Après le déblocage par les forces de l'ordre d'Athanor, le site est de nouveau bloqué, avec une grève du ramassage en attendant une réunion ce 27 mars.

Recyclage des déchets : peut mieux faire

Recyclage des déchets : peut mieux faire

DÉCRYPTAGE – Ils sont sou­vent recy­clables, mais pas tou­jours recy­clés. Dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise, un déchet sur deux finit encore enfoui sous terre ou inci­néré. État des lieux, alors que la Métro pro­pose jus­qu’au 24 novembre de mul­tiples ani­ma­tions pour sen­si­bi­li­ser au tri, dans le cadre de la Semaine euro­péenne de réduc­tion des déchets.

A Grenoble, le recyclage des déchets a encore une bonne marge de progression. Un déchet sur deux finit est actuellement enfoui ou incinéré.

© DR Métro

Aujourd’hui, moins d’un déchet sur deux pro­duits dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise est recy­clé ou valo­risé. Le reste ? Majoritairement inci­néré ou mis en décharge. Ainsi, seuls 44 % des déchets pro­duits sur l’ag­glo­mé­ra­tion sont réin­jec­tés dans le cir­cuit. C’est certes plus que les objec­tifs du Grenelle de l’en­vi­ron­ne­ment pour 2012 mais encore loin des 53 % fixés pour 2017. Et très loin des taux pra­ti­qués en Europe, où la France fait figure de cham­pionne toutes caté­go­ries de l’incinération.
En atten­dant, pour les col­lec­ti­vi­tés qui ont récu­péré la com­pé­tence ges­tion des déchets, c’est le casse-tête. Comment réduire les déchets, sans se lan­cer dans des pro­grammes trop ambi­tieux et trop coûteux ? 
Erreurs d’ai­guillage, mau­vaise volonté…

Aujourd’hui, on trouve encore 20 % de papier dans les pou­belles grises de la Métro, alors que celui-ci devrait atter­rir dans les conte­neurs verts, dédiés aux embal­lages car­ton… La péda­go­gie et les cam­pagnes se sen­si­bi­li­sa­tion por­tées par Super Tri ren­contrent tou­jours leurs limites face à la mau­vaise volonté.
Et si, à Voiron, les habi­tants ont déjà une troi­sième pou­belle, dédiée aux seuls papiers, cette solu­tion ne semble pas envi­sa­gée de si tôt dans l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise, où l’ha­bi­tat, à 85 % col­lec­tif, est un fac­teur de difficultés.

Même constat mitigé pour le verre : chaque année, 9 000 tonnes partent ainsi dans l’in­ci­né­ra­teur, au lieu de finir dans les conte­neurs dédiés. Résultat : il y a autant de verre dans les pou­belles grises que dans les 900 colonnes à verre de l’agglomération.

Neuf cent colonnes à verre jalonnent le territoire de la Métro. Pourtant, 9000 tonnes de verre atterrissent encore dans la poubelle grise. © Patricia Cerinsek

Neuf cent colonnes à verre jalonnent le ter­ri­toire de la Métro. Pourtant, 9000 tonnes de verre atter­rissent encore dans la pou­belle grise. © Patricia Cerinsek/placegrenet.fr

Quant au pot de yaourt, il finit par­fois, conscien­cieu­se­ment lavé, dans la pou­belle verte. Un clas­sique qui est aussi une aber­ra­tion. Car tout comme les bar­quettes plas­tique, les films poly­sty­rène et autres sachets du même aca­bit, le pot de yaourt ne se recycle pas. Ou pour être plus pré­cis ne se recycle plus.
… et filières défaillantes
Jusqu’en 2001, ces plas­tiques étaient en effet ache­mi­nés jus­qu’au site de Domène, où ils étaient recy­clés. Aujourd’hui, direc­tion la pou­belle grise ! Seuls les plas­tiques por­tant un bou­chon sont encore recy­clables. Décidément, on progresse…

Chaque seconde, 7 kg de déchets sont pro­duits sur l’ag­glo 
Au final, un Grenoblois pro­duit 538 kg de déchets par an. Une petite mon­tagne de déchets à lui tout seul. Pourtant il y a un léger mieux. En 2009, ses pou­belles pesaient 541 kg. Comment les allé­ger un peu plus ? En pri­vi­lé­giant d’autres cir­cuits. C’est dans ce sens que la Métro a mis en place, jus­qu’au 24 novembre, un pro­gramme de sen­si­bi­li­sa­tion axé autour de dif­fé­rentes filières de récu­pé­ra­tion, dans le cadre de la Semaine euro­péenne de réduc­tion des déchets

