FOCUS – François Brottes, député de la 5e circonscription de l’Isère, a été proposé, le 23 juillet dernier, au poste de président du directoire de RTE (Réseau de transport d’électricité). Une nomination qui suscite de nombreuses réactions dans la sphère politique locale.
François Brottes prendra bientôt la tête du directoire de RTE (Réseau de transport d’électricité). L’annonce, le 23 juillet dernier, de la nomination du député socialiste de la 5e circonscription de l’Isère, au sein de la filiale d’EDF, en charge du transport de l’électricité a fait grand bruit. Cette prise de fonction proposée par le conseil de surveillance de RTE s’est faite en accord avec la ministre de l’Écologie Ségolène Royal et, a fortiori, le gouvernement.
Âgé de 59 ans, François Brottes succèdera ainsi à Dominique Maillard, qui a atteint la limite d’âge fixée par les statuts de l’entreprise pour exercer un nouveau mandat.
Un spécialiste de l’énergie
Actuellement président de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, François Brottes a démarré sa carrière professionnelle comme journaliste avant d’occuper un mandat de conseiller régional de Rhône-Alpes de 1992 à 1998. Il a ensuite été maire de Crolles de 2005 à 2014.
Spécialiste des questions d’énergie, il a présidé la Commission spéciale pour l’examen du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte de l’Assemblée nationale. C’est à ce titre qu’il a contribué à l’élaboration de la loi énergétique visant à préparer la transition vers un système énergétique sobre. Ce proche du gouvernement et des hautes sphères de l’État a été chargé, en février dernier, par le Premier ministre Manuel Valls d’élaborer un rapport sur la sécurité de l’approvisionnement électrique en France et en Europe.
Des réactions de toute part
A l’annonce de cette nomination, les réactions ne se sont pas fait attendre du côté des politiques locaux. Enthousiaste, Geneviève Fioraso, ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, n’a ainsi pas manqué de féliciter François Brottes. « Les compétences qu’il a acquises dans le domaine de l’énergie en ont fait un expert reconnu dans ce domaine stratégique pour l’environnement, l’économie et la solidarité, a réagi la députée de la 1re circonscription de l’Isère dans un communiqué. Je suis convaincue qu’il accompagnera efficacement la transition énergétique voulue par le Président de la République et le gouvernement, tout en favorisant un juste accès à l’énergie pour tous les usagers ».
A droite, en revanche, les critiques sont sévères. Thierry Kovacs, maire de Vienne et vice-président des Républicains de l’Isère, estime ainsi que « la nomination de François Brottes est condamnable à plusieurs titres ». L’élu isérois pointe notamment du doigt l’absence d’organisation d’élection législative partielle. En vertu de la loi du 13 janvier 2009, son siège de député pourrait être automatiquement repris par son suppléant Pierre Ribeaud.
Sur le site internet des Républicains de l’Isère, Thierry Kovacs dénonce une « manœuvre » et un « montage sophistiqué qui en dit long sur la confiance du pouvoir dans son bilan ». Il estime également que la « question du conflit d’intérêts se pose pour le président d’une commission parlementaire qui avait autorité sur la société dont il deviendrait président. Il s’agit là d’un manquement évident à toute déontologie ».
Côté écologistes, Pierre Mériaux s’est lui aussi montré critique. Sur Twitter, le conseiller municipal de Grenoble en charge du tourisme et de la montagne, estime que « François Brottes entache sa fin de carrière et le PS avec lui. Le lobby électronucléaire idem ».
Une rémunération qui fait débat
Du reste, un autre sujet fait débat : celui du montant de la rémunération du futur président du directoire de RTE. François Brottes pourrait ainsi, selon le JDD, toucher un salaire fixe de 22 000 euros par mois et percevoir un variable plafonnée à 132 000 euros par an. Une rémunération indécente selon Thierry Kovacs, qui estime « que le président de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale qui a accompagné une politique nationale – laquelle a produit 600 000 chômeurs supplémentaires, une dette prévue de 97 % du PIB en 2015 et un record d’Europe des prélèvements obligatoires –, se mette confortablement aux abris pour échapper à la sanction populaire est profondément choquant ».
Si François Brottes devrait prendre ses nouvelles fonctions le 1er septembre prochain, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) doit encore se prononcer sur le caractère déontologique de cette nomination. Elle doit notamment s’assurer qu’elle ne représente pas de conflit d’intérêts. Une fois en poste, le député socialiste proposera au conseil de surveillance de RTE un nouveau directoire pour les cinq prochaines années.
Maïlys Medjadj