DÉCRYPTAGE – Pour le quatrième épisode de ce dossier sur l’Islam dans l’agglomération grenobloise, Place Gre’net s’est intéressé au domaine de l’éducation, avec les écoles privées musulmanes. Ouverte en 2001 à Grenoble, La Plume a été la première de ce type en France métropolitaine. Elle a été suivie par l’école Philippe Grenier, ouverte en 2016 à Échirolles, et une autre est dans les tuyaux à Voiron. Leur enseignement est-il différent de celui de l’école publique ? Pourquoi ces écoles attirent-elles tant d’élèves ? Quels contrôles sont exercés ? Et quid de leur financement ?
École La Plume © Florian Espalieu – Place Gre’net
En ce matin d’été indien devant l’école La Plume, avenue du général Mangin à Grenoble, parents et enfants attendent avec des cartables et de grands sacs d’affaires de rechange. La joie de retrouver leurs camarades de classe pour certains, les pleurs pour d’autres.
Une école comme les autres ? Pas tout à fait : La Plume est une école privée musulmane, la première ouverte en France métropolitaine en 2001*. Elle accueille cette année 50 élèves dans ses trois classes de maternelle et 69 dans les six de primaire. Un nombre d’élèves qui progresse tous les ans, comme dans l’ensemble des établissements privés hors contrat (voir encart ci-dessous).
Elle a été rejointe en 2016 par une autre école privée musulmane de l’agglomération, Philippe Grenier, du nom d’un médecin et homme politique français, premier député musulman de l’histoire de France. Choix qu’elle explique d’ailleurs sur son site. Cette école accueille à Échirolles 108 élèves dans huit classes : trois de maternelle et cinq de primaire**.
De faibles effectifs plébiscités par les parents
La plupart des parents ont choisi l’école La Plume en raison des faibles effectifs dans les classes. « À l’école du Rondeau, ils sont trente ! », s’emporte ce père de famille, tout en surveillant les enfants à la fenêtre. « Ici, ils sont moins de quinze… Le calcul est vite fait ! »
L’apprentissage de l’arabe est également plébiscité. « À la maison, nous ne parlons que français », explique un couple mixte qui accompagne son fils de 5 ans. « S’il n’apprend pas l’arabe à l’école, il risque de perdre une partie de cette double culture qui est pourtant une richesse. » La mère, qui n’est pas musulmane, reconnaît avoir eu quelques craintes, notamment relatives au communautarisme.
« Mais celles-ci se sont vite dissipées après discussion avec la directrice. La religion est accessoire », estime-t-elle. Au contraire, pour d’autres, l’apprentissage du Coran à l’école est « un plus ».
Livre religieux pour enfant au centre culturel musulman de Grenoble. © Florian Espalieu – Place Gre’net
Et la question religieuse, si elle n’est pas prépondérante, reste bien présente. Dans la tenue vestimentaire, déjà, même si les parents n’affichent pas tous de signes ostensibles.
Ainsi, près d’une mère sur deux cache ses cheveux derrière un foulard. Et l’une d’elle porte gants et niqab, un voile couvrant intégralement le visage et ne laissant apparaître que les yeux. Une tenue pourtant contraire à la loi depuis 2010.
Le personnel de l’école, exclusivement féminin, porte quant à lui le voile, même si certaines enseignantes tendent à l’enlever quand elles sont uniquement en présence des enfants. Parmi les élèves, deux fillettes d’une dizaine d’années ont également les cheveux couverts.
Des journées plus chargées qu’à l’école publique
Dans les programmes, l’“éveil à la foi” se fait une demi-heure le matin et une demi-heure l’après-midi, quatre jours par semaine. « Ce temps est consacré à l’apprentissage du livre saint et, pour les élèves de primaire, à l’explication de versets », détaille Stéphanie Verscheure, directrice de l’établissement. Non sans rappeler que « cet exercice permet aussi de faire travailler la mémoire ».
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