; il génère de la pol­lu­tion visuelle, est davan­tage conçu pour l’au­to­mo­bile que pour les pié­tons et encou­rage l’hy­per­con­som­ma­tion d’a­près les sceptiques.

Basculant vers un modèle de com­mu­ni­ca­tion alter­na­tif, la Ville pro­pose d”“offrir” aux Grenoblois, dès juillet 2015, un dis­po­si­tif d’af­fi­chage libre, à dis­po­si­tion des pié­tons, réservé au sec­teur cultu­rel, aux asso­cia­tions, à l’ex­pres­sion citoyenne et artistique.

Une solu­tion dif­fé­rente, applau­die par les sym­pa­thi­sants du pro­jet, d’au­tant que seront plan­tés de 30 à 50 arbres dès ce prin­temps, en lieu et place des pan­neaux 8 m². Tout un sym­bole ! Dans le débat d’o­pi­nion, les oppo­sants sont mon­tés au cré­neau avec des argu­ments : celui d’une perte inad­mis­sible de recettes pour la ville de Grenoble, sur le fait que c’est le contri­buable qui va payer le nou­veau sys­tème d’af­fi­chage, que des consé­quences éco­no­miques pour le com­merce seraient à redou­ter… Sans oublier l’op­por­tu­nité ratée d’im­plan­ter des pan­neaux numé­riques intel­li­gents dans l’es­pace public gre­no­blois. Mais la nou­velle équipe muni­ci­pale en a ainsi décidé. Le chan­ge­ment, c’est ici et maintenant !

Pour éclai­rer cette déci­sion poli­tique et répondre aux attaques des oppo­sants, Lucille Lheureux en charge du pro­jet “pub” nous a reçus dans son nou­veau bureau à l’Hôtel de ville. Place aux questions-réponses.

En ne renou­ve­lant pas le contrat avec JCDecaux, vous avez fait le choix de mettre fin à la publi­cité dans l’es­pace public géré par la Ville. Pour quelles raisons ?

 © Thierry Chenu

© Thierry Chenu

Aujourd’hui, 75 % des Français consi­dèrent la publi­cité comme enva­his­sante et 85 % la per­çoivent comme intru­sive. On voit donc bien qu’une très grande majo­rité de Français se posent des ques­tions sur la place de la publi­cité dans nos vies en général.

L’information jus­qu’ici dis­po­nible dans l’es­pace public par voie d’af­fi­chage ne répond aux besoins ni des habi­tants, ni des com­mer­çants en géné­ral. Au contraire, elle attire l’œil et détourne l’at­ten­tion de ce qui fait la vie de nos quar­tiers. En plus, l’af­fi­chage publi­ci­taire est à des­ti­na­tion des auto­mo­bi­listes, le long des routes, et ce n’est pas ce que nous souhaitons.

Nous sou­hai­tons ainsi mettre en valeur les com­mer­çants de proxi­mité et le reste de la vie de quar­tier, notam­ment autour des asso­cia­tions et des acteurs cultu­rels. Sans comp­ter l’im­pact sur les enfants. Car si en tant qu’a­dultes, nous pou­vons avoir notre libre arbitre pour résis­ter ou pas à la publi­cité, ce n’est pas le cas des enfants. Et l’on peut légi­ti­me­ment se deman­der dans quelle mesure mettre des écrans publi­ci­taires à la sor­tie des écoles ne va pas limi­ter le pou­voir d’ac­tion de la puis­sance éducative.

Je pré­cise tou­te­fois que nous ne sup­pri­mons pas l’en­semble de la publi­cité à Grenoble. Elle res­tera, en effet, affi­chée sur le mobi­lier du SMTC comme les abri­bus et les abri­tram, où figure la majeure par­tie de l’af­fi­chage publi­ci­taire dans les villes. Demeurera aussi la publi­cité dans le domaine privé, dans les jar­dins et sur les façades des immeubles. Ainsi que les enseignes. Nous libé­rons sim­ple­ment l’es­pace public d’une par­tie de la publi­cité qui y était présente.

Pourquoi n’a­vez-vous pas consulté tous les Grenoblois au préa­lable pour véri­fier leur adhé­sion à cette mesure ?

