TROIS QUESTIONS À – Président du Grenoble Tennis, Christian Gaudin a présenté mardi 30 janvier les grandes lignes du 8e Engie Open de l’Isère au conseil départemental. Ce tournoi féminin international, avec une dotation de 25 000 dollars, aura lieu du 3 au 11 février à la halle de tennis de Grenoble. L’épreuve est devenue un rendez-vous important bien que, cette année, sa place dans le calendrier ne soit pas idéale.
L’Engie Open de l’Isère est-il la vitrine du Grenoble Tennis ? Et en quoi est-ce un handicap pour vous qu’il soit décalé d’une semaine cette année ?
Christian Gaudin : C’est une vitrine, comme l’est aussi le Trophée de la Ville de Grenoble [du 13 janvier au 11 février, ndlr]. Nous sommes le seul club en Dauphiné-Savoie à pouvoir présenter au public des tableaux de cette qualité [au niveau des engagé(e)s]. Plus de cent bénévoles sont mobilisés.
Pendant toute l’année, nous luttons contre les autres clubs. Ce qui est magnifique, c’est que pendant cet événement il y a un moment de communion avec eux. Il n’y a pas que des personnes du Grenoble Tennis qui viennent nous aider. Nous voyons énormément de présidents et de joueurs d’autres clubs passer.
C’est un handicap d’avoir dû modifier les dates, dans la mesure où nous aurions eu un meilleur tableau féminin. Nous tombions nez à nez avec la Coupe Davis [compétition par équipes chez les hommes, à Albertville du 2 au 4 février, ndlr]. Ce n’était pas très bon pour nous en matière de couverture médiatique.
« Nous aurons malgré tout un tableau très intéressant »
Nous avons demandé à l’ITF, la Fédération internationale de tennis, de modifier ces dates. Elle nous a proposé deux choix : soit du 3 au 11 février, soit du 11 au 18. La semaine du 11 au 18 tombe pendant les vacances scolaires. Beaucoup de gens partent, donc nous risquions d’avoir un public moins important. Nous avons dû choisir du 3 au 11.
C’est un frein parce que cette semaine-là correspond à un premier tour de Fed Cup [l’équivalent de la Coupe Davis chez les femmes]. Il y avait des filles dans les cent premières mondiales qui devaient être présentes pour l’Engie Open de l’Isère mais qui, jouant pour leur pays, ne peuvent pas venir.
Nous aurons malgré tout un tableau très, très intéressant. Il correspond à un 50 000 dollars pendant la période estivale. La mieux classée, la Luxembourgeoise Mandy Minella, occupe la 151e place mondiale. L’Ukrainienne Katarina Zavatska, qui n’a pas encore 18 ans, grimpera les échelons comme Marketa Vondrousova qui a gagné l’année dernière. 400e à l’époque, elle est aujourd’hui 56e.
Beaucoup de Françaises seront présentes dont Amandine Hesse. Nous aurons aussi la Suissesse Amra Sadikovic qui est licenciée au Grenoble Tennis. Il faut également se souvenir que des grandes championnes comme Karolina Pliskova, ex-numéro une mondiale, Marion Bartoli ou Caroline Garcia ont fait leurs armes, plus jeunes, sur l’Open de l’Isère.
Le tournoi franchit-il une marche cette année ? Quelles sont les nouveautés ?
Christian Gaudin : Nous commençons à gagner en notoriété. J’espère qu’il y aura de plus en plus de monde pour assister aux matches. Je pense que ce sera plein pour les finales, comme l’année dernière. 700 personnes y avaient assisté. C’était du jamais-vu au Grenoble Tennis.
Nous avons une contrainte cette année que nous impose l’ITF : la sécurité. Par rapport aux attentats, nous avons été obligés de mettre en place un système pour filtrer et fouiller le public. Nous sommes obligés de prendre une société de sécurité. Cela a un coût supplémentaire de 15 000 euros. C’est un gros problème sur le plan financier.
Une autre problématique importante est en train de se développer : celle des paris en ligne. L’ITF nous a fait savoir que dans des tournois précédents des jeunes filles avaient été menacées de mort pour perdre de manière à faire gagner les parieurs. Nous avons ces deux problèmes à régler que nous traitons en partenariat avec la police municipale, la police nationale, les pompiers et la préfecture.
« Parmi les animations, il y aura tout ce que nous faisons autour du sport-santé »
En matière d’animations, il y en a un peu plus cette année, avec des nouveautés. Notamment tout ce que nous faisons avec le Département de l’Isère autour du sport-santé [pour permettre aux Isérois, aux jeunes notamment, de découvrir des sports de pleine nature grâce à la réalité virtuelle et ainsi les inciter à avoir une activité physique, ndlr].
C’est une politique qui a été prise à bras le corps par le CDOS [Comité départemental olympique et sportif, ndlr] et le conseil départemental. Nous nous sommes aperçus que le sport permettait à certaines personnes d’avoir jusqu’à une rémission complète. Il y a 46 % de succès pour les cancers du sein pour celles qui font du sport. Nous avons également des animations pour les gens qui ont du diabète ou qui sont en surpoids, parfois encadrés par des médecins.
Nous avons eu plus de difficultés que d’autres sports comme la marche ou la natation. Certains regardaient Roland-Garros et pensaient que le tennis n’était pas fait pour eux, alors que la possibilité existe d’avoir des activités tennis pour des débutants très ludiques.
Vous êtes président du Grenoble Tennis depuis dix-sept ans. Avez-vous toujours le même enthousiasme pour la petite balle jaune ?
Christian Gaudin : J’ai fait beaucoup d’athlétisme et de hand. J’ai commencé le tennis très, très tard, à 40 ans. J’étais déjà au club. Alors que je m’étais occupé du tournoi en 2000, le maire de Grenoble de l’époque [Michel Destot, ndlr] et son adjoint aux Sports Yves Brouzet m’avaient demandé de les aider car le club était mal en point. Quand je l’ai repris, il y avait un trou de 400 000 francs sur un budget d’1,6 million. 17 ans plus tard, je suis toujours là.
J’ai toujours la foi mais je pense qu’il est temps de laisser la place. Nous avons eu un rajeunissement au niveau du comité directeur. Il y a des personnes qui sont prêtes dans un avenir plus ou moins proche [à prendre la suite].
Au début, je resterai encore au comité directeur. Il faut vraiment faire très attention. Un club peut très bien tomber de Charybde en Scylla d’une année à l’autre.
J’ai des envies de faire autre chose – c’est un temps plein, je suis tous les jours au club – mais, sans prétention, je ne peux pas laisser tomber, dégrader ce que nous avons construit avec d’autres.
Propos recueillis par Laurent Genin