NOTRE SÉLECTION – Journées Art contemporain, Festival Rocktambule, Biennale Arts sciences… De très belles propositions pour cette fin de semaine qui réclament un petit coup de main pour que la pioche soit bonne.
Je l’ai vu… Je vous en parle
Performance filmique – “Nobody” à la MC2 jusqu’au vendredi 9 octobre (dans le cadre de la Biennale Arts sciences)
Jean Personne est consultant dans une boîte de… consulting. Qu’est-ce à dire ? Il travaille à virer un maximum de personnes devenues poids morts pour leurs entreprises. « Efficacité », « valeur ajoutée » et une pléiade de mots plus ou moins creux empruntés à l’anglais font la novlangue de Jean Personne et de ses jeunes collègues « travailleurs », la plupart n’entendant rien aux tâches à exécuter. Résultat : les interactions entre ces pauvres hères de l’open space penchent dangereusement du côté de l’absurde. Ce que le concept de “performance filmique” capte parfaitement.
Sur le plateau, la petite équipe s’agite, ou plutôt fait mine de s’agiter – ne rien faire est hautement condamnable ! – cependant qu’une équipe de tournage – légère sur le plateau – saisit les images du film monté en direct et projeté sur grand écran juste au-dessus de la scène. Notre regard se balade donc entre la vue d’ensemble, panoramique, que l’on saisit de la scène – chorégraphie des déplacements, distribution des egos dans l’espace – et cette toile blanche sur laquelle s’impriment les visages en gros plans, notamment.
Formellement bluffant sans verser dans le clinique. Les jeunes comédiens – tous épatants – réussissent à injecter de l’humain chez les pantins pathétiques qu’ils incarnent. Et le texte – inspiré du jeune dramaturge allemand Falk Richter – ménage de belles échappées entre burlesque, absurde et tragique. Un exemple de plus de l’inventivité du Collectif MxM et du metteur en scène Cyril Teste.
Humour – Vincent Dedienne au Coléo samedi 10 octobre
Il s’invite dans la matinale la plus écoutée des Français – celle de France Inter – pond des bios interdites aux petits oignons en veux-tu en voilà pour les invités du Supplément de Canal +… et trouve encore le temps de tourner son spectacle S’il se passe quelque chose. Si le malicieux Vincent Dedienne n’était pas si attachant, on serait tenté de suggérer qu’il a les dents qui rayent le parquet.
Mais que cette sur-présence ne nous arrête pas. S’il se passe quelque chose n’a rien de l’humour cynico-incisif que l’on se doit de pratiquer en plateau télé ou en radio, même publique. C’est drôle, mais sincère. Touchant sans être mièvre.
On a coutume de séparer la communauté des humoristes en deux camps : ceux qui donnent dans le bon vieux sketch à la française – succession de saynètes autour de personnages truculents – et ceux qui braquent leur regard vers les States avec le stand up. Le principe ? On fait comme si on n’avait rien préparé et on s’engouffre dans l’anecdote quotidienne et l’interaction avec le public. Autant de lard que de cochon dans les deux cas.
Vincent Dedienne fraye dans les deux camps avec une vraie dimension théâtrale en plus, qu’il doit à sa formation de comédien. Il se raconte, c’est sûr (ses cours de théâtre, ses parents…), mais il endosse aussi des habits de fiction et, surtout, il a l’écriture fine, vive, impeccable. Profitons qu’il se produise encore dans des lieux comme le Coléo…
Street art – Expo « Douce France » au Spacejunk jusqu’au 14 novembre
Ce week-end s’ouvre la 8e édition des Journées art contemporain à Grenoble et alentour. Sans entrer dans le détail des propositions multiples – le site est là pour ça –, disons un mot de “Douce France”, exposition consacrée à l’artiste pochoiriste C215 au Spacejunk. Le sous-titre, “De Zola à Brigitte Lahaie”, et l’affiche de l’exposition, montrant des tirailleurs sénégalais, promettent un point de vue sinon acerbe du moins chatouilleux sur le paysage iconique français. Homme de lettre illustre, star érotique, pan historique mal digéré… Vision politique ou glougi-boulga assumé ?
Les toiles du street-artiste relèvent plus souvent de l’hommage que de la critique en règle. Reste que les pièces sont parfaitement exécutées et que les supports des portraits s’accordent fort bien à leurs sujets. L’artiste est aussi un chineur hors pair. Ainsi, le visage de Rousseau occupe-t-il une vieille carte de la France forestière, clin d’œil romantique à ses promenades, Albert Camus une carte nord-africaine, référence à son Algérie natale… Plus pédagogique que subversif, mais joli. Vous n’en sortirez pas en disant que vous ne comprenez décidément rien du tout à l’art contemporain…
Je ne l’ai pas vu mais j’en ai entendu parler
Chanson jeune public – “Zèbre à trois” vendredi 9 octobre à l’Espace Paul Jargot
Un tour de chant pour marmots qui ne fait pas saigner les oreilles des parents ? Le quatuor Chtriky l’a fait. Et c’est à base de chansons de leur cru, excepté deux ou trois reprises dont Le Petit Cheval blanc, celui de Brassens qui avait bien du courage.
Guitare, banjo, percussions, clarinette, ukulélé, contrebasse et même scie musicale accompagnent des textes pas neuneu pour un sou. Des paroles qui font crédit à l’intelligence des petits, ça change. De la chanson de qualité donc, qui swingue juste ce qu’il faut avec des personnages touchants. Un spectacle qui fleure bon la sincérité, à ce qu’il paraît. Alors les mômes, sortez un peu vos parents !
Concerts – Festival Rocktambule jusqu’au dimanche 11 octobre
Le festival Rocktambule, qui a débuté dès lundi 5 octobre et court jusqu’à dimanche, programme des concerts à foison dans divers lieux : La Passoire, La Bifurk, La Bobine et, surtout, sous le gros chapiteau monté sur l’Esplanade, Porte de France.
Parmi de chouettes propositions, l’après-midi du dimanche clôt le festival en beauté. Et pas seulement parce que c’est gratuit. Principalement parce qu’entre deux concerts “sérieux” se glissent des compagnies venues des arts de la rue particulièrement gratinées (entendez : franchement déglingos).
La compagnie Bonobo Twist d’abord, à 13 heures, qui donne un concert de country échappant vite à tout contrôle. Les Kag ensuite, à 14 h 45. Du jeu, de la chanson et un duo, là aussi, mais de filles cette fois (même si “folles furieuses” collerait sans doute mieux…). Une fois n’est pas coutume, citons le texte promotionnel : « L’une frôle l’autisme, l’autre le fascisme ». Pas mieux !
Adèle Duminy
INFOS PRATIQUES :
4 rue Paul Claudel à Grenoble
Nobody
mercredi 7 et jeudi 8 octobre à 19 h 30 / vendredi 9 octobre à 20 h 30
De 6 à 25 euros
Avenue Jean-François Champollion, à Pontcharra
S’il se passe quelque chose – Vincent Dedienne
Samedi 10 octobre à 20 h 30
De 8 à 17 euros
15 rue Génissieu à Grenoble
Expo « Douce France »
Jusqu’au 14 novembre
Entrée libre
Rue François Mitterrand à Crolles
Zèbre à trois
Vendredi 9 octobre, à 20 h 30
De 7 à 16 euros
Journée du dimanche 11 octobre, de 12 heures à 21 heures
Avec, entres autres, la cie Bonobo Twist et les Kag
Esplanade Porte de France (sous chapiteau)
Entrée libre