Parce qu’il s’a­git d’un enga­ge­ment de cam­pagne. L’acteur public prend des déci­sions. Il nous semble qu’il y a des sujets qui prêtent à consul­ta­tion, à concer­ta­tion. Mais là, pour nous, il doit y avoir concer­ta­tion uni­que­ment sur la mise en œuvre du nou­veau dis­po­si­tif d’affichage.

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En effet, notre enga­ge­ment a deux dimen­sions : sor­tir pro­gres­si­ve­ment de la publi­cité, puis ins­tal­ler un nou­veau mode d’af­fi­chage. Les deux sont liés pour nous. Il ne s’a­git pas d’une ques­tion autour de la publi­cité, au sens strict. Le nou­veau dis­po­si­tif met­tra en valeur par la voie de l’af­fi­chage libre ce qui fait la vie et l’a­ni­ma­tion du quartier.

Nous tirons notre légi­ti­mité d’un scru­tin, même si c’est avec une majo­rité faible, de 40 %. Voilà pour­quoi nous veillons tou­jours à mobi­li­ser les dif­fé­rents acteurs, à res­ter ouverts à toutes les pro­po­si­tions et à entendre ce qui se fait.

Nous avons ainsi volon­tai­re­ment défini une période de sept mois avant l’ins­tal­la­tion de ce nou­veau dis­po­si­tif, de manière à prendre le temps avec les dif­fé­rents acteurs d’i­den­ti­fier leurs besoins.

Que répon­dez-vous à ceux qui pensent qu’il s’a­git d’une mesure idéologique ?

Non, l’i­déo­lo­gie n’est pas la rai­son pre­mière. Notre enga­ge­ment de réduire la place de la publi­cité est notam­ment conduit par un tra­vail autour du pay­sage et des pers­pec­tives de la ville, mais aussi par une réflexion autour du consu­mé­risme et de la société de consom­ma­tion. Il y a aussi l’op­por­tu­nité de calen­drier, le contrat de la Ville avec JCDecaux se ter­mi­nant au 31 décembre de cette année. Nous n’a­vons ainsi pas décidé de rompre un contrat. Nous avons sim­ple­ment fait le choix de ne pas en pas­ser un nouveau.

© Joël Kermabon – Place Gre’net

© Joël Kermabon – Place Gre’net

Si nous étions fran­che­ment sur de l’i­déo­lo­gie et que notre sou­hait était de sor­tir stric­te­ment de la publi­cité, nous irions plus loin, notam­ment avec le SMTC. Son pré­sident (Yann Mongaburu, ndlr) est issu de notre majo­rité. Donc, quelque part, nous avons un petit peu la main. Ce n’est donc abso­lu­ment pas notre enga­ge­ment, ni notre volonté aujourd’hui.

Nous avons besoin du mobi­lier de trans­ports en com­mun pour construire des villes autour de ces trans­ports doux. Or, le modèle éco­no­mique qui fonc­tionne aujourd’­hui passe par la publi­cité dans les abri­bus. Nous sommes donc tout à fait prag­ma­tiques à ce sujet.

Finalement, vous n’êtes pas contre la pub alors ?

Non, nous ne sommes pas contre la publi­cité et n’en­ten­dons pas la ban­nir de Grenoble. C’est quelque chose qui existe qui fait par­tie de notre vie. Nous vou­lons juste la réduire dans l’es­pace public.

Lucille Lheureux Grenoble publicité

Lucille Lheureux © Ville de Grenoble

Certains consi­dèrent cette mesure comme révo­lu­tion­naire. Partagez-vous ce point de vue ?

Ce n’est pas une mesure révo­lu­tion­naire. C’est une mesure qui accom­pagne tout sim­ple­ment son temps. Nos villes ont été construites dans les années 60 – 70 autour de la voi­ture et des grandes sur­faces avec cette idée que la société de consom­ma­tion était en plein essor. L’affichage publi­ci­taire est apparu à ce moment-là. Les pan­neaux ont peu à peu envahi nos villes, sont deve­nus de plus en plus grands. On voit bien que, depuis, on n’a eu de cesse de vou­loir les réduire. C’est le cas un peu par­tout en Europe.

Que répon­dez-vous à ceux qui consi­dèrent au contraire qu’il s’a­git d’une mesurette ?

