EN BREF – La maire d’Eybens Francie Mégevand a annoncé qu’elle allait quitter son poste courant 2019, au profit de son adjoint à la Transition écologique et au Patrimoine. Ceci pour « assurer une transition sereine » et permettre à son successeur de « prendre la mesure de l’ensemble des dossiers et des enjeux communaux », explique l’élue. Mais aussi, peut-être, pour l’aider à mieux déjouer les forces d’opposition.
La maire de la Ville d’Eybens passe la main. En 2014, Francie Mégevand créait la surprise en devenant la première magistrate de la commune, au nez et à la barbe de Marc Baïetto qui briguait un cinquième mandat. La candidate divers-gauche soutenue par EELV ravissait ainsi la mairie à un socialiste que beaucoup pensaient gagnant. Le scénario n’est pas sans rappeler celui de Grenoble, avec la victoire d’Éric Piolle sur Jérôme Safar, le poulain de Michel Destot.
À peine cinq ans plus tard, celle qui est également vice-présidente de la Métro en charge de la culture et de l’éducation, vient d’annoncer son souhait de quitter ses fonctions de maire dès 2019. Dans son discours de vœux pour la nouvelle année, l’élue a ainsi expliqué vouloir respecter son engagement de n’effectuer qu’un seul mandat. « Je respecte cet engagement et ne briguerai donc pas de mandat en 2020 », a‑t-elle fait savoir aux Eybinois.
Un temps pour « prendre la mesure des enjeux communaux »
Mais alors pourquoi, dans ce cas, ne pas attendre 2020 pour laisser son poste ? « Cela permettra d’assurer une transition sereine et dans la continuité, que ce soit à l’égard des agents de la Ville, des Eybinoises et Eybinois, comme des connaissances à transmettre », explique la maire d’Eybens. Qui ajoute que cette année de “rab” avant les municipales de 2020 permettra à son successeur de « prendre la mesure de l’ensemble des dossiers et des enjeux communaux ».
Un successeur par ailleurs tout désigné. Si Francie Mégevand insiste sur le fait que « le choix de la personne appelée à prendre le relais ne peut […] relever de [son] seul bon vouloir », elle n’en désigne pas moins Nicolas Richard comme successeur légitime. L’adjoint d’Eybens délégué à la Transition écologique et au Patrimoine a toutefois été choisi par la majorité municipale « après plusieurs rencontres et des échanges très riches », affirme la maire.
Les suites, d’un point de vue technique ? Francie Mégevand explique qu’elle fera part de sa décision au préfet de l’Isère dans le courant de l’année 2019, avant de convoquer un conseil municipal extraordinaire. Conseil au cours duquel Nicolas Richard sera proposé comme nouveau maire par le groupe majoritaire et devrait en toute logique être désigné à ce poste. L’ex-édile restera, pour sa part, conseillère municipale et gardera sa vice-présidence à la Métro.
Une majorité face à deux élus dissidents
Une chose semble certaine : Nicolas Richard n’aura pas les voix de son opposition de gauche. Outre le groupe Forces de gauche, issu de la précédente majorité, Francie Mégevand a en effet dû faire face à la formation d’un groupe dissident. À l’instar du maire de Grenoble Éric Piolle avec le groupe Ensemble à gauche, la maire d’Eybens a ainsi “perdu” deux membres de sa majorité, Raoul Urru et Belkacem Lounes, fondateur du groupe Pour le respect des engagements.
Deux groupes d’opposition de gauche qui ont récemment fait le choix du rapprochement, devenant alliés après avoir été adversaires. Dans les colonnes du Dauphiné libéré, Raoul Urru exclut toute fusion mais livre un constat partagé : à Eybens, jugent-ils, « le vivre-ensemble est en danger, et […] la façon d’exercer le pouvoir local est très particulière ». Et celui-ci de citer l’annulation de la brocante d’Eybens ou la « quasi-inexistence » du marché de Noël 2018.
Pas de quoi mettre en péril la désignation de Nicolas Richard comme maire d’Eybens : la majorité municipale compte une confortable avance en matière de voix. Reste à savoir si l’alliance entre les deux groupes peut constituer une menace lors de la campagne des municipales de 2020. Pour s’en rendre compte et « prendre la mesure » du poids de ses adversaires, Nicolas Richard aura droit à plusieurs mois de préparation.