Jean-Pierre et Luc Dardenne étaient ce vendredi à Grenoble. Les deux réalisateurs belges, parrains du cinéma le Club, ont inauguré les nouveaux locaux de la salle d’arts et d’essai située rue du Phalanstère, entièrement rénovée depuis l’été 2013. Rencontre avec deux cinéastes de talent.
Jean-Pierre et Luc Dardenne sont de ces cinéastes que l’on ne présente plus. Membres du club très restreint des réalisateurs deux fois lauréats de la Palme d’or au Festival de Cannes (pour « Rosetta » en 1999 et « L’Enfant » en 2005), les réalisateurs belges sont, depuis peu, les parrains du cinéma le Club. Rachetée en 2012 par un trio composé de Patrick Ortega, Pierre Degardebosc et Martin Bidoux, la salle a subi toute une série de travaux durant l’été 2013. Aujourd’hui entièrement repensée, elle accueillait vendredi soir les frères Dardenne qui présentaient au public « Le Silence de Lorna » réalisé en 2008. « Loin des paillettes, ils mettent en lumière le travail des artisans invisibles qui participent à la réussite de leurs œuvres » souligne Patrick Ortega, le directeur de la salle. Le Club, un cinéma qui donne une vie aux films Le parrainage du cinéma Le Club est un nouvel exemple de leur engagement au service du septième art. « Habitant en Belgique, j’ignorais que le cinéma Le Club rouvrait mais quand les propriétaires nous ont sollicités, nous avons accepté tout de suite » explique Luc Dardenne. « C’est important qu’il y ait un cinéma dans une ville comme Grenoble car il donne une vie à nos films » ajoute le réalisateur. Même constat du côté de Jean-Pierre, l’aîné. « Il est important que les cinéastes puissent soutenir l’ouverture ou la réouverture de salles de cinéma qui sont des lieux où l’on peut découvrir des films qu’il est parfois difficile de voir dans d’autres pays. » Pour lui, les cinémas sont ainsi des endroits où l’on est le plus « en connexion » avec le reste du monde. « Des cinémas comme Le Club projettent des longs-métrages étrangers. Et ces films, quel que soit leur genre, apportent des nouvelles du monde entier ». « Deux jours, une nuit » devrait être prêt pour le festival de CannesA l’occasion de leur venue, le député-maire, Michel Destot, leur a aussi remis la médaille de la Ville pour l’ensemble de leur carrière. Une distinction de plus à leur palmarès. Mais comme aime à le rappeler Luc Dardenne, « ce n’est pas un besoin de reconnaissance pour nous-mêmes mais pour nos films ». « Être Palme d’or c’est bien, mais encore faut-il que le public aille ensuite voir nos réalisations » ajoute modestement le cinéaste. « On n’est jamais aussi heureux que quand le public se déplace pour les découvrir. Le fait d’être à Cannes et au Palmarès d’autant plus leur donne une visibilité beaucoup plus grande. Le public peut, en effet, y être sensible ». Interrogés sur leurs futurs projets cinématographiques, les frères Dardenne restent très discrets. « Nous terminons avant tout notre film en cours » expliquent-ils avec malice. Jean-Pierre et Luc Dardenne montent actuellement leur dernier long-métrage, « Deux jours, une nuit », avec à l’affiche Marion Cotillard. L’actrice oscarisée en 2008 pour « La Môme » y incarne Sandra, une jeune femme qui, aidée par son mari (Fabrizio Rongione), ne dispose que d’un week-end pour convaincre ses collègues de renoncer à leur prime afin qu’elle puisse conserver son emploi. Le film devrait être prêt pour le mois de mai et donc le 67ème festival de Cannes qui aura lieu du 14 au 25 mai prochain. Maïlys Medjadj
Filmographie des Frères Dardennne 2013 – Deux jours, une nuit 2011 – Le gamin au vélo (Grand Prix au Festival de Cannes) 2008 – Le silence de Lorna (Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes) 2007 – Dans l’obscurité 2005 – L’enfant (Palme d’or au Festival de Cannes) 2002 – Le Fils 1999 – Rosetta (Palme d’or et prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes) 1996 – La promesse