Il s’a­git, à mon sens, d’une mesure qui par­ti­cipe au chan­ge­ment de forme de la ville d’au­jourd’­hui. Je pense que nos espaces publics ne sont plus que des lieux de tran­sit où l’on se rend, où l’on se déplace et ne sont plus des lieux de ren­contres. On n’y trouve plus ce qui exis­tait sur les places de vil­lages, ces lieux où l’on trou­vait des bancs, où l’on pou­vait même sor­tir ses affaires et prendre le café dehors. Or on voit bien qu’au­jourd’­hui les habi­tants des grandes villes recherchent de nou­veau davan­tage de convivialité.

© Joël Kermabon – Place Gre’net

© Joël Kermabon – Place Gre’net

Les attentes por­tant sur les jar­dins par­ta­gés sont aussi de plus en plus grandes. Les gens se tournent de nou­veau vers les assis­tantes mater­nelles, les crèches paren­tales… Il y a aussi la Fête des voi­sins. Tous ces élé­ments nous montrent que les villes retournent actuel­le­ment vers une vie de quar­tier, une vie entre voi­sins. L’espace public doit être le sup­port à cette vie. Et la libé­ra­tion des espaces publics s’in­tègre bien dans ce cadre géné­ral. Nous com­men­çons ainsi à mettre en place des mesures concer­nant la végé­ta­li­sa­tion entre voi­sins. Nous vou­lons aussi tra­vailler sur le mobi­lier dans l’es­pace public et apai­ser les dépla­ce­ments pour rendre ces espaces publics aux pié­tons et à la ren­contre. C’est notre manière de voir la vie aujourd’hui.

L’opposition pense que cette mesure va avoir des consé­quences éco­no­miques néga­tives. Que lui répondez-vous ?

Je ne par­tage pas ce point de vue. A l’heure actuelle, les com­mer­çants gre­no­blois sont extrê­me­ment peu nom­breux à uti­li­ser les faces publi­ci­taires des pan­neaux JCDecaux. Par contre, ils sont nom­breux via les asso­cia­tions de com­mer­çants – Caserne de Bonne, Label Ville etc. – à uti­li­ser les faces muni­ci­pales. Or, nous conti­nue­rons à les mettre à leur dis­po­si­tion dans le nou­veau dis­po­si­tif d’affichage.

JCDecaux affirme pour­tant qu’il tra­vaillait avec 200 acteurs locaux…

Locaux ne veut pas dire gre­no­blois. En fait, il s’a­git essen­tiel­le­ment d’ac­teurs régionaux.

© Joël Kermabon – Place Gre’net

© Joël Kermabon – Place Gre’net

Avez-vous eu des échanges avec JCDecaux avant de prendre votre décision ?

Oui, bien sûr ! Notre déci­sion n’é­tant pas pure­ment idéo­lo­gique, elle néces­si­tait une dis­cus­sion. Nous avons ren­con­tré plu­sieurs fois des repré­sen­tants de l’en­tre­prise JCDecaux, le direc­teur régio­nal et un direc­teur géné­ral. Ils nous ont pré­senté leurs pro­po­si­tions et leurs objec­tifs. Nous avons ensuite dis­cuté des pro­po­si­tions faites par l’en­tre­prise avec l’en­semble de la majo­rité. Ces der­nières por­taient autour des nou­velles formes d’af­fi­chage, des écrans, du numé­rique, de l’af­fi­chage inter­ac­tif etc. Mais ce n’é­tait pas la voie que nous sou­hai­tions prendre. En plus, nous avons pris l’en­ga­ge­ment d’in­ter­dire les pan­neaux 8 m². Compte tenu de toutes nos exi­gences, JCDecaux a annoncé une rede­vance de 150 000 euros par an.

Beaucoup s’é­tonnent et doutent de ce chiffre car on est très loin des 600 000 euros de rede­vance annuelle qui était ver­sés sous l’an­cienne municipalité.

Oui mais sachez que l’a­ve­nant que nous avons passé avec eux, pour enca­drer la dépose du mobi­lier dans les meilleures condi­tions, s’é­lève à 45 000 euros pour trois mois. Cela montre bien que l’on est quand même très éloi­gné des mon­tants de 150 000 euros pour trois mois qui cor­res­pon­draient à une rede­vance annuelle de 600 000 euros.

