EN BREF — Le collectif Les Jardins de l’Abbé refuse de s’avouer vaincu. Alors que son projet de verger collectif rue Abbé-Grégoire a été retiré des votes dans le cadre du budget participatif de la ville de Grenoble, ses porteurs contestent la décision qu’ils jugent contraire au règlement du dispositif. Et annoncent déposer un recours en référé devant le tribunal administratif.
Pour le collectif Les Jardins de l’Abbé, la pilule ne passe décidément pas. En juillet, les porteurs du projet de verger collectif rue Abbé-Grégoire, présenté dans le cadre du budget participatif de la ville de Grenoble, apprenaient que l’aventure n’irait pas plus loin. Motif ? « La parcelle imaginée (…) faisait déjà l’objet d’une étude engagée par la Ville », écrit la municipalité. Le collectif conteste. Et annonce déposer un recours en référé devant le tribunal administratif de Grenoble.
Pourquoi une telle colère ? Parce que le projet avait, dans un premier temps, été déclaré éligible par les services de la Ville. Il avait ainsi pu participer au Forum des idées. C’est dans un deuxième temps, au moment de la vérification de sa faisabilité, qu’il a finalement été disqualifié et retiré des votes. « Comment la Ville peut-elle qualifier notre projet de verger d”“éligible” début mars et de “non-éligible” trois mois plus tard ? », interroge (une nouvelle fois) le collectif.
La ville de Grenoble accusée de trahir son propre règlement
Pour Les Jardins de l’Abbé, la Ville n’applique ainsi pas son propre règlement. « Une fois la phase 1 achevée, on ne peut plus en phase 3, comme le revendique la Ville, rediscuter “l’éligibilité” du projet mais seulement vérifier sa ”faisabilité technique, juridique, financière”, ce qui est fondamentalement différent », jugent les membres du collectif. A leurs yeux, une « étude sur un potentiel projet » ne constitue pas un « projet programmé ».
Le collectif conteste également de nouveau qu’une autre proposition de terrain ait été formulée par la municipalité. Et cite Place Gre’net autant que Le Dauphiné Libéré. Médias dans lesquels la Ville évoque cette proposition alternative, avant de préciser qu’elle avait été formulée oralement lors d’un second rendez-vous. « Il n’y a jamais eu deux rendez-vous mais un seul », répond le collectif. Qui maintient en outre que la fameuse question n’a jamais été posée.
S’estimant face à des « arguments malhonnêtes », le collectif s’en remet donc à la justice. Tout en faisant valoir le caractère d’urgence de son recours : le vote final du budget participatif a lieu en septembre 2019, et les autres porteurs de projet mènent campagne depuis la mi-juillet.
Le collectif refuse toute “récupération” politique
Et Les Jardins de l’Abbé de conclure leur communiqué en insistant sur leur neutralité politique, visiblement troublés par les commentaires qu’a généré sur Facebook le premier article de Place Gre’net sur leurs protestations. « D’un côté, des commentaires de soutiens inconditionnels de la Mairie, (…) de l’autre, des “anti-Piolle” acharnés essayant, eux, de nous entraîner dans un combat politique “anti-mairie” qui n’est pas le nôtre », déplorent-il.
« Nos seules motivations sont et seront la défense de la qualité de vie de notre quartier et le respect des règles démocratiques, en particulier celles du règlement du budget participatif ».
« De simples citoyens doivent pouvoir critiquer publiquement une mairie sans être aussitôt soupçonnés d’avoir des intentions cachées ou qu’on tente de les enrôler dans des combats douteux ».
À noter que, sur les trente projets issus du forum des idées 2019, neuf d’entre-eux ne seront finalement pas soumis aux votes. Le verger collectif de la rue Abbé-Grégoire n’est donc pas le seul projet annulé. Il est en revanche le seul pour lequel la Ville a notifié le motif de son annulation.
La Ville affirme avoir informé le porteur de projet dès 2017
Sollicitée par Place Gre’net, la Ville de Grenoble indique « regretter cette décision du collectif et [souhaiter] privilégier le dialogue ». Et d’affirmer qu’elle a informé « dès 2017 le représentant du futur collectif qu’un projet de logements intermédiaires était effectivement à l’étude depuis plusieurs années sur lesdites parcelles ». Dès lors, poursuit-elle, « le collectif était donc bien informé de ce projet en amont du forum des idées ». Un projet immobilier, précise-t-elle, qui s’inscrit dans l’objectif d’atteindre 25 % de logements sociaux d’ici 2025.
Quant aux accusations de manquement au règlement, la municipalité rappelle « à nouveau » que celui-ci mentionne qu’un projet ne peut être éligible que « si aucune étude ou projet n’est déjà en cours dans la même zone ». Reste une question à laquelle elle ne répond pas dans son communiqué : pourquoi, si un projet est à l’étude depuis 2017, avoir validé le projet de verger collectif rue Abbé-Grégoire et l’avoir laissé se présenter au Forum des idées ?
Dans tous les cas, la Ville « réitère au collectif sa proposition de reprendre le dialogue et d’étudier d’autres parcelles pour un nouveau projet de verger et de jardin partagé ». Et ne manque pas de défendre son bilan en matière de nature en ville et d’agriculture urbaine, en citant notamment les plantations d’arbres. Ou encore les « nombreux projets de végétalisation sortis de terre » à la faveur du budget participatif, ainsi que dans plusieurs écoles.