Dès la rentrée, les écoles publiques grenobloises adopteront la semaine de quatre jours et demi, avec classe le mercredi matin. Grenoble fait ainsi partie des villes précurseurs dans la mise en place de la réforme des rythmes scolaires. Une décision qui inquiète certains parents d’élèves redoutant que leurs enfants soient les « cobayes » de ce nouveau dispositif.
Des journées d’apprentissage plus courtes, une matinée scolaire supplémentaire le mercredi, le temps périscolaire réorganisé… 2013 est l’année du changement pour les écoliers grenoblois. La Ville de Grenoble a, en effet, choisi d’appliquer la réforme des rythmes scolaires dès le mois de septembre. Née de la volonté du ministre de l’Education nationale Vincent Peillon de refonder l’école, cette mesure marque le premier changement dans le domaine de l’éducation, l’une des priorités du mandat présidentiel de François Hollande.
Toucher à l’un des piliers de la République n’est pas chose aisée. Pourtant, la municipalité grenobloise juge indispensable ce renouveau de l’institution scolaire. « Notre école n’est plus assez performante », affirme ainsi Paul Bron, adjoint à l’éducation à la mairie de Grenoble. À ses yeux, deux aspects sont particulièrement préoccupants. « D’une part, l’école creuse les écarts entre bons et mauvais élèves et, d’autre part, la réussite scolaire est corrélée à la réussite sociale des familles. Mais ce n’est pas une fatalité ! », s’exclame-t-il.
Premier pas de la refondation de l’école, la réforme des rythmes scolaires a d’abord effrayé les parents d’élèves, mobilisés pour repousser sa mise en place. Courant février, des parents de l’école primaire Jean-Jaurès ont ainsi manifesté contre la décision de la mairie. Une pétition pour le report de la mesure a même alors recueilli plus de 300 signatures. Pour l’adjoint à l’éducation, cette réaction défensive n’était pas surprenante. « Ce processus touche les enfants, les enseignants et les parents. Tout le monde s’est braqué parce que la réforme concerne tout le monde », justifie-t-il.
Malgré les résistances et les confrontations, la municipalité n’a pas changé d’avis. Grenoble fera ainsi partie du quart des écoles concernées, dès la rentrée, par ce nouveau rythme scolaire. « Pourquoi repousser alors que nous avions envisagé de le faire dès 2009 ? », interroge Paul Bron. L’implication rapide de la Ville dans la réforme n’est, en effet, pas une surprise. En 2009, l’adjoint à l’éducation avait publié une tribune dans le Monde contestant le retour à la semaine de quatre jours.
Une négociation jugée tardive
« Nous sommes les premiers à avoir réagi : nous avons engagé une concertation avec les 10 000 familles grenobloises pour leur proposer de revenir à une semaine de quatre jours et demi », explique Paul Bron.
Depuis le mois de janvier, un calendrier précis s’est ainsi mis en place pour échanger avec les parents d’élèves, comme l’explique l’adjoint, au micro de Place Gre’net.
Paul Bron se veut pourtant rassurant. Et celui-ci d’expliquer que la réforme des rythmes scolaires entend s’appuyer sur les différents acteurs de l’éducation. « Pour la première fois, un ministère de l’Education nationale l’affirme : l’école ne peut pas tout seule, elle a besoin de ses partenaires », précise-t-il. Les associations de la ville auront ainsi un grand rôle à jouer dans l’application de cette nouvelle mesure. Trois types d’activités seront proposées aux écoliers dans le temps périscolaire : de l’accompagnement scolaire pour les aider dans leurs devoirs, du temps récréactif pour lire ou faire des jeux de stratégie au calme, et des projets éducatifs locaux (PEL), à base d’ateliers. La réforme sera modulable « Nous avons pu faire appel à toutes les énergies locales, même certaines que nous ne soupçonnions pas », se réjouit Paul Bron. « Nous sommes en capacité de proposer pour chaque école des activités différentes, puisque chaque école est un cas particulier », poursuit-il. La réforme sera donc modulable, au cas par cas. De quoi tranquilliser un peu les familles. Pourtant, des appréhensions persistent. « Nous sommes plutôt rassurés pour les classes élémentaires, mais encore inquiets pour les petites et moyennes sections », indique Joanne Antoine, parent d’élève. En effet, les plus petits ne sont pas concernés par ces activités PEL. « Que vont-ils leur faire faire ? » s’interroge-t-elle. « Nous ne sommes pas en mesure de pouvoir proposer des activités à des enfants de tous les âges », reconnaît Paul Bron. Et celui-ci de souligner l” « énorme effort » que représente la généralisation du poste d’agent spécialisé des écoles maternelles (Atsem) dans chaque classe. À Grenoble, 36 Atsem devraient ainsi être embauchés sur trois ans. À la rentrée 2013, les 12 000 écoliers grenoblois verront leur emploi du temps modifié et les parents n’auront pas d’autre choix que de se plier à ces nouveaux rythmes scolaires. À l’heure où le processus de mise en œuvre est enclenché, ceux-ci restent toutefois vigilants. « Nous n’allons pas nous endormir sur nos lauriers », affirme Joanne Antoine, soucieuse du bon déroulement de la réforme. D’autres pensent déjà au plus long terme. « Il faudrait mettre en place un comité de suivi collaboratif dans chaque école » suggère Olivier Bourrion. Les parents d’élève devraient toutefois en savoir plus dès ce lundi, le maire Michel Destot et son adjoint à l’éducation, Paul Bron, devant ce jour-là présenter à la presse la nouvelle organisation du temps périscolaire à Grenoble. Emeline Wuilbercq Pour mieux décrypter cette nouvelle mesure, découvrez notre infographie :
En février dernier, les parents d’élèves de l’école Jean-Jaurès ont manifesté pour le report de la réforme des rythmes scolaires à 2014 ou 2015.