Considérez-vous que JCDecaux ne prend pas en compte les nou­velles aspi­ra­tions des villes ?

 © JCDecaux

© JCDecaux

Le modèle JCDecaux fonc­tionne extrê­me­ment bien. Ce n’est pas pour rien qu’il s’a­git d’une entre­prise flo­ris­sante. C’est l’un des groupes fran­çais qui fonc­tionne le mieux et qui est implanté par­tout dans le monde. Il pro­pose main­te­nant ce virage du numé­rique. Or, je pense qu’au­jourd’­hui les villes fran­çaises – et plus lar­ge­ment euro­péennes si je m’en réfère à tous les contacts que j’ai pu avoir ces der­nières semaines, y com­pris avec des élus d’autres pays – ont d’autres aspi­ra­tions. Et peut-être même que la publi­cité ne cor­res­pond plus aux attentes des habi­tants ni des res­pon­sables publics. C’est ainsi. Ils n’y peuvent rien.

L’affichage numé­rique ne s’ins­crit-il pour­tant pas dans le label French tech, récem­ment obtenu par la ville ? N’y a‑t-il pas une contradiction ?

Nous ne vou­lons pas renon­cer au numé­rique mais il ne nous semble pas que la Ville doive mettre des écrans publi­ci­taires par­tout dans l’es­pace public. On voit aujourd’­hui que des com­mer­çants gre­no­blois pro­posent des bornes inter­ac­tives déli­vrant des infor­ma­tions dans leur com­merce. C’est quelque chose que l’on encourage.

150 000 euros de recettes en moins par an pour la Ville en temps de crise, avec en plus la baisse de dota­tion de la part de l’État… Était-ce vrai­ment le bon moment de renon­cer à cette redevance ?

© Thierry Chenu

© Thierry Chenu

Cette perte cor­res­pond à 0,04 % du bud­get de la Ville pour 150 000 euros de rede­vance. Si la rede­vance avait été main­te­nue à 600 000 euros, cela aurait cor­res­pondu à 0,2 % du bud­get de la ville. C’est très peu. La baisse de dota­tion de l’État est de 45 mil­lions d’eu­ros sur trois ans, ce qui repré­sente un tout autre montant.

Vous dites com­pen­ser cette perte grâce aux éco­no­mies de frais de pro­to­cole qui s’é­lèvent très exac­te­ment à 196 731,37 euros. Mais il est indi­qué, dans le tableau du bud­get sup­plé­men­taire du der­nier conseil muni­ci­pal, une aug­men­ta­tion du bud­get pro­to­cole de 111 500 euros, entre les mois d’a­vril et aujourd’­hui. Les éco­no­mies des frais de pro­to­cole seraient donc bien moindres qu’annoncées ?

En fait, le chiffre de 196 731 euros cor­res­pond aux frais de pro­to­cole au sens strict : récep­tion, voi­tures de fonc­tion des élus etc. L’augmentation qui appa­raît dans la ligne pro­to­cole du bud­get 2014 ne cor­res­pond pas à des frais de pro­to­cole pro­pre­ment dit, mais aux frais des célé­bra­tions du 70e anni­ver­saire de la libé­ra­tion. C’est une ani­ma­tion mais aussi une célé­bra­tion avec les anciens com­bat­tants. Voilà pour­quoi ces frais appa­raissent dans la ligne protocole.

Je réaf­firme qu’il y a une nette dimi­nu­tion du train de vie de la mai­rie par rap­port à ce qui se fai­sait sous l’an­cienne muni­ci­pa­lité, à hau­teur donc de 196 731,37 euros.

In fine, le contri­buable ne devra-t-il pas de toute façon épon­ger cette perte de rede­vance et payer le nou­veau dis­po­si­tif d’af­fi­chage libre ?

Aujourd’hui, la ville de Grenoble va de toute façon faire face à d’é­normes pertes. 45 mil­lions d’eu­ros sur trois ans à cause de la baisse de dota­tion de l’État. Ce ne sont pas 150 000 euros de rede­vance annuelle pour l’af­fi­chage publi­ci­taire qui per­met­tront de bou­cler un bud­get. Ni même 600 000 euros.

