BLOG LITTÉRAIRE – Philosophe des mathématiques, Daniel Parokia publie aux éditions Buchet-Chastel un premier roman tout en sensations : Avant de rejoindre le grand soleil. Derrière ce titre emprunté à un vers de Jean Tardieu, l’auteur livre une chronique estivale tout en fragile légèreté. Juste avant les fêlures.
L’écrivain Daniel Parokia. © Héloïse Jouanard
Été 1959, sur la Côte d’Azur, plus exactement sur les hauteurs du Canadel, à la plage, dans les bars de Saint-Tropez, au Casino de Monaco… Un décor de luxe et d’insouciance où vivre c’est bronzer, aller vite, s’étourdir, ne pas voir les nuages. On vit sur la plage, on aime ou on fait semblant, on joue gros, on s’embarque sans savoir.
Mais avant de plonger dans l’été de ses personnages, Daniel Parokia s’amuse à dresser un surprenant historique de la véridique Ambre solaire, inventée en 1935, qui fut – j’en témoigne ! – l’odeur des plages de ces années-là.
Pas si futile que cela, ce discret avertissement. Rien de plus tenace que la mémoire des parfums, celle qui imprègne nos bonheurs comme nos blessures.
Deux soleils, une disparition
Nous voici donc en cet été 1959, d’abord dans une villa cachée par les feuillages, où Joël traîne son ennui. On n’est pas forcément rayonnant quand on a 17 ans. Heureusement (?) pour lui, alors qu’il perd son temps à attraper les mouches (nombreuses cet été-là, paraît-il), le jeune homme rejoint l’orbite de deux vrais soleils. A la faveur d’un accident de voiture, Gilles et Liliane entrent en effet dans sa vie pour la bousculer définitivement.
Comme sortis d’un roman de Fitzgerald, les jumeaux l’entraînent dans la belle vie, les fêtes et la vitesse, le jeu et l’argent, l’amour et ses blessures. Joël est aimanté par cette belle jeune fille qui « bat des cils dans la lumière ». Il forme bien vite avec elle et son frère un trio inséparable, rejoint par d’autres satellites. Jusqu’à une fatale disparition, sur laquelle le roman (et moi aussi !) garde le silence.
Mélancolie des parfums
Avant de rejoindre le grand soleil est un roman météore, où l’insouciance d’une jeunesse dorée croise sa part d’ombre, sur fond de guerre d’Algérie et d’effondrement d’un barrage. Un roman de la mémoire, une prose atmosphérique, tout en sensations et en senteurs, comme cette fameuse ambre solaire. Or tout passe, seule reste la mélancolie des parfums perdus, la fragilité des papillons devenus porcelaines fêlées.
Danielle Maurel
Daniel Parokia est l’invité de l’association Rives & Dérives, le jeudi 12 novembre à 18 h 30. La rencontre a lieu à la librairie La Dérive, 10 place Sainte-Claire, à Grenoble.
Le roman Avant de rejoindre le grand soleil a paru aux éditions Buchet-Chastel.
