Hadra Gopro. © Joël Kermabon - placegrenet.fr

Hadra entre suc­cès et incertitudes

Hadra entre suc­cès et incertitudes

REPORTAGE VIDÉO – Hadra, le plus impor­tant fes­ti­val de musique trance en France, ne se dérou­lera plus à Lans-en-Vercors. Michaël Kraemer, le nou­vel élu qui en avait fait un thème de cam­pagne pen­dant les muni­ci­pales, en a décidé autre­ment, consi­dé­rant que cet évé­ne­ment ne cor­res­pon­dait pas à l’i­mage de la sta­tion. Décryptage et retour en images sur cette édi­tion sans précédent. 

© Joël Kermabon - Place Gre'net

© Joël Kermabon – Place Gre’net

Tout le long de la route qui mène aux pistes du domaine skiable de la sta­tion, le ton est donné. Sac à dos ou toiles de tente en ban­dou­lière, dégui­sés, maquillés, les fes­ti­va­liers rejoignent le site. Tous les âges sont repré­sen­tés. A pied, en stop ou emprun­tant une des nom­breuses navettes mises à dis­po­si­tion par l’or­ga­ni­sa­tion, c’est une foule joyeuse et bigar­rée qui se rend à la grande messe élec­tro tant atten­due. Une réfé­rence en l’occurrence.
Du 21 au 24 août, la hui­tième édi­tion du Hadra Trance Festival a pour la der­nière fois fait vibrer la mon­tagne à Lans-en-Vercors. Un décor natu­rel d’ex­cep­tion pour un évé­ne­ment aux dimen­sions euro­péennes, tant pour la diver­sité de sa pro­gram­ma­tion que pour la pro­ve­nance de son public.
Réalisation JK Production

Un fes­ti­val éco-responsable

Dès l’ar­ri­vée sur la sta­tion, ce qui frappe au pre­mier abord, c’est la qua­lité très per­cep­tible de l’or­ga­ni­sa­tion. 400 béné­voles, 100 pres­ta­taires et un ser­vice de sécu­rité impo­sant œuvrent sur le site. Vous êtes un peu perdu ? Qu’à cela ne tienne, quel­qu’un est là, recon­nais­sable à son gilet fluo et vous gui­dera avec effi­ca­cité et gen­tillesse vers votre des­ti­na­tion. Il faut dire que la billet­te­rie est fort éloi­gnée du site où se déroulent les concerts. Cette aide est donc appréciable.
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Deux grands thèmes pour cette cin­quième édi­tion à Lans : la sen­si­bi­li­sa­tion à l’en­vi­ron­ne­ment et, pour la déco­ra­tion, ce sont les cou­leurs du Vietnam, ses légendes et ses mythes qui sont à l’hon­neur. Les trois scènes répar­ties sur le site sont magni­fi­que­ment déco­rées. Tout par­ti­cu­liè­re­ment l’im­pres­sion­nante scé­no­gra­phie du psy­trance floor, scène prin­ci­pale sur laquelle sont inter­ve­nus avec bon­heur les artistes du Full Hadra décor Crew [ndlr : col­lec­tif com­posé des Lucioles, de The Mad Studio et Vizual Invaders].
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Pour ce qui est du res­pect de l’en­vi­ron­ne­ment sur le site, rien n’a été laissé au hasard. Le niveau sonore a ainsi été réduit à 97 déci­bels (contre les 105 nor­ma­le­ment auto­ri­sés) pour ne pas per­tur­ber la faune. Même la date du fes­ti­val a été déca­lée pour ne pas gêner la nidification !
Ajoutez à cela l’in­vi­ta­tion à uti­li­ser le covoi­tu­rage et les navettes, la pro­tec­tion des sols, une bri­gade verte pour la pré­ven­tion dans les files d’at­tente, des toi­lettes sèches et des expo­si­tions de sen­si­bi­li­sa­tion dans le vil­lage asso­cia­tif. Sans oublier des dis­tri­bu­tions de cen­driers por­tables et l’u­ti­li­sa­tion de gobe­lets recy­clables. C’est la règles des 3 R, édic­tée par l’or­ga­ni­sa­tion, qui consiste à Réduire, Réutiliser et Recycler.

