DÉCRYPTAGE - La gratuité des transports pour les 18-25 ans – promesse numéro 25 du programme d'Éric Piolle lors de sa campagne des municipales – semble s'éloigner. En cause, selon les majorités municipale et métropolitaine, la baisse de 30 % de la subvention du conseil général allouée au syndicat mixte des transports en commun (SMTC). État des lieux.
« Nous réaliserons la gratuité des transports pour les jeunes de 18 à 25 ans et les plus précaires » avait promis Éric Piolle, avant de devenir le maire de Grenoble. Une promesse phare qui avait peut-être contribué à faire pencher la balance en sa faveur dans une ville comptant plus de 60 000 étudiants. Depuis, presque une année s'est écoulée et les jeunes Grenoblois ne voient toujours rien venir…
Et pour cause, le projet semble bel et bien repoussé, comme l'a notamment indiqué l'Ades sur son site, le 13 février dernier : « La décision unilatérale du Conseil général de l’Isère de diminuer fortement sa subvention au SMTC (- 31 % soit une diminution de 11,5 millions d'euros) […] va rendre beaucoup plus difficile la gratuité pour une partie des usagers. La gratuité pour les 18-25 ans, qui devait coûter environ 3,6 millions d'euros, va être différée avec ce désengagement incompréhensible du Conseil général. » Pour autant, sera-t-il remis aux calendes grecques ?
« Une rupture dans la politique des déplacements »
Yann Mongaburu, président du SMTC, n'a pas de mots assez durs contre cette baisse des dotations du conseil général au syndicat mixte : « C'est une décision malheureuse, une rupture dans la politique des déplacements du Conseil général. C'est historique et aucune autre collectivité en France, toutes sensibilités politiques confondues, n'a fait un choix de cet ordre là » dénonce-t-il.
Selon lui, cette diminution pose la question cruciale de l'équilibre financier du budget des transports en commun, au-delà de la question de la tarification pour les jeunes ou pour d'autres publics en situation de précarité.
Concrètement, quid de la promesse d'Éric Piolle ? « L'engagement, qu'il soit celui d'Éric Piolle ou celui de la majorité métropolitaine a toujours été d'améliorer la tarification solidaire en y incluant un seuil de gratuité. Effectivement, le contexte de baisse de subvention du Conseil général rend l'exercice plus difficile, c'est une évidence » explique le président du SMTC. « Le débat que nous allons avoir dans les mois à venir est de déterminer quels publics vont pouvoir bénéficier de cette gratuité. »
Déclarant vouloir aller « au-delà des slogans », Yann Mongaburu précise les contours de la démarche. « J'ai commandité une étude auprès de l'Agence d'urbanisme de la région grenobloise (AURG) pour avoir une idée du taux d'effort de chaque couche de la population à l'égard des transports. L'ambition est que cette étude puisse nous permettre d'ouvrir le débat de la manière la moins idéologique et la plus sereine possible ». Une façon de disposer d'une vue actualisée de la réalité sociale de l'agglomération, afin d'adapter la tarification solidaire aux publics les plus vulnérables et les plus exposés à la précarité.
Un travail au long cours
Une fois les résultats de l'étude connus, la feuille de route du projet prévoit la tenue de débats avec les usagers, les habitants et les élus courant avril, mai et juin.
Date butoir ? Le 30 juin, moment où le conseil syndical du SMTC vote, chaque année, les tarifs qui seront appliqués le 1er septembre suivant. « Nous avons déjà effectué des modifications tarifaires le 1er septembre dernier. Des modifications importantes - notamment la zone unique tarifaire - qui faisaient aussi partie de nos engagements de campagne » rappelle le président du SMTC. Et d'égratigner au passage la droite qui, selon lui, « portait le projet d'une tarification zonale pour faire payer plus ceux qui habitent loin ».
Yann Mongaburu tempère toutefois : « les modifications que nous ferons en 2015 ne seront pas un aboutissement. C'est un travail au long cours que d'adapter la tarification aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux de notre époque et de notre territoire ».
« C'est un jeu de dupes ! »
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