FOCUS – Le Centre national d’art contemporain Le Magasin accueille l’exposition collective « Briser la glace » jusqu’au 4 septembre 2016. Une manifestation qui porte bien son nom : le public est invité à se réapproprier l’espace artistique en interagissant avec les œuvres et en participant in fine au processus créatif. Petit tour d’horizon…
Jouer aux fléchettes, lire, broder… Autant d’activités qu’il est possible de réaliser tout en participant à une œuvre d’art. Étonnant ? Pas tant.
Cet été, le Centre national d’art contemporain Le Magasin accueille plusieurs artistes pour son exposition « Briser la glace » jusqu’au 4 septembre 2016 avec une volonté affichée de décloisonner le rapport entre institution et public.
Israël, Suisse, Italie… Une pléthore d’artistes internationaux ont ainsi présenté leurs œuvres et participé à un vaste programme de performances et d’événements organisés au sein d’un amphithéâtre en plein cœur du parcours de l’exposition.
Participer et enrichir le processus créatif
Bon nombre de créations sont directement liées à des objets ou activités du quotidien. Car l’exposition se veut accessible au plus grand nombre. En témoigne la présence d’échafaudages invitant le public à investir les lieux, participer et enrichir le processus créatif.
Transformer le centre d’art en un lieu de vie : c’est le défi que se sont lancé les commissaires d’exposition de la session 25 de l’École du Magasin. Pour ce faire, les œuvres ont été réactualisées et repensées pour s’adapter à l’espace du Magasin.
Les curatrices ont en outre alloué une partie du budget de l’exposition à la mise en place de la gratuité durant tout l’été. Le but ? Inciter les visiteurs à revenir pour constater les évolutions créatives de certaines œuvres. Car la réappropriation et l’expérimentation de l’espace sont au centre de la dynamique de l’exposition.
Sensibilisation, onirisme et détente se retrouvent dans cette déambulation au cours de laquelle les visiteurs doivent pouvoir se connecter à l’espace privé et l’espace public pour « briser la glace » avec l’art contemporain.
« Un endroit dédié au rêve »
Le parcours s’ouvre sur l’œuvre Magic beans (haricots magiques) d’Emmanuel Louisgrand : un micro-jardin évolutif suscitant la curiosité depuis l’entrée du Magasin et incitant les passants à pénétrer dans l’enceinte.
Puis le Monde merveilleux de l’abstraction (The Wonderful world of abstraction) de l’artiste Jacob Dahlgren offre un espace de jeu ludique, avec une structure cubique composée de rubans de soie que les visiteurs sont invités à traverser pour rejoindre le reste des créations.
Place ensuite à la poésie avec l’œuvre You are (on) an island (Vous êtes (sur) une île) d’Alicia Eggert et Mike Fleming. Un néon bleu allume puis éteint le mot « sur » créant une toute nouvelle phrase. L’évident « Vous êtes sur une île » laisse alors place à l’onirique « Vous êtes une île ».
Le mur d’oreillers Untitled (Wall) (Mur Sans titre) de Leor Grady explore les notions de foyer et interroge sur ses multiples dimensions.
Le foyer comme havre de paix d’abord. Les oreillers font écho au lit « endroit dédié au rêve, territoire des désirs, espace de vulnérabilité et de repos », dans lequel « on meurt et on revit chaque jour ».
Mais également foyer de tous les dangers et accidents domestiques. D’ailleurs, la formation des oreillers n’est pas sans rappeler l’empilement de sacs de sable utilisés lors de catastrophes naturelles ou dans les tranchées, comme le reconnaît l’artiste.
De l’autre côté du mur, les visiteurs sont invités à broder leurs pensées sur des mouchoirs grâce à une machine à coudre ou tout simplement à laisser un mot accroché sur le mur, que d’autres visiteurs viendront nourrir de leur empreinte.
Sensibilisation, participation et détente
Avec la pièce Ideal Reading (Lecture idéale) de Julien Villaret, les visiteurs peuvent profiter d’un salon de lecture, photocopier des pages d’ouvrages et les accrocher à l’aide de petits aimants sur l’échafaudage prévu à cet effet.
Les participants laissent ainsi leur trace et construisent ensemble une œuvre à part entière.
La sensibilisation est également au rendez-vous. La pièce A world free of poverty (Un monde délivré de la pauvreté) de l’artiste Adelita Husni-Bey interroge ainsi de manière ludique, à l’aide de photographies, l’idéologie cachée derrière les grandes organisations internationales chargées de définir la notion de développement.
Coussins au sol et écran au plafond appellent à la détente avec la structure où est diffusée I’m a victim of this song (Je suis victime de cette chanson), l’œuvre de Pipilotti Rist. Dans ce clip vidéo, l’artiste interprète l’envoûtante chanson Wicked game de Chris Isaak sur fond de photographies et de plans amateurs, comme un écho nostalgique à un amour impossible.
Avec Through the Silver Globe (À travers le globe d’argent), Laura Gozlan propose un montage vidéo atypique. L’artiste multiplie les points de vue et emprunte à divers univers filmiques pour recréer des images.
Originalité, le son est conçu avant l’assemblage des archives et constitue la trame de la vidéo, contrairement à ce qui est d’usage. Au programme : questionnement sur le mysticisme et les rites ancestraux.
Prochain et dernier rendez-vous : samedi 3 septembre avec une performance Chip Chop de Cecilia Bengolea, François Chaignaud, Shelly Belly et Sanjay alliant chants polyphoniques et chansons chorégraphiées.
Alexandra Moullec