Une pro­gram­ma­tion inter­na­tio­nale mais aussi locale

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Au total, plus d’une cen­taine d’ar­tistes se sont pro­duits sur les dif­fé­rentes scènes, avec un objec­tif : la mise en valeur et la pro­mo­tion de la psy­trance. Si l’on a pu noter la pré­sence de têtes d’af­fiche comme l’ex­cellent Raja Ram (un vété­ran de… 74 ans ), l’or­ga­ni­sa­tion a mis un point d’hon­neur – cahier des charges très pré­cis oblige – à ne pas pro­gram­mer des artistes pré­sents dans d’autres fes­ti­vals, afin d’as­su­rer leur exclusivité.
Les artistes locaux ne sont pas pour autant oubliés. L’association Hadra a fait le choix déli­béré de leur four­nir de la visi­bi­lité auprès des pro­gram­ma­teurs en leur accor­dant une large place. Pas moins de 35 % des artistes qui se sont pro­duits sont issus de la région Rhône-Alpes ! Le fes­ti­val Hadra confirme ainsi son rôle de décou­vreur et d’in­cu­ba­teur de nou­veaux talents.
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Cette édi­tion 2014 aura donc tenu toutes ses pro­messes. Lors de notre pas­sage, aucun inci­dent n’a­vait été enre­gis­tré. « Juste de la bobo­lo­gie et quelques pro­blèmes d’al­cool, rien de vrai­ment grave » nous confiera un secou­riste de la Croix rouge. De l’a­veu de toutes les per­sonnes ren­con­trées, les fes­ti­va­liers sont cor­rects, non-vio­lents et si par­fois leur mise peut sur­prendre, ce n’est que pour faire la fête, s’a­mu­ser et com­mu­nier ensemble. Ce qui n’est pas sans rap­pe­ler les grands ras­sem­ble­ments musi­caux des années 70 – 80, où un état d’es­prit posi­tif était la règle.

Le sort du Hadra scellé pour 2015

« Nous avons dépassé les 14 000 entrées. C’est his­to­rique puisque nous avons dépassé notre record de 2012 et, de ce fait, nous avons orga­nisé le plus gros fes­ti­val trance en France depuis tou­jours » déclare, ému, Benoît Allirol, le direc­teur du fes­ti­val. En effet, la jauge maxi­male ayant été atteinte, c’est à gui­chets fer­més que le fes­ti­val s’est déroulé.
Reste que l’a­mer­tume était per­cep­tible, en fili­grane, dans le dis­cours des orga­ni­sa­teurs. En éli­sant Michaël Kraemer, qui a fait de l’ar­rêt du fes­ti­val un thème majeur de sa cam­pagne pour les élec­tions muni­ci­pales, les Lantiers [ndlr : habi­tants de Lans-en-Vercors] ont scellé le sort du Hadra. Il n’aura plus lieu sur leur ter­ri­toire en 2015.
L’affaire est d’au­tant plus éton­nante que l’on aurait pu croire, vu le contexte, à la mani­fes­ta­tion de l’ha­bi­tuelle incom­pré­hen­sion entre ancienne et nou­velle géné­ra­tion. Il n’en est rien. Jean-Paul Gouttenoire, le maire sor­tant, beau­coup moins jeune que son suc­ces­seur, défend tou­jours farou­che­ment le pro­jet dont il est l’un des tout pre­miers sou­tiens. « Il y a eu des ins­tru­men­ta­li­sa­tions, des dia­bo­li­sa­tions qui ont fait chan­ger d’a­vis cer­tains d’entre nous » martèle-t-il. 
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Michaël Kraemer se défend, lui, du « délit de faciès » évo­qué lors des joutes élec­to­rales. « Ce délit de faciès, je ne peux pas l’ac­cep­ter ! C’est un rejet de ma per­sonne. Je suis jeune, je porte des lunettes de soleil blanches et reçois mes homo­logues du Conseil géné­ral en short. Je suis donc moi-même dif­fé­rent. Ce n’est pas une ques­tion de faciès ». Et d’in­sis­ter sur les vraies rai­sons, liées à l’i­mage que son équipe sou­haite redon­ner à la station.
Réalisation JK Production

Une sur­vie incertaine

Faute d’un nou­veau lieu, une grande incer­ti­tude règne donc pour la pro­chaine édi­tion de l’é­vé­ne­ment. Et ce n’est pas seule­ment l’a­ve­nir du fes­ti­val qui est remis en jeu, mais aussi celui des nom­breuses autres acti­vi­tés de l’asso­cia­tion Hadra et, par consé­quent, les emplois. « Tout le monde à joué le jeu [ndlr : y com­pris le nou­vel élu] pour qu’a­vec une jauge comme celle-là nous arri­vions à com­bler les pro­blèmes accu­mu­lés l’an der­nier (150 000 euros de dettes) » recon­naît Clément Bastiat, le pré­sident de l’as­so­cia­tion. Mais celui-ci reste tou­te­fois inquiet : « même si aujourd’­hui c’est une belle réus­site, nous gar­dons bien en tête que notre sur­vie reste pour le moment incer­taine. Si nous ne trou­vons pas de ter­rain pour l’an pro­chain – le fes­ti­val finan­çant les autres acti­vi­tés, notam­ment les salaires à l’an­née – les choses devien­dront vrai­ment beau­coup plus dif­fi­ciles ».
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L’organisation, très com­ba­tive, ne baisse pour autant pas les bras et recherche acti­ve­ment un nou­veau lieu. Des sou­tiens de poids se sont mani­fes­tés pour aider à cette pros­pec­tion. Telle la conseillère régio­nale Farida Boudaoud, vice-pré­si­dente délé­guée à la culture, qui a adressé un cour­rier à tous les élus de la région. Ou bien encore le séna­teur Jacques Chiron, qui a affirmé son sou­tien incon­di­tion­nel, via un com­mu­ni­qué de presse en début de festival.

Pour l’heure, la ques­tion n’est pas réglée. Alors, si vous connais­sez un terrain…

Joël Kermabon

Joël Kermabon

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