FOCUS – Vinci-Codex, le Samu social de Grenoble fêtera prochainement ses 25 ans d’existence. Afin de marquer l’événement, l’association organise une soirée le 21 mai prochain sur le site de la Bastille. Stéphane Gemmani, son président-fondateur lance à cette occasion un appel à contribution sur la plateforme Ulule. L’ancien élu nous en dit davantage sur cette initiative et revient sur la politique menée en matière d’hébergement d’urgence dans l’agglomération grenobloise.
Chaque soir, quelle que soit la saison, des bénévoles du Samu social partent en maraude dans les rues de l’agglomération grenobloise. Fondée en octobre 1990, l’association Vinci-Codex poursuit ainsi, depuis 25 ans, son travail de terrain pour venir en aide aux sans abris et demandeurs d’asile.
A l’occasion de ce vingt-cinquième anniversaire, l’association organise le 21 mai prochain une soirée sur le site de la Bastille. Outre l’aspect festif, cette « nuit de l’engagement » permettra avant tout de réunir, le temps d’un soir, anciens et futurs bénévoles. Afin de financer cet événement, Stéphane Gemmani, président-fondateur du Samu social, a lancé la semaine passée un appel à contribution sur Internet, via la plateforme de financement participatif Ulule.
Vinci-Codex, un anniversaire engagé
« L’idée est de faire contribuer des personnes, de façon à réduire les coûts de cette soirée, mais aussi d’informer sur les différentes actions menées et notamment l’hébergement alternatif. Cette opération de crowdfunding démarre mollement pour l’instant car il y a eu peu de relais au niveau des médias » déplore-t-il.
L’association recherche, en effet, 3 500 euros et seul 6 % de l’objectif a été atteint pour le moment. Cette soirée sera aussi l’occasion pour Vinci-Codex, de recruter. La structure compte, à ce jour, plus d’une centaine de bénévoles mais seuls 40 sont réellement actifs. Des effectifs insuffisants pour répondre à la demande et aux besoins des sans abris. « Il nous faudrait 120 bénévoles qui tournent tous les mois » explique Stéphane Gemmani, avant d’ajouter : « quelle que soit la saison, Vinci-Codex est très énergivore » dans ce domaine.
Une accoutumance à la misère
Une prise de conscience générale est donc nécessaire, selon lui. « L’individualisme est de plus en plus récurrent et la misère de plus en plus acceptée. Il y a comme une accoutumance » constate Stéphane Gemmani.
« Avec le virus Ebola, le message est d’autant plus parasité que certains nous demandent s’il est dangereux de côtoyer ces populations. Nous sommes rattrapés par un battage médiatique. Effectivement, il y a de plus en plus de demandeurs d’asile qui viennent des pays d’Afrique. Mais nous avons plus de problèmes liés à la pauvreté que des problèmes sanitaires ou viraux. »
Et d’ajouter que la politique actuellement menée à l’échelle locale est un échec. « Je suis outré par la position de la Métro et du maire de Grenoble sur l’hébergement d’urgence. Si l’on se dit responsable politique, il faut regarder les autres responsables politiques qui ont des pratiques de terrain. Un article dans Libération ne suffit pas à faire bouger les choses » martèle-t-il.
« Cinq générations de demandeurs d’asile »
Conscient de la situation actuelle, l’ancien conseiller municipal estime que « le terreau de misère va prendre de l’ampleur » si une gestion pragmatique et durable n’est pas mise en place. « Nous sommes partis pour plus de cinq générations de demandeurs d’asile venant du monde entier, auxquelles s’ajoutent les personnes en grande précarité. L’État est aujourd’hui en constat d’échec. Il faut donc mener une politique à l’échelle intercommunale » ajoute-t-il.
Aujourd’hui, Stéphane Gemmani se dit toujours prêt à travailler et à apporter sa contribution à l’hébergement d’urgence diffus, même si son association est exclue à l’heure actuelle du dispositif mis en œuvre sur l’agglomération grenobloise.
Maïlys Medjadj
Débat Place Gre’net sur l’hébergement d’urgence
Place Gre’net organise le 27 novembre 2014, un débat « Hébergement d’urgence : quelles issues au fatalisme ? ». Cette soirée sera l’occasion de faire un état des lieux de la prise en charge des personnes en grande précarité dans l’agglomération grenobloise, d’évoquer les différents modèles en la matière et de présenter quelques initiatives innovantes mais encore marginales.
Pour y assister, rendez-vous de 20 heures à 22 heures à l’auditorium de la Maison des associations, 6 rue Berthe de Boissieux, à Grenoble.