DÉCRYPTAGE – Le lien entre toxoplasmose et schizophrénie se précise. Grâce aux travaux de chercheurs grenoblois pilotés par Mohamed-ali Hakimi, on en sait plus sur les mécanismes de cette maladie, surtout connue chez la femme enceinte. Le parasite de la toxoplasmose met au point une stratégie ingénieuse pour prendre le contrôle des cellules.
Toxoplasma gondii, le parasite de la toxoplasmose, est étudié de très près depuis une dizaine d’années par les chercheurs grenoblois – © Photo Mohamed-ali Hakimi
Les excréments de chat sont un vecteur de la toxoplasmose. © purina.fr
L’équipe dirigée par Mohamed-ali Hakimi (au second rang, quatrième à partir de la droite) a étudié le cerveau de souris infestées par le parasite © Photo Mohamed Hakimi
Invasion d’une cellule par Toxoplasma gondii. © Dr. Isabelle Tardieux
Dans le corps humain, ce don d’ubiquité ressemble à s’y méprendre à une prise d’otage. Infecté, le corps déclenche une réaction inflammatoire pour lutter contre le parasite. Laquelle est suivie d’une contre-inflammation, histoire de conserver deux-trois parasites et perpétuer l’espèce… « Le parasite prend le contrôle de l’expression du génome de sa cellule hôte », explique Mohamed-ali Hakimi. Comment ? Par quels moyens de communication ? C’est ce qui intéresse les chercheurs. « On étudie à la fois ces voies de signalisation et les facteurs exogènes du parasite qui vont bouleverser la cellule et rendre l’environnement favorable au développement du parasite ». Objectif, à terme ? Déjouer ces voies de communication en brisant les interactions entre les protéines du parasite. « On cherche à comprendre quelle est la communication entre l’hôte et le parasite pour, plus tard, prévenir les maladies endémiques ». Patricia Cerinsek * L’infection est également dangereuse chez les personnes immuno-déprimées, atteintes du virus du Sida ou ayant subi une greffe d’organe.Sciences de la vie : deux équipes de chercheurs de l’UJF récompenséesDix-neuf projets français se sont vu attribuer une bourse dans le cadre du dernier appel du septième programme-cadre de recherche et de développement européen du Conseil européen de la recherche (ERC). Cet appel récompense les meilleurs chercheurs qui ont entre sept et douze ans d’expérience après leur thèse. Deux équipes de l’Université Joseph-Fourier de Grenoble ont été ainsi été récompensées pour leurs travaux en sciences de la vie par une bourse qui leur permettra de poursuivre leurs travaux. A l’image de celle encadrée par Olivier David (Inserm-UJF-CHU Grenoble). Son objet d’étude ? La stimulation électrique directe des régions corticales du cerveau chez des patients souffrant d’épilepsie et résistant aux traitements médicamenteux. Pour cela, les chercheurs utilisent des électrodes intracrâniennes. L’objectif est de développer des méthodes d’analyse pour créer une nouvelle carte de l’imagerie neuronale du cerveau humain qui sera, par la suite, consultable par la communauté scientifique. Pour les chercheurs, il s’agit de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau et de développer de nouveaux outils cliniques pour l’évaluation chirurgicale.© GIN – Olivier David