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Surtout, il ne faut pas perdre de vue le sens de notre action. N’oublions pas qu’au­jourd’­hui les asso­cia­tions ne dis­posent d’au­cune sur­face d’af­fi­chage, d’au­cun endroit pour annon­cer les ren­contres du week-end, les tarifs etc. Elles n’ont aucun moyen de mon­trer qu’elles existent dans l’es­pace public. Elles l’au­ront très prochainement.

Votre nou­veau dis­po­si­tif com­prend 300 points d’af­fi­chage. Combien la mise en place des 160 pan­neaux sup­plé­men­taires va-t-elle coû­ter à la Ville ?

Nous allons défi­nir une enve­loppe bud­gé­taire pour l’an­née pro­chaine, dans le cadre du bud­get 2015 actuel­le­ment en construc­tion. Je ne peux rien avan­cer. Le bud­get sera voté en février.

Quelle taille auront ces panneaux ?

On a pris l’en­ga­ge­ment de res­pec­ter le prin­cipe de la liberté de récep­tion des pas­sants. On va donc réduire la taille de l’af­fi­chage. Cela n’aura rien à voir avec les pan­neaux JCDecaux. Nous allons tabler à peu près sur les mêmes tailles que les pan­neaux d’af­fi­chage libre déjà exis­tants dans la ville. Soit, à peu près 1 m².
Il faut noter qu’il y aura trois pan­neaux par point d’af­fi­chage. Il y aura ainsi un pan­neau pour l’af­fi­chage d’o­pi­nion poli­tique, syn­di­cale etc., un pan­neau réservé aux asso­cia­tions et un troi­sième réservé à l’af­fi­chage cultu­rel, notam­ment les affiches de concerts. Le dis­po­si­tif étant tout de même assez impor­tant, le public le verra et, en s’ap­pro­chant, pourra prendre connais­sance de l’in­for­ma­tion qu’il y a dessus.

Vous sou­hai­tez pré­ci­ser les contours de votre nou­veau dis­po­si­tif d’af­fi­chage avec les acteurs cultu­rels et les asso­cia­tions dans un esprit de co-construc­tion. Quels sont les points sur les­quels vous allez dis­cu­ter ensemble ?

La ville entend, en effet, consul­ter dès jan­vier 2015 les acteurs cultu­rels : inter­ve­nants, asso­cia­tions… L’objectif est de bien s’ac­cor­der avec leurs dif­fé­rents besoins.

 © Thierry Chenu

© Thierry Chenu

Nous allons, par exemple, déci­der pré­ci­sé­ment de la taille des pan­neaux et de leur empla­ce­ment, de façon à ce qu’ils puissent tou­cher les publics visés. On va cer­tai­ne­ment les divi­ser pour que plu­sieurs affiches puissent coexis­ter sur un même pan­neau. Peut-être quatre ? Cela reste à dis­cu­ter. Idem pour le nombre de pan­neaux par point d’af­fi­chage. Peut-être qu’à cer­tains endroits, seule­ment deux seront néces­saires, par exemple.

Il va aussi fal­loir net­toyer et entre­te­nir ces pan­neaux. Allez-vous créer des emplois, sous-traiter ?

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Nous avons l’in­ten­tion d’a­voir recours à une entre­prise d’in­ser­tion pro­fes­sion­nelle pour entre­te­nir ce mobi­lier. C’est notre idée et notre objectif.

Dans d’autres villes où le sys­tème existe déjà, la mai­rie prend par­fois com­plè­te­ment en charge l’af­fi­chage. On lui apporte les affiches et c’est elle qui les pla­carde. Parfois, ce sont les acteurs cultu­rels eux-mêmes qui font l’af­fi­chage sur les sur­faces qui leur sont des­ti­nées. C’est le cas à Genève et Lausanne, par exemple. Nous allons donc aussi dis­cu­ter des moda­li­tés de ges­tion avec les dif­fé­rents acteurs, notam­ment cultu­rels, pour voir avec eux com­ment s’or­ga­ni­ser pour la main­te­nance des lieux d’affichage.

Face à la puis­sance de frappe de cer­tains, comme les orga­ni­sa­teurs de spec­tacles capables de cou­vrir d’af­fiches tous les pan­neaux, com­ment vont faire les autres ?

