FOCUS – La consultation publique sur les dates d’ouverture de la chasse a entraîné une forte participation selon le document de synthèse provisoire de la préfecture de l’Isère… Et une forte opposition à l’extension de la chasse aux trois mois d’été. Des avis qui n’ont pas empêché les services de l’État de décider de l’ouverture de la chasse dès le 1er juillet, avant même la mise en ligne du document de synthèse définitif.
Les avis du grand public seraient-ils traités comme quantité négligeable ? La préfecture de l’Isère qui vient de décider d’ouvrir la chasse dès le 1er juillet, et non au mois de septembre comme de coutume, semble en effet n’avoir guère tenu compte de la consultation publique sur ce projet.
Si la synthèse de cette consultation, ouverte du 22 avril au 26 mai dernier, n’a pas encore été mise en ligne, le document provisoire qu’a pu se procurer Place Gre’net indique en tout cas qu’une immense majorité d’avis était hostile à cette ouverture anticipée.
Les modalités de la consultation publique ? Les citoyens étaient invités à faire parvenir un courriel au service Faune sauvage de la Direction départementale des territoires de l’Isère, ou un courrier postal au service Environnement de cette même DDT. Aucun accusé de réception n’étant délivré après envoi de son avis, difficile toutefois pour les personnes de savoir si leur message avait bien été réceptionné et pris en compte.
Près de 95 % des avis opposés à l’ouverture de la chasse en été
Le mode de consultation avait donc de quoi rebuter les bonnes volontés, et pourtant le succès a été au rendez-vous : pas moins de 800 avis ont été reçus dans les délais, et 38 autres hors-délais et donc non pris en compte. Si comparaison n’est pas raison, les enjeux n’étant pas toujours les mêmes, les consultations publiques similaires menées dans d’autres départements montrent des chiffres bien différents : 31 avis recueillis en Haute-Saône, 23 dans l’Oise ou 11 pour la Haute-Garonne.
Bilan des 800 avis en question ? « 758 avis défavorables à la pratique de la chasse durant les trois mois d’été », soit près de 95 % des avis, dénombrent les services de la préfecture. 116 personnes réclament également « un jour de non chasse le week-end » et 25 se prononcent « contre la chasse d’une façon générale ». Le projet de la préfecture a‑t-il fait l’unanimité contre lui ? Pas totalement : un seul avis exprimé lui est en effet favorable.
Face aux opinions opposées à la chasse par principe, la réponse préfectorale est sans appel : « Compte tenu de la réglementation française, ces avis n’appellent pas de réponse », écrivent ses services. Position relativement similaire concernant les personnes qui réclament des jours de non chasse supplémentaires : « Monsieur le préfet n’a pas la possibilité de supprimer un jour de chasse pour des raisons de sécurité ou de partage de l’espace », écrit la préfecture. Tout en indiquant que « les sociétés de chasse mettent localement en place des mesures en faveur de la cohabitation ».
La sécurité des promeneurs au cœur des inquiétudes
Quid des avis opposés à l’ouverture de la chasse durant les trois mois d’été ? Ceux-ci le sont en majorité pour des questions de sécurité, mais aussi par crainte d’un effet nuisible sur l’activité touristique. Les services de l’État citent ainsi plusieurs témoignages. « La forêt n’appartient pas aux chasseurs ! », s’agace un internaute, tandis qu’une « professionnelle du tourisme d’extérieur » dit ne pas souhaiter « avoir la peur au ventre de la période de chasse également en été ».
Face à ces inquiétudes, la préfecture rappelle la mise en place d’un « groupe technique sur le sujet de la sécurité à la chasse », composé de différentes institutions et d’associations de chasseurs comme d’usagers de la nature. Le groupe avait été constitué après la mort d’un jeune promeneur de 20 ans sur le territoire de la commune de Revel, tué d’une balle en plein thorax par un homme pratiquant la chasse au chevreuil.
Après s’être réuni à six reprises, la dernière réunion datant du 30 mars 2018, le groupe technique a notamment désigné des « sites pilotes » où doivent être menées des actions favorisant « une meilleure cohabitation entre tous les utilisateurs des espaces naturels ».
Assurées par le Conseil départemental de l’Isère, ces actions comprennent ainsi, sur le secteur du Bois français, le développement d’une application mobile par la Fédération départementale des chasseurs de l’Isère (FDCI)… et la mise en place d’un nouveau panneau « Chasse en cours ».
Priorité aux dégâts sur les cultures agricoles
Dans tous les cas, la préfecture rappelle « l’augmentation considérable des dégâts occasionnés par les sangliers sur les cultures agricoles » et, donc, la nécessité des chasses en battue. Les services de l’État précisent encore que la chasse au sanglier est d’ores et déjà autorisée, « du 1er juin au 14 août à l’approche ou à l’affût sur autorisations individuelles accordées régulièrement depuis de nombreuses années ».
Et la préfecture se veut optimiste en concluant : « À ce jour, aucun incident n’a été signalé entre chasseurs et non chasseurs entre le 1er juin et la date d’ouverture générale ».