Enfants dans une école de Grenoble. © Paul Turenne - placegrenet.fr

Les éco­liers changent de rythme à Grenoble

Les éco­liers changent de rythme à Grenoble

Dès la ren­trée, les écoles publiques gre­no­bloises adop­te­ront la semaine de quatre jours et demi, avec classe le mer­credi matin. Grenoble fait ainsi par­tie des villes pré­cur­seurs dans la mise en place de la réforme des rythmes sco­laires. Une déci­sion qui inquiète cer­tains parents d’é­lèves redou­tant que leurs enfants soient les « cobayes » de ce nou­veau dispositif.

EcoleGrenobleCreditMurielBeaudoing

Des jour­nées d’ap­pren­tis­sage plus courtes, une mati­née sco­laire sup­plé­men­taire le mer­credi, le temps péri­sco­laire réor­ga­nisé… 2013 est l’an­née du chan­ge­ment pour les éco­liers gre­no­blois. La Ville de Grenoble a, en effet, choisi d’ap­pli­quer la réforme des rythmes sco­laires dès le mois de sep­tembre. Née de la volonté du ministre de l’Education natio­nale Vincent Peillon de refon­der l’é­cole, cette mesure marque le pre­mier chan­ge­ment dans le domaine de l’é­du­ca­tion, l’une des prio­ri­tés du man­dat pré­si­den­tiel de François Hollande.
Paul Bron, adjoint à l'éducation à la mairie de Grenoble. Photo Go Citoyenneté

Paul Bron, adjoint à l’é­du­ca­tion à la mai­rie de Grenoble. © Go Citoyenneté

Toucher à l’un des piliers de la République n’est pas chose aisée. Pourtant, la muni­ci­pa­lité gre­no­bloise juge indis­pen­sable ce renou­veau de l’ins­ti­tu­tion sco­laire. « Notre école n’est plus assez per­for­mante », affirme ainsi Paul Bron, adjoint à l’é­du­ca­tion à la mai­rie de Grenoble. À ses yeux, deux aspects sont par­ti­cu­liè­re­ment pré­oc­cu­pants. « D’une part, l’é­cole creuse les écarts entre bons et mau­vais élèves et, d’autre part, la réus­site sco­laire est cor­ré­lée à la réus­site sociale des familles. Mais ce n’est pas une fata­lité ! », s’ex­clame-t-il.
Premier pas de la refon­da­tion de l’é­cole, la réforme des rythmes sco­laires a d’a­bord effrayé les parents d’é­lèves, mobi­li­sés pour repous­ser sa mise en place. Courant février, des parents de l’é­cole pri­maire Jean-Jaurès ont ainsi mani­festé contre la déci­sion de la mai­rie. Une péti­tion pour le report de la mesure a même alors recueilli plus de 300 signa­tures. Pour l’ad­joint à l’é­du­ca­tion, cette réac­tion défen­sive n’é­tait pas sur­pre­nante. « Ce pro­ces­sus touche les enfants, les ensei­gnants et les parents. Tout le monde s’est bra­qué parce que la réforme concerne tout le monde », jus­ti­fie-t-il.
En février dernier, les parents d'élèves de l'école Jean-Jaurès ont manifesté pour le report de la réforme des rythmes scolaires à 2014 ou 2015.

En février der­nier, les parents d’é­lèves de l’é­cole Jean-Jaurès ont mani­festé pour le report de la réforme des rythmes sco­laires à 2014 ou 2015.

Malgré les résis­tances et les confron­ta­tions, la muni­ci­pa­lité n’a pas changé d’a­vis. Grenoble fera ainsi par­tie du quart des écoles concer­nées, dès la ren­trée, par ce nou­veau rythme sco­laire. « Pourquoi repous­ser alors que nous avions envi­sagé de le faire dès 2009 ? », inter­roge Paul Bron. L’implication rapide de la Ville dans la réforme n’est, en effet, pas une sur­prise. En 2009, l’ad­joint à l’é­du­ca­tion avait publié une tri­bune dans le Monde contes­tant le retour à la semaine de quatre jours. 
Une négo­cia­tion jugée tardive
« Nous sommes les pre­miers à avoir réagi : nous avons engagé une concer­ta­tion avec les 10 000 familles gre­no­bloises pour leur pro­po­ser de reve­nir à une semaine de quatre jours et demi », explique Paul Bron.
Depuis le mois de jan­vier, un calen­drier pré­cis s’est ainsi mis en place pour échan­ger avec les parents d’é­lèves, comme l’ex­plique l’ad­joint, au micro de Place Gre’net.