Trois à quatre kilos de textile par habitant et par an : le vêtement aussi se recycle. Mais on estime que seuls 10 % sont réutilisés en France. © Patricia Cerinsek

Trois à quatre kilos de tex­tile sont récu­pé­rés par habi­tant et par an : le vête­ment aussi se recycle. Mais on estime que seuls 10 % sont réuti­li­sés en France. © Patricia Cerinsek/placegrenet.fr

Réemploi de vélos et de maté­riel élec­tro­nique, récu­pé­ra­tion de vête­ments, retape de meubles, de jouets… Les asso­cia­tions et chan­tiers d’in­ser­tion se sont par­ti­cu­liè­re­ment sai­sis de la ques­tion dans la région. Notamment sur le mar­ché du textile. 
3 à 4 kg de tis­sus sont ainsi récu­pé­rés par an et par habi­tant. Les colonnes à vête­ments débordent. Mais après, que deviennent ces tex­tiles ? « On estime que 10 % sont réuti­li­sés en France et 40 % vont à la fri­pe­rie essen­tiel­le­ment afri­caine, pro­ba­ble­ment réem­ployés », pré­cise Philippe Glasser, res­pon­sable déchets à la Métro. Vous avez dit cir­cuit court ?
Difficile de recy­cler local
Traiter les déchets au plus près de la source fait désor­mais par­tie des impé­ra­tifs. Mais encore fau­drait-il que les filières soient en place. Ce qui est encore loin d’être le cas… Difficile, dans ces condi­tions, de recy­cler local.
Ainsi, les jour­naux en bon état sont recy­clés chez un pape­tier d’Épinal. Les papiers en moins bon état sont, quant à eux, trans­for­més en car­ton ondulé au pays basque espa­gnol, voire en Chine… Les métaux recy­clés s’en vont sur le site sidé­rur­gique de la Fos-sur-Mer, quand les plas­tiques prennent la direc­tion de l’Allemagne ou de l’Espagne. Parfois de la France… Le verre atter­rit en Haute-Loire.
Pour ce qui est des encom­brants, ils sont eux désos­sés et les pan­neaux de bois envoyés pour être retrai­tés en Italie. Enfin, quand ils ne finissent pas inci­né­rés… Seuls les déchets verts sont trai­tés sur place, sur les deux plate-formes de La Buisse et Saint-Quentin-en-Isère.
Et pour cause, le déchet étant devenu un pro­duit comme un autre. Il n’est pas ques­tion de le recy­cler sans étu­dier sa dimen­sion éco­no­mique. « La com­mer­cia­li­sa­tion des sous-pro­duits de recy­clage est sou­mise au régime des mar­chés », sou­ligne Philippe Glasser. « On est sur des valeurs mon­diales. »
Aujourd'hui, le papier est jeté avec les emballages carton. La troisième poubelle (comme ici à Voiron) n'est pas encore à l'ordre du jour de la Métro. © Patricia Cerinsek/ placegrenet.fr

Aujourd’hui, le papier est jeté avec les embal­lages car­ton. La troi­sième pou­belle (comme ici à Voiron) n’est pas encore à l’ordre du jour de la Métro. © Patricia Cerinsek/ pla​ce​gre​net​.fr

Les indus­triels traînent des pieds
En tout cas, en amont comme en aval, les indus­triels ne se pressent guère au por­tillon. Le sec­teur agro-ali­men­taire conti­nue d’emballer à tout-va. A Grenoble, le poids des embal­lages car­ton dans les pou­belles est ainsi passé de 8 kg/an et par habi­tant en 2008 à 9,4 en 2012, soit un total de 3 785 tonnes. 
Le mar­ke­ting conti­nue ainsi d’im­po­ser ses règles dans tous les domaines. Le verre consi­gné n’y a d’ailleurs pas résisté, après avoir été confronté à des règles de plus en plus contrai­gnantes sur le plan de la sécu­rité alimentaire.
Dans ce contexte, gérer les ordures ména­gères est devenu émi­nem­ment com­plexe. De quoi expli­quer que le bud­get de la Métro dédié à la ges­tion des ordures atteigne aujourd’­hui 45 mil­lions d’euros. 
Patricia Cerinsek 
Les déchets en chiffres
A Grenoble, le recyclage des déchets a encore une bonne marge de progression. Notamment le verre recyclé

