FOCUS – Une centaine de personnes se sont rassemblées devant le bureau de poste Championnet à Grenoble, samedi 21 avril au matin. Objectif ? S’opposer une nouvelle fois à sa fermeture imminente, et dénoncer un « passage en force » de la direction de La Poste, qui annonce clore les portes du bureau malgré l’absence de relais postal de substitution.
« C’est tout un quartier qui se lève pour la défense de son bureau de poste ! », salue François Auguste, responsable du collectif J’aime ma Poste à Grenoble. Tout un quartier peut-être pas, mais la mobilisation devant le bureau de poste Championnet de Grenoble a en effet été remarquable, samedi 21 avril au matin. En ce dernier week-end de vacances scolaires, une centaine de personnes sont venues dire non à la fermeture du bureau, annoncée pour le 4 juin 2018.
Objectif du rendez-vous : manifester une fois encore leur refus de voir disparaître le bureau de poste du quartier, mais aussi celui de Grand’Place dont la fermeture est, elle, prévue pour le 29 mai. Au-delà de la seule question du bureau Championnet, c’est bien la défense d’un service public de proximité qui est en jeu pour les manifestants. Voire du service public tout court. Le cégétiste Marc Rieu voit d’ailleurs dans cette évolution de La Poste une raison de soutenir l’actuel mouvement social au sein de la SNCF.
« On se battra jusqu’au bout »
Le bureau de poste Championnet peut-il encore être sauvé ? « Ça va être difficile », reconnaît François Auguste, qui décrit un « passage en force » de la direction. Faute d’accord avec un commerçant, le bureau va en effet fermer sans la mise en place d’un relais postal. De quoi permettre un recours en contentieux, comme l’évoquent certains ? Non. « L’obligation d’avoir le même nombre de points de contacts est à l’échelle départementale », explique le responsable du collectif J’aime ma Poste.
Une chose est certaine : la mobilisation reste de mise. « On se battra jusqu’au bout, jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière heure ! », clame-t-on parmi les manifestants. François Auguste plaide pour une « action spectaculaire ». Par exemple, l’occupation de locaux pour se faire une nouvelle fois entendre. Tout en demandant la mise en place d’une enquête d’usage, que certains membres du collectif envisagent par ailleurs de réaliser eux-mêmes, peu confiants vis-à-vis de la direction de La Poste.
La Ville et ses élus mobilisés
Les organisateurs ont pu aussi compter sur la présence d’élus à l’occasion de ce rassemblement. Dans la petite foule, apparaissaient ainsi plusieurs visages de la majorité grenobloise : Antoine Back, Bernard Macret, Emmanuel Carroz ou Olivier Bertrand.
L’adjoint de Grenoble en charge de la Démocratie locale Pascal Clouaire a par ailleurs pris la parole… sous les yeux du maire de Grenoble Éric Piolle en personne.
Pour Pascal Clouaire, pas question de laisser fermer le bureau sans relais postal de substitution. « C’est une exigence minimale, la Ville va reprendre très rapidement contact avec la direction de La Poste pour indiquer ce point », nous confie-t-il.
Et l’élu d’espérer surtout un dialogue pour imaginer les « usages complémentaires » qui permettraient au bureau de poste de rester sur la place. « Nous pensons qu’il peut avoir vocation à être transformé », plaide-t-il.
Un quartier stratégique pour la municipalité
La question n’est pas anodine pour la municipalité : le quartier Championnet pèse lourd dans sa stratégie urbaine. « Ce cœur de quartier a besoin d’un relais postal, parce qu’il fera partie à l’avenir du grand plateau qui va relier la Caserne de Bonne aux quais ! », décrit ainsi Pascal Clouaire. Mais l’adjoint de Grenoble n’oublie pas que l’inquiétude face aux fermetures de bureaux concerne l’ensemble de la Métropole, en particulier les petites communes, et plus largement le « territoire national ».
Fermeture évitable ou pas ? « La mobilisation des commerçants et des habitants permet d’entretenir l’espoir », estime pour sa part Éric Piolle. Une mobilisation qu’il appelle à traduire également dans les usages. « Il y a aussi la responsabilité de chacun, estime-t-il. C’est comme un commerce que l’on veut voir maintenir dans son quartier : si personne n’y va et que l’on est juste content de passer devant, ça ne marchera pas ! »