FOCUS – À la fois lieu de vie culturel communal et salle de spectacles, Le Déclic de Claix
propose une programmation ambitieuse avec de remarquables têtes d’affiche. Après Manu Katché en ouverture de saison, Jean-François Zygel ou Clotilde Courau viendront enchanter les spectateurs en décembre et janvier. Revue de détail.
Quelle salle de spectacles compte 174 places, dans une commune d’environ 8 000 habitants, et propose une programmation n’ayant rien à envier à celle de la MC2 de Grenoble ? Bienvenue au Déclic de Claix !
Depuis 2015, la salle offre des programmations artistiquement exigeantes, sous la houlette de la municipalité claixoise et du directeur de la programmation Mikaël Cohen. Le tout à des tarifs d’entrée pour le moins attractifs.
Une ambition qui ne se dément pas pour la nouvelle saison 2018 – 2019. Les deux spectacles en ouverture ont ainsi affiché complet. Un concert de Manu Katché, le 5 octobre, et la représentation d’une pièce de Valère Novarina, L’Homme hors de lui, avec Dominique Pinon dans le rôle titre, le 13 octobre. Autant dire que la saison a commencé sur les chapeaux de roue… sans pour autant décélérer par la suite.
La culture comme ennemie de la communication de masse
Ce samedi 1er décembre, c’est au tour du virtuose Jean-François Zygel de monter sur la scène du Déclic pour y livrer des improvisations sur les compositions de Jean-Sébastien Bach. Avant un spectacle dédié à la correspondance d’Édith Piaf, L’Être intime, vendredi 18 janvier 2019. Une mise en scène et représentation de Clotilde Courau, accompagnée de l’accordéoniste Lionel Suarez.
Autre représentation d’envergure en perspective, Un démocrate, écrit et mis en scène par Julie Timmerman. Évoquant la figure du publicitaire Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud et considéré comme le père de la propagande politique, la pièce aborde « la manipulation de masse à l’heure du mass-media et du Big Data », explique Mikaël Cohen.
Un spectacle salué par la critique, décrit par La Croix comme un « récit, jubilatoire et effrayant », Télérama vantant pour sa part « une mise en scène enlevée pour une histoire passionnante ». La pièce et son propos anti-manipulation font écho aux ambitions du programmateur.
« La culture, c’est ce qui va permettre de faire échouer ce plan », juge Mikaël Cohen. Bien décidé à ne pas prendre les gens pour des imbéciles, il ne cache pas son désir d’une programmation exigeante.
« C’est notre rôle : présenter des beaux spectacles qui parlent à l’intelligence et qui font réfléchir », affirme-t-il. Une volonté que vient renforcer l’organisation d’expositions ou de conférences.
Du reste, le programmateur considère cette exigence comme vitale : « Il y a tellement de belles propositions dans toutes les salles de l’agglomération que si l’on faisait quelque chose en-deçà, on ne viendrait pas nous voir ! » L’année dernière, la moitié du public provenait de communes extérieures, l’autre moitié étant composée de Claixois. Marie-Noëlle Strecker, deuxième adjointe, ne cache toutefois pas son ambition d’attirer encore davantage de spectateurs locaux.
Un outil au service de la commune
Pour l’élue, le Déclic est avant tout « un outil au service de la culture et au service de la population ». Mais aussi le fruit d’une décision politique et d’un investissement annuel de la part de la municipalité. En proposant des places à 10 ou 15 euros pour toute la famille, nombre de spectacles sont en fin de compte déficitaires. « C’est une volonté communale », revendique Marie-Noëlle Strecker. Le Déclic pèse ainsi pour environ 100 000 euros dans le budget de la Ville.
Une somme réservée et budgétisée… quitte à rogner sur les dépenses liées au social ? Marie-Noëlle Strecker l’assume en mettant en avant l’accessibilité du lieu aux ménages les plus modestes. « C’est une volonté d’amener une population qui n’en a pas l’habitude aux spectacles et vers la culture. Et quand on a gagné cette population, c’est plus facile de les amener vers autre chose », estime-t-elle.
Un « objectif sous-jacent » auquel s’ajoutent des collaborations avec la médiathèque de Claix, les associations locales ou des médiations avec les scolaires. De quoi confirmer l’implication du Déclic au sein de la vie claixoise.
Le grand écart entre une salle dotée d’une programmation exigeante et un espace culturel communal ? L’élue y trouve en tout cas pleinement son compte. Et renouvelle ainsi sa confiance à Mikaël Cohen, un programmateur audacieux qui « tient bien son cahier des charges ».