© DR Métro

Recyclés ou inci­né­rés ? Le Grenoblois moyen pro­duit chaque année 538 kg de déchets. Si 242 kg sont recy­clés ou valo­ri­sés en com­post et gra­vats (44,1%), 236 kg sont inci­né­rés (43,7 %), les col­lec­ti­vi­tés et indus­triels par­lant pudi­que­ment de « valo­ri­sa­tion éner­gé­tique ». Les 12 % res­tants ne sont pas encore valo­ri­sés. Ce sont essen­tiel­le­ment des encom­brants ou des DMS (déchets ména­gers spé­ciaux), qui sont enfouis ou traités.
Enfin moins de déchets ? On le sait, la coupe est pleine. Mais, depuis trois ans, les ton­nages col­lec­tés sont à la baisse. C’est léger (-2,7 % pour le verre et ‑2 % dans les déchet­te­ries), voire très léger (-0,5% pour les pou­belles grise et verte) mais les niveaux de 2012 ont rejoint ceux de 2010.
Triés puis… inci­né­rés. Près de 115 000 tonnes de déchets issus des pou­belles grises et vertes, arrivent chaque année au centre de tri d’Athanor à La Tronche. Plus de 70 000 tonnes fini­ront dans l’in­ci­né­ra­teur, essen­tiel­le­ment des déchets issus de la pou­belle grise qui n’ont pas leur place dans le centre de compostage. 
1 déchet sur 2 recy­clé. Sur les 28 000 tonnes de déchets jetés dans la pou­belle verte, donc à priori recy­clables, seules 17 000 tonnes pour­ront être recy­clées après pas­sage au centre de tri.
Boucle pas bou­clée. Ce n’est pas parce que vous avez apporté vos rebuts en déchet­te­ries que la boucle de l’é­co­no­mie cir­cu­laire est bou­clée. Ainsi, 63 % des déchets y sont recy­clés, 30 % finissent en décharge, 6 % sont incinérés.
Les recy­clés. Le verre (8 615 tonnes), les car­tons et papiers (203 tonnes), les maté­riaux (32 831 tonnes), l’a­lu­mi­nium ( 84 tonnes) et l’a­cier (825 tonnes).
Les déchets verts sont traités sur deux plate-formes dédiées : à La Buisse et Saint-Quentin-en-Isère. © Patricia Cerinsek

Les déchets verts sont trai­tés sur deux plate-formes dédiées : à La Buisse et Saint-Quentin-en-Isère. © Patricia Cerinsek

Les valo­ri­sés. Les gra­vats pour le BTP (23 164 tonnes), les matières trai­tées et le com­post (13 721 tonnes) et les déchets végé­taux (20 876 tonnes).
Les trai­tés. Les DMS, bat­te­ries et piles (464 tonnes), les mâche­fers et rési­dus issus de l’in­ci­né­ra­tion (19 370 tonnes).
Les inci­né­rés. Les 95 000 tonnes d’or­dures ména­gères de la Métro (175 000 tonnes, si l’on ajoute les déchets hors Métro), inci­né­rées, four­nissent de la cha­leur (324 294 MWh) et de l’élec­tri­cité ( 36 059 MWh). De quoi ali­men­ter un tiers des besoins du réseau de chauf­fage urbain qui des­sert 90 000 équi­va­lents loge­ments, argue la Métro. Un argu­ment balayé par les oppo­sants à l’in­ci­né­ra­tion qui dénoncent une pra­tique pol­luante à l’ef­fi­ca­cité éner­gé­tique limitée.
Les enfouis. Les REFIOM, rési­dus d’é­pu­ra­tion des fumées d’in­ci­né­ra­tion des ordures ména­gères (4 578 tonnes), les monstres (4 tonnes), les refus inertes de com­pos­tage (7 585 tonnes), les encom­brants, l’a­miante et les déchets de voi­rie (19 101 tonnes).

Patricia Cerinsek

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