Jusqu’ici, l’af­fi­chage libre à Grenoble n’é­tait pas règle­menté, comme c’est le cas dans d’autres com­munes alen­tour, notam­ment à Saint-Martin-d’Hères où l’af­fi­chage est uni­que­ment d’o­pi­nion. Les annon­ceurs de spec­tacles n’ont pas le droit de béné­fi­cier de cette surface-là.

Les annonces de spec­tacles, en géné­ral, conti­nue­ront d’u­ti­li­ser la par­tie cultu­relle et les asso­cia­tions cultu­relles pour­ront en plus béné­fi­cier de l’af­fi­chage asso­cia­tif. Nous espé­rons que cela per­met­tra à toutes les asso­cia­tions cultu­relles, qui sont aujourd’­hui en concur­rence avec ces annon­ceurs, d’a­voir leur espace spécifique.

Ne crai­gniez-vous pas que cet affi­chage soit moins esthé­tique que les pan­neaux JCDecaux ?

Affichage libre sur colonne - DR

Affichage libre sur colonne – DR

Nous veille­rons à ce que le mobi­lier ait une valeur esthé­tique, notam­ment autour des colonnes d’af­fi­chage cultu­rel qui devront être mises en place. Nous sou­hai­tons vrai­ment trou­ver un mobi­lier qui cor­res­ponde à une iden­tité, à un carac­tère gre­no­blois qui soit spé­ci­fique et, du coup, iden­ti­fié et appré­cié des Grenoblois et auquel ils puissent s’attacher.

L’opposition pense que votre dis­po­si­tif ne va pas régler le pro­blème de l’af­fi­chage sauvage.

L’affichage sau­vage, qui répond au besoin d’ex­pri­mer un mes­sage, existe parce qu’il y a de la concur­rence. En met­tant à dis­po­si­tion des sur­faces dédiées à l’af­fi­chage d’o­pi­nion et à l’af­fi­chage asso­cia­tif, nous espé­rons ainsi le dimi­nuer fortement.

En contre­par­tie, la ville sera plus sévère sur l’af­fi­chage d’o­pi­nion et asso­cia­tif sau­vage. Il y aura une fac­tu­ra­tion des frais de nettoyage.

Parallèlement à la mise en place du nou­veau dis­po­si­tif d’af­fi­chage, vous allez plan­ter de 30 à 50 arbres. Combien cela va-t-il coûter ?

Ballade en vélo pour l'inauguration de l'exposition Reg'Art

© Joël Kermabon – Place Gre’net

Planter un arbre sur la voi­rie coûte jus­qu’à 4 000 euros. Ce qui revient extrê­me­ment cher, c’est de creu­ser le trou. Là, nous allons pro­fi­ter des fosses qui vont être créées par le démon­tage des pan­neaux Decaux. C’est donc une vraie oppor­tu­nité. Cela va nous per­mettre de plan­ter des arbres à moindre coût. Des arbres que nous aurions de toute façon plan­tés car il s’a­git de l’un des enga­ge­ments que nous avions pris.

Vous avez lar­ge­ment com­mu­ni­qué dans les médias natio­naux sur cette mesure. Espérez-vous qu’elle fasse des émules ?

Pour nous, il était inté­res­sant de mon­trer ce qui se fai­sait à Grenoble. La ville n’est pas un labo­ra­toire. Nous ne sommes pas là pour tes­ter des choses mais pour mettre en œuvre des mesures qui répondent à des attentes. Si cela peut ser­vir d’exemple à d’autres élus, à d’autres com­munes et à faire émer­ger de nou­velles idées, eh bien tant mieux !

Propos recueillis par Véronique Magnin

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L’opposition a du mal à ava­ler la fin des suçettes Decaux

Véronique Magnin

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Joan Miró, Bleu II, 4 mars 1961 © Succession Miró / ADAGP, Paris 2024 © Collection Centre Pompidou, Musée national d’art moderne - Crédit photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-GP
“Miró, un bra­sier de signes” : 130 chefs‑d’œuvre du peintre cata­lan, dont le trip­tyque des Bleu, expo­sés au musée de Grenoble

FOCUS - L'artiste catalan Joan Miró est à l’honneur au musée de Grenoble du 20 avril au 21 juillet 2024 avec une grande exposition temporaire Lire plus

Flash Info

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