FOCUS – Le festival Regards croisés quitte le Théâtre 145 pour s’installer rue Très-Cloîtres, au Nouveau Théâtre Sainte-Marie‑d’en-Bas. Le principe reste néanmoins le même : la lecture, gratuite, du 17 au 22 mai, d’une dizaine de textes dramatiques contemporains, sélectionnés avec soin par les vingt-quatre membres du collectif Troisième bureau aux manettes de l’évènement. Son coordinateur artistique, le comédien Bernard Garnier, nous en dit davantage.
Le collectif Troisième bureau organise, du 17 au 22 mai 2017, la dix-septième édition de son festival Regards croisés, dédié aux nouvelles écritures théâtrales.
« Il y a une singularité française : les textes de théâtre sont plus facilement édités que joués. Pour nous, la mise au plateau est la vocation première d’un texte de théâtre », revendique Bernard Garnier, le coordinateur artistique de Troisième bureau. Pour autant, ce ne sont pas des textes mis en scène que le festival programme mais des textes lus. Un premier pas pour faire entendre des textes dramatiques, inédits pour la plupart, et pourquoi pas inciter des metteurs en scène à s’en emparer.
« Chaque année, ce sont plus de mille textes francophones qui sont écrits. Pour faire notre sélection d’une dizaine de texte, lus pendant le festival, nous en lisons une centaine », précise le coordinateur artistique. À ses côtés, ils sont une vingtaine à se partager ces lectures. Le collectif est composé de comédiens et auteurs dramatiques, de différents professionnels culturels (bibliothécaire, chargé de médiation…) et de professeurs d’université, qui travaillent avec leurs étudiants sur les textes de la programmation.
Le festival Regards croisés déménage
Depuis dix ans, le festival prenait place au Théâtre 145. L’évènement a donc connu les deux gestions respectives des Barbarins fourchus et du Tricycle, collectif d’artistes dont certains membres font d’ailleurs également partie de Troisième bureau. Le partenariat en était donc tout particulièrement facilité.
« Avec le Tricycle, nous n’étions pas simplement hébergés, il y avait un vrai travail de collaboration autour des écritures théâtrales contemporaines. Depuis la municipalisation du Théâtre 145 et du Théâtre de poche à l’automne 2015, on s’est vraiment demandé quel sens ça avait pour nous de continuer à faire le festival là-bas. On n’a pas réussi à savoir quel était le projet qui allait être porté par le Théâtre municipal de Grenoble – puisque c’est lui qui reprend finalement la direction des deux lieux », regrette Bernard Garnier.
Leur quête d’un nouveau lieu pour accueillir le festival a fini par rencontrer le projet qu’Antonio Placer met actuellement en place dans le Nouveau Théâtre Sainte-Marie‑d’en-Bas, dont il assure la direction depuis septembre 2015. « On a trouvé intéressant de se mêler à un projet qui est en train de se construire. On peut apporter notre contribution modeste en amenant un nouveau public dans le lieu [au 38 rue Très-Cloîtres à Grenoble, ndlr]. »
Les habitués regretteront peut-être de voir s’envoler une part de l’identité du festival Regards croisés, à savoir la configuration habituelle de ses lectures, autour d’une grande table. Le dispositif sera ici plus “classique” dans son rapport frontal entre la scène et le public. Les caractéristiques essentielles de l’évènement demeurent néanmoins : la gratuité de chacune des lectures, la rencontre avec des auteurs bien vivants, le travail effectué en amont auprès des scolaires, la qualité des textes sélectionnés et celle de l’interprétation des comédiens de Troisième bureau, toujours impeccable.
« Être ou ne pas être à sa place »
Quels critères président à la sélection de la dizaine de textes interprétés prioritairement par les comédiens faisant partie du collectif Troisième bureau ? Bernard Garnier évoque la nécessité de diversité, représentative des écritures dramatiques contemporaines. Côté forme, la qualité de la construction et de l’écriture est évidemment capitale, de même que l’est, côté fond, la force du propos. « Même si une pièce peut aborder des questions particulières comme les problèmes de couple, on attend du théâtre que sa portée soit plus générale, qu’elle touche vraiment des questions de société », explique-t-il.
Les thématiques des textes suivent d’ailleurs un fil rouge : « être ou ne pas être à sa place ». Lequel peut aussi bien renvoyer aux problématiques migratoires qu’à la place que chacun occupe dans la société.
Adèle Duminy
Infos pratiques
Festival Regards croisés
Du 17 au 22 mai 2017
Au Nouveau Théâtre Sainte-Marie‑d’en-Bas
38 rue Très-Cloîtres à Grenoble
Lectures en scènes – Gratuit
Chaque soir, la lecture intégrale de l’une des pièces des autrices et auteurs invité-e‑s – Thierry Beucher, Pascal Brullemans, Marie Dilasser, Zinnie Harris, Marilyn Mattei, Evan Placey, Ferdinand Schmalz – est réalisée par les comédiens du collectif et les comédiens et metteurs en scènes participants, en présence des auteurs et des traducteurs.
À l’issue des lectures, une rencontre avec l’auteur a lieu, en présence du traducteur pour les textes non francophones. La lecture est un outil formidable pour donner « à entendre » un texte. C’est une première étape de découverte collective d’un texte avant son passage au plateau.