Exposé à une particule radioactive sur un chantier de démantèlement du CEA le 23 août 2013, l’ex-salarié de D&S a déposé plainte auprès du tribunal de grande instance de Grenoble. Pour le réseau Sortir du nucléaire, partie civile, le travailleur a été irradié en raison d’insuffisances dans la préparation de l’intervention.
Il avait été exposé le 23 août 2013 à une particule radioactive sur un chantier de démantèlement du CEA de Grenoble. Cet ancien travailleur du nucléaire vient de porter plainte auprès du tribunal de grande instance de Grenoble contre le CEA et son sous-traitant, la société D&S. Le tout en lien avec le réseau Sortir du nucléaire, qui s’est porté partie civile. L’association dénonce les insuffisances dans la préparation du chantier et s’étonne du reclassement de l’incident survenu sept mois après les faits.➔ Pour aller plus loin : télécharger le PDF de la plainte de Sortir du nucléaire.L’incident était intervenu alors que le salarié travaillait à déblayer des gravats et déchets issus du démantèlement du laboratoire d’analyse des matériaux activés (Lama). Le travailleur avait alors été exposé à une particule radioactive, composée majoritairement de césium-137, qui n’aurait jamais dû se trouver là, comme l’avait confirmé à Place Gre’net, Didier Bordes, le directeur du CEA. Dans un premier temps classé en niveau 2 par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) après expertise du dosimètre passif du travailleur, l’incident avait été reclassé, en mars 2014, en niveau 1 par l’Autorité de sûreté de nucléaire (ASN) *. Pourquoi ce reclassement ? Pour l’ASN, qui parle « d’exposition présumée », les mauvaises conditions d’utilisation de l’appareil de mesure de la radioactivité sont en cause.
Déclaration tardive de l’incident
Licencié pour faute lourde en octobre 2013, l’ex-salarié n’a eu de cesse, depuis, de défendre sa cause et de pointer les lacunes dans la préparation du chantier. Lacunes relevées par l’ASN lors d’inspections en septembre 2013… Et pointées par Sortir du nucléaire. « Au lieu de protéger les travailleurs qu’elle emploie, l’industrie nucléaire préfère les accuser lorsqu’elle se trouve en faute !, dénonce Sortir du nucléaire. Les travailleurs du nucléaire sont les premières victimes de cette industrie ». Y‑a-t-il eu dépassement des limites réglementaires ? Et pourquoi l’incident a‑t-il été déclaré si tardivement ? Survenu le 23 août, il avait été officiellement signalé le 3 septembre 2013. Un délai sur lequel s’interroge l’association. « Le dosimètre n’a finalement été envoyé au laboratoire que le 28 août, soit plus de cinq jours après l’irradiation du travailleur qui, pendant ce temps, a continué à être envoyé en zone nucléaire, en dépit de ses inquiétudes ». Patricia Cerinsek * En raison du dépassement d’une limite réglementaire de dose, l’événement avait été classé au niveau 2 de l’échelle internationale de gravité des événements nucléaires et radiologiques (Ines), graduée de 0 à 7.A lire également sur Place Gre’net : - CEA : un ouvrier exposé à une importante dose radioactive - CEA : « des gens ont pu être contaminés avant » - Salarié irradié sur le site du CEA : qui dit vrai ? - Chantier du CEA : l’incident reclassé