DIAPORAMA – Le collectif des Morts de rue de Grenoble organisait comme tous les ans une cérémonie d’hommage aux SDF décédés, ce mardi 3 juillet au Jardin de ville de Grenoble. Moment de recueillement autant que de colère pour rendre leur dignité aux personnes disparues, et interpeller le public et l’État sur les conditions de vie et de mort à la rue. Retour en images sur un moment solennel.
Comme chaque année depuis sept ans, le collectif grenoblois des Morts de rue organisait ce mardi 3 juillet une cérémonie d’hommage aux disparus de la rue. Sur le sol du Jardin de Ville de Grenoble, le collectif avait ainsi dessiné une ligne rouge parsemée de petites maisons en carton. Tandis que des banderoles déployées sur le square rappelaient une terrible réalité : l’espérance de vie des personnes vivant à la rue n’excède pas 50 ans en moyenne.
Le Jardin de ville se décore encore de plusieurs dessins, ainsi que d’un panneau noir portant les noms de dizaines de disparus de l’agglomération grenobloise. Des personnes parties cette année ou les années précédentes, des prénoms et pseudonymes notés à la craie. Et en-dessous, deux dessins d’empreintes de pattes de chien pour saluer aussi la mémoire de « tous les cabots ».
Six décès sur l’agglomération grenobloise en 2017
Présent dans plusieurs villes de France, les Morts de la rue accompagnent les SDF décédés jusqu’à leur dernière demeure, organisant des funérailles ou des cérémonies. De par leur action, ils participent également au recensement partiel des disparitions de ces personnes dont, parfois, l’identité même demeure inconnue.
Quels chiffres pour l’année 2017 ? Les différents collectifs nationaux ont compté 510 décès, parmi lesquels 35 enfants de moins de 15 ans, nous indique Christian, membre du collectif grenoblois. Un chiffre qui doit être multiplié par trois pour correspondre à la réalité du terrain, estime-t-il. Et sur l’agglomération grenobloise ? « On a une toute petite baisse : on a eu six décès l’année dernière », précise Christian.
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La cérémonie a aussi pour but de sensibiliser la population et les pouvoirs publics. Si Christine Garnier, conseillère municipale de Grenoble et vice-présidente en charge du Logement à la Métro, était présente pour représenter le maire Éric Piolle et apporter son soutien, le collectif ne se fait guère d’illusion sur les orientations prises au plus haut sommet de l’État.
« Le gouvernement fait des dons aux plus riches, et pour les pauvres on baisse les APL et on supprime les emplois aidés dans les associations qui s’occupent des gens à la rue ! », dénonce encore Christian. « On essaye de parler d’eux, de les accompagner, de leur donner un bout de dignité, chose qu’ils n’ont jamais eue de leur vivant. Mais ça intéresse qui ? », ajoute-t-il, désabusé.
Des mots pour la dignité, entre tristesse et indignation
Un « bout de dignité » qui s’incarne dans la minute de silence respectée par la cinquantaine de personnes venues rendre hommage aux disparus, parmi lesquelles certains camarades de rue. Ainsi que dans les prises de parole successives, parfois pleines de gratitude, souvent empreintes de tristesse et d’indignation.
Tout un état d’esprit qui, peut-être, se résume dans un poème. Celui que Georges, ancien SDF et amoureux des mots, livrera par personne interposée, désireux de se faire entendre malgré son aphonie soudaine. Quitte à en clamer lui-même les derniers mots d’une voix douloureuse lorsque son amie peinera à le déchiffrer :
« Le train roule à vive allure sur les rails de la vie.
Je prends des voyageurs, hommes femmes et enfants.
Dans une gare ils montent, dans l’autre ils descendent,
Mais le train ne s’arrête jamais. Jusqu’à quand ?
Nul ne comprend la montée, la descente.
Nul ne comprend la naissance, ou la fin. »