FOCUS – Lancée pour trois semaines depuis ce lundi 21 mars, la sixième édition du festival Détours de Babel explore sous différentes esthétiques le thème de l’alter ego, « les musiques de l’autre ». Un fil rouge pour une programmation riche et diversifiée au service de la découverte des musiques du monde, contemporaines, actuelles ou en devenir. Tour d’horizon d’un festival pas comme les autres.
Le printemps vient tout juste de s’installer, accompagné, tout comme chaque année depuis six ans, par le festival des Détours de Babel organisé par le Centre international des musiques nomades (CIMN).
Depuis lundi et pour trois semaines, Benoît Thiebergien, le directeur du festival, aidé de ses partenaires, invite le public à découvrir les propositions musicales, souvent audacieuses, d’un festival vraiment pas comme les autres.
Événement au long cours, tentaculaire par son étendue et multiforme, Les Détours de Babel proposent jusqu’au 9 avril quelque 160 spectacles ou rendez-vous « libres et nomades », dont près de quatre-vingt concerts. Le tout réparti dans plus de cinquante lieux. Pour autant, les communes rurales ne sont pas laissées pour compte : des spectacles se dérouleront dans des petites localités du département.
« Alter ego », les musiques de l’autre
Poser des questions qui entrent en résonance avec des questions de société, c’est aussi, tout autant que la musique, dans l’ADN des Détours de Babel. Après avoir abordé la question de l’exil lors de sa cinquième édition, le festival creusera cette année le sillon de “l’autre”. L’alter ego, les musiques de l’autre, le rapport à l’autre… Une leçon d’altérité en guise de fil rouge « pour mettre en avant la différence culturelle comme un enrichissement plutôt qu’une menace ».
En quoi, outre sa programmation originale et parfois déroutante, ce festival se distingue-t-il des autres événements culturels grenoblois ?
Tout d’abord par sa durée ; ensuite par son ubiquité. Le festival conjugue en effet différents formats de spectacles, tout en investissant une multiplicité de lieux, souvent patrimoniaux.
Des concerts en salle, bien sûr, mais aussi les fameux “brunchs”* au Musée dauphinois, les salons de musique à la Maison de l’international, les bals, des concerts de proximité dans des hôpitaux, des centres sociaux ou encore des bibliothèques. Ajoutez à cela de très nombreuses actions culturelles : stages, ateliers, conférences, projections, rencontres professionnelles et autres master class.
Des recettes éprouvées au fil des éditions, certes, mais aussi des nouveautés. Les dernières nées ? Une “nocturne pascale”, qui se déroulera du dimanche 27 mars au soir jusqu’au lundi de Pâques au matin, et un petit format, un “spectacle de comptoir”, Freaks, qui sera joué dans plusieurs bars de Grenoble et au Prunier sauvage.
« Nous ne défendons pas un genre, une esthétique… »
Justement, qu’en est-il de la programmation de cette sixième édition ? La seule consultation du programme donne le tournis. Entre le jazz, les musiques du monde, les musiques contemporaines et actuelles, les musiques en devenir, le choix est vaste… et il est surtout bien difficile de se décider.
Le truc ? Ne pas chercher à catégoriser, écouter sa curiosité, ne pas avoir peur de la découverte et partir en explorateur. Il y a toujours quelques pépites cachées au cœur de toutes les esthétiques proposées par le festival. À vous de les dénicher…
Cependant, point d’élitisme. « Nous ne défendons pas un genre, une esthétique. Nous nous situons plutôt dans une dynamique transversale à travers trois priorités : les musiques dites du monde, improvisées et contemporaines », explique Benoît Thiebergien.
Défricher ? Découvrir ? Le directeur du festival confirme : « Ce qui nous intéresse c’est plutôt de voir ce qui se passe entre ces genres-là, qu’est-ce qui s’invente aujourd’hui, qu’est-ce qui se tricote, qu’est-ce qui s’imagine. »
Toujours est-il que nous avons eu quelques coups de cœur que nous espérons prémonitoires, sans pour autant présumer de la qualité des autres spectacles.
Notamment pour le “docu-fiction” Farinelli XXIe sexe, construit autour du castrat légendaire. Ou bien encore pour 47 autobiographies, conférence délirante de Jacques Rebotier, un « ovni dans le monde de la musique contemporaine et de la littérature », selon Benoît Thiebergien.
Nous avons été également séduits par Yatra, un périple musical et chorégraphique entre flamenco, hip-hop et tradition du Rajasthan.
Autant de détours « babeliens », somme toute caractéristiques d’un festival où se croisent les expressions culturelles du monde entier, où l’alchimie des différences nourrit le plaisir des sens pour qui sait les recevoir et les accepter.
Joël Kermabon
* Brunch : durant une journée, concerts, spectacles, performances, installations artistiques se répartissent dans différents espaces du musée. Une manière de proposer un cheminement libre des parcours musicaux ainsi proposés.
Pour en savoir plus :
Découvrez toute la programmation du festival sur le site des Détours de Babel.