Pour les associations et les élus en charge de l’éducation, juin rime désormais avec « marathon des écoles ». De l’école Jean-Jaurès au groupe scolaire Anthoard-Berriat-Diderot, les réunions entre les associations, la Ville, les enseignants et les parents d’élèves se multiplient. Pourtant, du côté de ces derniers, la négociation avec la mairie est jugée tardive. « Tout arrive à la dernière minute. Il n’y a pas eu suffisamment d’échanges », regrette ainsi Olivier Bourrion, parent délégué des écoles Anthoard et Diderot. « Il ne faut pas confondre réunion d’information et réunion de concertation ». Ainsi, l’incompréhension et le flou sont encore au rendez-vous. « Si même les parents délégués ont du mal à comprendre la réforme, qu’en est-il des parents lambda ? », se demande-t-il. Pour eux, ce changement est d’autant plus angoissant qu’il aura des conséquences sur leur organisation dès la rentrée, du fait de la modification des horaires des enfants.
Paul Bron se veut pourtant rassurant. Et celui-ci d’expliquer que la réforme des rythmes scolaires entend s’appuyer sur les différents acteurs de l’éducation. « Pour la première fois, un ministère de l’Education nationale l’affirme : l’école ne peut pas tout seule, elle a besoin de ses partenaires », précise-t-il. Les associations de la ville auront ainsi un grand rôle à jouer dans l’application de cette nouvelle mesure. Trois types d’activités seront proposées aux écoliers dans le temps périscolaire : de l’accompagnement scolaire pour les aider dans leurs devoirs, du temps récréactif pour lire ou faire des jeux de stratégie au calme, et des projets éducatifs locaux (PEL), à base d’ateliers. La réforme sera modulable « Nous avons pu faire appel à toutes les énergies locales, même certaines que nous ne soupçonnions pas », se réjouit Paul Bron. « Nous sommes en capacité de proposer pour chaque école des activités différentes, puisque chaque école est un cas particulier », poursuit-il. La réforme sera donc modulable, au cas par cas. De quoi tranquilliser un peu les familles. Pourtant, des appréhensions persistent. « Nous sommes plutôt rassurés pour les classes élémentaires, mais encore inquiets pour les petites et moyennes sections », indique Joanne Antoine, parent d’élève. En effet, les plus petits ne sont pas concernés par ces activités PEL. « Que vont-ils leur faire faire ? » s’interroge-t-elle. « Nous ne sommes pas en mesure de pouvoir proposer des activités à des enfants de tous les âges », reconnaît Paul Bron. Et celui-ci de souligner l” « énorme effort » que représente la généralisation du poste d’agent spécialisé des écoles maternelles (Atsem) dans chaque classe. À Grenoble, 36 Atsem devraient ainsi être embauchés sur trois ans. À la rentrée 2013, les 12 000 écoliers grenoblois verront leur emploi du temps modifié et les parents n’auront pas d’autre choix que de se plier à ces nouveaux rythmes scolaires. À l’heure où le processus de mise en œuvre est enclenché, ceux-ci restent toutefois vigilants. « Nous n’allons pas nous endormir sur nos lauriers », affirme Joanne Antoine, soucieuse du bon déroulement de la réforme. D’autres pensent déjà au plus long terme. « Il faudrait mettre en place un comité de suivi collaboratif dans chaque école » suggère Olivier Bourrion. Les parents d’élève devraient toutefois en savoir plus dès ce lundi, le maire Michel Destot et son adjoint à l’éducation, Paul Bron, devant ce jour-là présenter à la presse la nouvelle organisation du temps périscolaire à Grenoble. Emeline Wuilbercq Pour mieux décrypter cette nouvelle mesure, découvrez notre infographie :