FIL INFO – Le préfet de Haute-Savoie s’apprête à prendre un nouvel arrêté prévoyant l’abattage d’une centaine de bouquetins dans le massif du Bargy. La mesure, censée lutter contre l’épizootie de brucellose, hérisse les associations de protection de la nature.
Un nouvel arrêté préfectoral prévoit l’abattage de bouquetins séropositifs en Haute-Savoie. Soumis à consultation publique jusqu’au 28 avril, ce projet d’arrêté autoriserait sur le massif du Bargy la capture et l’euthanasie d’une centaine d’animaux porteurs de la brucellose.
Objectif ? « Maîtriser l’enzootie de brucellose au sein de cette population, et de fait la préserver, dans l’intérêt de la santé publique et pour prévenir les dommages à l’élevage et aux filières agricoles de montagne », soulignent les services de la préfecture haut-savoyarde.
Une mesure qui avait commencé à être mise en place dans le cadre d’un plan d’actions initié en 2017. Lequel se poursuit en 2019 donc. Le protocole prévoit ainsi de capturer « un nombre optimal de bouquetins marqués ou non marqués (dans la limite des 200 animaux indiqués dans l’avis du CNPN [Conseil national de protection de la nature, ndlr] du 21 septembre 2017, cumulés sur les années 2018 et 2019) » mais aussi de prélever des « bouquetins jamais testés (non marqués) situés dans des zones inaccessibles à la capture ».
Une nouvelle mesure qui hérisse les associations de protection de la nature qui y voient, derrière, la main du lobby agricole.
Des bouquetins abattus sans vérification préalable selon les associations
« Entre 2012 et 2018, 476 bouquetins ont déjà été abattus sur le massif du Bargy », soulignent, dans un communiqué commun, France nature environnement (FNE), la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et Agir pour la biodiversité. « Cent trente d’entre eux avaient bien été analysés comme séropositifs, porteurs de la brucellose, mais 346 ont été abattus à distance sans vérification préalable de leur éventuelle infection. »
« Il ne reste qu’un peu plus de 300 bouquetins sur le massif. Le risque de transmission au cheptel domestique est, pour les experts de l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, ndlr], quasi nul et la prévalence de l’infection a énormément baissé au fil des années : réduite à quasiment zéro dans les zones périphériques du massif, elle est passée de 70 % aux environs de 30 % dans la zone cœur, ce qui signifie que plus des deux-tiers des bouquetins y sont sains », continue le collectif
Onze grandes organisations environnementales et montagnardes ont déjà exprimé leur désaccord dans le cadre de la consultation publique face à cette « nouvelle tentative de massacre de cette espèce emblématique de nos montagnes, orchestrée sous couvert de santé publique ».
PC