FOCUS – La première proposition de loi retoquée, un second texte va être déposé devant les députés cet été pour tenter de lutter contre la propagation de l’ambroisie, cette plante allergène qui a envahi la région Rhône-Alpes. L’Isère est le deuxième département le plus touché de France. Mais cette plante, indicateur de l’état des sols, n’envoie-t-elle pas un signal ?
L’ambroisie devrait refaire un tour sur les bancs de l’Assemblée nationale cet été. A la faveur d’une nouvelle proposition de loi, la plante qui a envahi l’Isère – au point d’être devenue incontrôlable – va-t-elle faire l’objet d’un plan de lutte à la hauteur de la menace qu’elle fait peser sur l’agriculture et la santé humaine ? Il y a un an, le comité parlementaire de suivi du risque ambroisie, emmené par le député UMP de l’Isère Alain Moyne-Bressand, avait proposé une première mouture. Retoquée. Le texte, circonscrit à la seule ambroisie, avait été jugé trop limité. Il a donc fallu voir plus large. Et englober dans ce texte, outre l’ambroisie, d’autres plantes considérées comme invasives, comme la renouée du Japon, le datura, l’orobanche et la berce du Caucase.Rhône-Alpes, région la plus infestée de France
Un plan de lutte, national cette fois, est donc dans les tuyaux. Car, pour l’heure, les arrêtés préfectoraux et autres plans départementaux se sont avérés particulièrement inefficaces. La plante progresse chaque année un peu plus. Or, avec 40 000 hectares de surfaces touchées, Rhône-Alpes est la région la plus infestée de France. Tous les ans, ce sont ainsi 800 hectares de plus qui sont envahis par l’ambroisie. Et sa propagation n’est pas sans danger. Économique, tout d’abord, car l’ambroisie entre en concurrence avec d’autres cultures. Mais aussi sanitaire car le pollen de l’ambroisie est particulièrement allergisant. Une véritable menace de santé publique, même, puisqu’on estime que 10 % de la population de Rhône-Alpes serait allergique. En 2012, les soins en rapport avec cette allergie ont coûté entre 11 et 16 millions d’euros, d’après l’Agence régionale de santé (ARS). Un message d’alerte L’ambroisie, mauvaise herbe ? Invasive assurément. Allergène aussi. Tout comme la berge du Caucase est irritante et la datura toxique. N’empêche… Ces plantes que l’on veut éliminer ne sont-elles pas également des témoins parfois dérangeants ? Pour le botaniste Gérard Ducerf, auteur de l’Encyclopédie des plantes bio-indicatrices, « la germination de la graine d’ambroisie est due à la perte d’humus, à la déstructuration des argiles par les intrants chimiques, qui provoque la perte de cohésion des sols réduits en poussière. L’ambroisie nous dit « vous fabriquez un désert artificiel » ». De même, la renouée du Japon est un indicateur d’une pollution des sols par les métaux lourds, et notamment l’aluminium. Le datura est le témoin de sols pollués par les pesticides. Un message d’alerte en somme… Patricia CerinsekA lire également sur Place Gre’net : - Ambroisie, alerte allergie