Pour les asso­cia­tions et les élus en charge de l’é­du­ca­tion, juin rime désor­mais avec « mara­thon des écoles ». De l’é­cole Jean-Jaurès au groupe sco­laire Anthoard-Berriat-Diderot, les réunions entre les asso­cia­tions, la Ville, les ensei­gnants et les parents d’é­lèves se mul­ti­plient. Pourtant, du côté de ces der­niers, la négo­cia­tion avec la mai­rie est jugée tar­dive. « Tout arrive à la der­nière minute. Il n’y a pas eu suf­fi­sam­ment d’é­changes », regrette ainsi Olivier Bourrion, parent délé­gué des écoles Anthoard et Diderot. « Il ne faut pas confondre réunion d’in­for­ma­tion et réunion de concer­ta­tion ».
Ainsi, l’in­com­pré­hen­sion et le flou sont encore au ren­dez-vous. « Si même les parents délé­gués ont du mal à com­prendre la réforme, qu’en est-il des parents lambda ? », se demande-t-ilPour eux, ce chan­ge­ment est d’au­tant plus angois­sant qu’il aura des consé­quences sur leur orga­ni­sa­tion dès la ren­trée, du fait de la modi­fi­ca­tion des horaires des enfants.
Réforme des rythmes de l'enfant à Grenoble.

La muni­ci­pa­lité essaie de convaincre les parents de l’in­té­rêt de la réforme.
© Muriel Beaudoing

Paul Bron se veut pour­tant ras­su­rant. Et celui-ci d’ex­pli­quer que la réforme des rythmes sco­laires entend s’ap­puyer sur les dif­fé­rents acteurs de l’é­du­ca­tion. « Pour la pre­mière fois, un minis­tère de l’Education natio­nale l’af­firme : l’é­cole ne peut pas tout seule, elle a besoin de ses par­te­naires », pré­cise-t-il. Les asso­cia­tions de la ville auront ainsi un grand rôle à jouer dans l’ap­pli­ca­tion de cette nou­velle mesure. Trois types d’ac­ti­vi­tés seront pro­po­sées aux éco­liers dans le temps péri­sco­laire : de l’ac­com­pa­gne­ment sco­laire pour les aider dans leurs devoirs, du temps récréac­tif pour lire ou faire des jeux de stra­té­gie au calme, et des pro­jets édu­ca­tifs locaux (PEL), à base d’ateliers.
La réforme sera modulable
« Nous avons pu faire appel à toutes les éner­gies locales, même cer­taines que nous ne soup­çon­nions pas », se réjouit Paul Bron. « Nous sommes en capa­cité de pro­po­ser pour chaque école des acti­vi­tés dif­fé­rentes, puisque chaque école est un cas par­ti­cu­lier », pour­suit-il. La réforme sera donc modu­lable, au cas par cas. De quoi tran­quilli­ser un peu les familles.
Pourtant, des appré­hen­sions per­sistent. « Nous sommes plu­tôt ras­su­rés pour les classes élé­men­taires, mais encore inquiets pour les petites et moyennes sec­tions », indique Joanne Antoine, parent d’é­lève. En effet, les plus petits ne sont pas concer­nés par ces acti­vi­tés PEL. « Que vont-ils leur faire faire ? » s’in­ter­roge-t-elle. « Nous ne sommes pas en mesure de pou­voir pro­po­ser des acti­vi­tés à des enfants de tous les âges », recon­naît Paul Bron. Et celui-ci de sou­li­gner l” « énorme effort » que repré­sente la géné­ra­li­sa­tion du poste d’agent spé­cia­lisé des écoles mater­nelles (Atsem) dans chaque classe. À Grenoble, 36 Atsem devraient ainsi être embau­chés sur trois ans.

Façade d'école à Grenoble. © Muriel Beaudoing

Façade de l’é­cole Jean-Jaurès, à Grenoble.
© Muriel Beaudoing

À la ren­trée 2013, les 12 000 éco­liers gre­no­blois ver­ront leur emploi du temps modi­fié et les parents n’au­ront pas d’autre choix que de se plier à ces nou­veaux rythmes sco­laires. À l’heure où le pro­ces­sus de mise en œuvre est enclen­ché, ceux-ci res­tent tou­te­fois vigi­lants. « Nous n’al­lons pas nous endor­mir sur nos lau­riers », affirme Joanne Antoine, sou­cieuse du bon dérou­le­ment de la réforme. D’autres pensent déjà au plus long terme. « Il fau­drait mettre en place un comité de suivi col­la­bo­ra­tif dans chaque école » sug­gère Olivier Bourrion.
Les parents d’é­lève devraient tou­te­fois en savoir plus dès ce lundi, le maire Michel Destot et son adjoint à l’é­du­ca­tion, Paul Bron, devant ce jour-là pré­sen­ter à la presse la nou­velle orga­ni­sa­tion du temps péri­sco­laire à Grenoble.
Emeline Wuilbercq 
Pour mieux décryp­ter cette nou­velle mesure, décou­vrez notre infographie :
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