Une étude menée par 16 chercheurs et récemment publiée dans la revue scientifique Nature révèle que les écosystèmes alpins sont menacés par le changement climatique. Ce dernier provoquerait en effet un déséquilibre entre les besoins des plantes et les ressources des sols, ce qui entraînerait une baisse de productivité de ces écosystèmes.
« Les écosystèmes de montagne sont très sensibles au réchauffement climatique » : c’est ce qui ressort d’une étude menée par une équipe internationale de 16 chercheurs dont Jean-Christophe Clément, professeur d’écologie à l’UFR des Sciences de la montagne à l’Université Savoie Mont-Blanc et chercheur au sein du Centre alpin de recherche sur les réseaux trophiques des écosystèmes limniques. Publiée récemment dans la revue scientifique Nature, cette étude a été coordonnée par l’Université d’Umeå en Suède. Selon celle-ci, ce phénomène engendrerait une « remontée de la limite forestière vers la zone alpine ».
Ainsi, le réchauffement climatique modifierait-il « considérablement la façon dont les écosystèmes alpins fonctionnent, en créant un déséquilibre ou un décalage entre les besoins des plantes et les ressources des sols », explique l’Université Savoie Mont-Blanc dans un communiqué de presse. Ce phénomène ne serait pas sans conséquences sur les cycles biogéochimiques, la biodiversité des montagnes, la ressource en eau ou encore la stabilité des sols.
Un déséquilibre entre azote et phosphore
Pour ces travaux, les chercheurs ont utilisé des gradients altitudinaux naturels, localisés sur sept massifs en Europe, Australie orientale, Nouvelle-Zélande, Colombie-Britannique, Patagonie, dans le Colorado et au Japon. Ces gradients s’étendent entre 300 mètres sous la ligne des arbres et 300 mètres au-dessus. L’altitude sert ainsi de substitut au réchauffement climatique puisque, selon eux, n’importe quelle altitude devrait subir, dans quatre-vingt ans, la même température que celle d’une altitude qui est 300 mètres plus bas aujourd’hui.
L’étude révèle ainsi qu’une altitude décroissante (en descendant vers des températures plus chaudes) mime un réchauffement climatique et augmente l’azote provenant du sol alors que la quantité de phosphore pour les plantes n’est pas contrôlée par l’altitude de la même manière. Par conséquent, « le recyclage de l’azote est plus rapide quand les températures augmentent alors que la disponibilité en phosphore ne change pas », précise l’Université de Savoie.
Autrement dit, « lorsque les températures deviennent plus chaudes avec le changement climatique, l’équilibre crucial entre ces deux nutriments qui soutiennent la croissance des plantes pourrait être radicalement modifié dans les régions alpines. Avec le réchauffement, les cycles de ces deux éléments du sol indispensables à la végétation risquent donc d’être découplés, et cette perte d’équilibre entre azote et phosphore entraînera alors une baisse de productivité des écosystèmes de montagnes. »
L’étude constate enfin que la hausse de la température et ses conséquences pour la nutrition des plantes sont liées à d’autres changements, comme les quantités de matières organiques et la composition de la communauté microbienne du sol.
MM